Le Bolchévik nº 191

Mars 2010

 

Pour une médecine scientifique, gratuite et de qualité pour tous !

La destruction du système de santé et le fiasco de la vaccination H1N1

4 mars – Un an après son apparition en avril 2009 au Mexique, la pandémie de grippe H1N1 a touché plus de 200 pays. Les derniers bilans épidémiologiques disponibles révèlent que ce nouveau virus, issu d’une recombinaison d’un virus humain de type A avec des gènes appartenant à des virus grippaux animaux (raison pour laquelle il a été appelé « grippe porcine »), est devenu, au niveau mondial comme en France, le virus grippal le plus commun, loin devant les virus « saisonniers ». Ces mêmes bilans recensaient au niveau mondial, fin janvier, au moins 14 711 décès directement attribuables au virus H1N1, dont 275 en France (fin février le chiffre était monté à près de 300). Il faut ajouter que ces chiffres sont nécessairement très inférieurs à la réalité (notamment dans les pays les plus pauvres), et qu’ils ne résument pas à eux seuls la pandémie – rien qu’en France, plus de 1 200 personnes au total ont ainsi été hospitalisées pour des complications graves.

Même si le taux de mortalité parmi les malades est pour l’instant faible, la grippe H1N1 constitue toujours une réelle menace pour la santé publique, au niveau mondial. Le H1N1 est apparenté aux virus de la « grippe espagnole » de 1919 et de la « grippe asiatique » de la fin des années 1950, qui avaient fait des millions de morts. Compte tenu de la forte capacité de mutation des virus de la grippe, il existe un risque non négligeable d’apparition soudaine de variants plus meurtriers. En l’état actuel des connaissances médicales, la vaccination reste l’arme la plus efficace dont on dispose contre les différents virus grippaux. Face à la menace pour la santé publique que resprésente ce type d’épidémie, une société rationnelle mobiliserait les ressources scientifiques et industrielles nécessaires pour développer, produire et distribuer massivement et le plus rapidement possible un vaccin adapté. Pour être pleinement efficace, une telle mobilisation implique une coordination et une planification internationales des efforts et des actions de santé publique, incluant, si nécessaire, des mesures de mise en quarantaine ou de vaccination obligatoire, ciblées (notamment pour les personnels soignants) ou non.

Une telle approche n’est pas une utopie : c’est le modèle qu’ont suivi les bolchéviks après la Révolution russe de 1917 et l’expropriation du capitalisme. Les révolutionnaires russes Nikolaï Boukharine et Evguéni Préobrajenski décrivaient ainsi en 1920 dans l’ABC du communisme comment le prolétariat, exerçant sa dictature, avait nationalisé les établissements de santé pour les mettre au service des travailleurs, alors même que la Russie soviétique était dévastée par la guerre civile imposée par les impérialistes et les contre-révolutionnaires, et que la médecine comme science n’en était encore au fond qu’à ses débuts ; Boukharine et Préobrajenski précisaient :

« Le grand nombre des maladies épidémiques et la nécessité de les enrayer au plus tôt devaient poser immédiatement la question d’une lutte acharnée organisée et méthodique. En raison de la pénurie de médecins se dressait la nécessité impérieuse d’une mobilisation de ceux qui étaient disponibles sur le front de la lutte contre les épidémies.
« Grâce à cette mesure, pour l’application de laquelle se dépensèrent toutes nos forces médicales, depuis les professeurs les plus notoires jusqu’aux étudiants en médecine et aux infirmiers, on a réussi à enrayer les fléaux les plus redoutables : le choléra et le typhus exanthématique. Mais le rôle du service médical ne doit pas être seulement “d’éteindre l’incendie”. Il devient, du fait de la nationalisation, la base du service public de santé et d’hygiène. »

Au contraire, en France comme dans les autres pays capitalistes, l’affaire du H1N1 a exposé aux yeux de tous l’irrationalité fondamentale de ce système où la production, y compris celle des moyens de diminuer la souffrance humaine et de sauver des vies, n’est pas organisée en fonction des besoins de la société, mais des profits de la classe bourgeoise. Le gouvernement et l’Etat français ont en fait parfaitement rempli leur rôle de serviteurs et d’instruments de la bourgeoisie en défendant les profits des trusts pharmaceutiques nationaux tout en intensifiant la casse des hôpitaux, de la Sécurité sociale et du reste du système de santé.

Anticommunisme et attaques contre les mesures de santé publique

La presse bourgeoise s’est déchaînée contre le plan de vaccination du gouvernement, critiquant la centralisation des procédures et des lieux de vaccination. Le Monde dénonçait ainsi dans son éditorial du 14 janvier un « système “à la soviétique” », assimilant ainsi toute mesure de santé publique massive à caractère plus ou moins contraignant au « totalitarisme » soviétique. Cette campagne anticommuniste ouvre la voie à la liquidation de toute espèce de mesure de santé publique contraignante.

C’est le pire des cynismes de prétendre que le fiasco de la vaccination H1N1 serait dû à un quelconque caractère « soviétique » de la campagne. Même si l’on prend l’Etat ouvrier dégénéré soviétique sous Brejnev, longtemps après l’usurpation du pouvoir politique par une bureaucratie parasitaire dirigée par Staline, l’URSS ressort encore comme un modèle d’efficacité et de souplesse parfaitement rôdée en comparaison avec la désorganisation totale de la campagne de vaccination, notamment en Ile-de-France où les centres étaient jusqu’au pic de l’épidémie ouverts environ deux après-midi par semaine (et avec un personnel si insuffisant que l’on se faisait inviter à retenter sa chance la semaine suivante si on était trop loin dans la file d’attente).

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a en fait expliqué : « Je n’ai jamais encouragé une vaccination de masse » (l’Humanité, 14 janvier). Pourquoi alors a-t-elle passé des contrats non renégociables pour 94 millions de doses avec les trusts pharmaceutiques ? S’agissait-il de surtout vacciner le cours de Pasteur-Sanofi contre un krach boursier ? En tout cas Sanofi-Aventis a enregistré un chiffre d’affaires et des profits records en 2009 (tout en liquidant des milliers d’emplois). Dans les pays capitalistes tout problème de santé est inéluctablement abordé sous l’angle du profit privé des capitalistes. Une fois que ceux-ci étaient assurés le reste n’avait plus guère d’importance, le gouvernement refusant jusqu’à la fin de l’épidémie de payer les médecins généralistes pour pratiquer les vaccinations alors que ceux-ci étaient demandeurs (c’était « trop cher »).

L’incapacité du gouvernement capitaliste français à vacciner même le dixième de la population montre que le système de santé français n’est pas ou plus dimensionné pour mettre en œuvre des campagnes de vaccination massive. La mise en place du plan gouvernemental passait par la réquisition administrative de dizaines de milliers de médecins et infirmiers. Ceci a eu pour effet direct et immédiat de dégrader encore davantage le fonctionnement des hôpitaux publics. Il y a eu des cas où des internes étaient réquisitionnés par les flics alors qu’ils allaient entrer en salle d’opération pour pratiquer des interventions urgentes ! Les personnels hospitaliers et leurs syndicats ont dénoncé les conséquences funestes de cette opération pour les patients dans les hôpitaux. « Déshabiller les hôpitaux alors qu’ils sont submergés de travail, c’était la dernière décision à prendre », déclarait ainsi à la mi-décembre Christian Gatard, secrétaire général du syndicat FO des cadres hospitaliers (le Monde, 11 décembre 2009).

Le fiasco de la vaccination H1N1 n’est qu’un exemple de la pourriture grandissante du capitalisme à l’ère impérialiste, même dans ses centres les plus riches, repus du pillage du reste du monde, comme la France. Avec des millions de chômeurs disponibles, l’impérialisme français en pleine décadence n’a que faire d’investir dans la santé de la classe ouvrière. Face à la dégradation accélérée du système de santé, conjuguée à une augmentation incessante de son coût pour les malades à travers les déremboursements, l’augmentation des cotisations aux mutuelles, etc., la classe ouvrière doit lutter, au fond, pour son droit à l’existence. La situation exige l’expropriation sans compensation des trusts pharmaceutiques et des compagnies d’assurances et mutuelles, une couverture sociale à 100 % pour tous, des soins gratuits et de qualité – et à proximité, pas dans un hôpital éloigné de 35 kilomètres comme cela sera de plus en plus le cas avec les regroupements d’hôpitaux. Il faut des milliers d’embauches au tarif syndical dans le système médical, aides-soignants, infirmiers et médecins. Il faut ouvrir des formations en quantité suffisante pour cela, avec des bourses adéquates. Les capitalistes diront qu’ils ne peuvent pas payer, et d’ailleurs que les travailleurs, au lieu d’avoir des arrêts maladie, devraient travailler jusqu’à leur dernier souffle, ce qui du point de vue de la bourgeoisie est la seule solution pour résoudre la question du financement des retraites. Comme l’écrivait le révolutionnaire russe Léon Trotsky dans le Programme de transition en 1938 :

« Il faut aider les masses, dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. […]
« Dans la mesure où les vieilles revendications partielles “minimum” des masses se heurtent aux tendances destructives et dégradantes du capitalisme décadent – et cela se produit à chaque pas – la IVe Internationale met en avant un système de REVENDICATIONS TRANSITOIRES dont le sens est de se diriger de plus en plus ouvertement et résolument contre les bases mêmes du régime bourgeois. Le vieux “programme minimum” est constamment dépassé par le PROGRAMME DE TRANSITION dont la tâche consiste en une mobilisation systématique des masses pour la révolution prolétarienne. »

Un tel programme n’a rien à voir avec le minable slogan électoral « rien lâcher » du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui, au contraire, accepte le cadre du capitalisme en essayant simplement de maintenir tant bien que mal au moins une partie des acquis que la classe ouvrière avait arrachés dans le passé aux capitalistes. Nous luttons pour construire le parti bolchévique qu’il faut pour mener les travailleurs à la révolution socialiste.

Sarkozy, Bachelot, Le Guen (PS), fossoyeurs de la santé publique

La colère des personnels hospitaliers réquisitionnés pour la vaccination a été d’autant plus grande qu’ils apprenaient en même temps que le gouvernement s’apprêtait à supprimer en 2010 plus d’un millier d’emplois à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Et ce n’était qu’un début : la direction de l’AP-HP a annoncé qu’elle prévoit d’ici 2012 de supprimer au total entre 3 000 et 4 000 emplois sur un total de 92 000 – avec à la clé le « regroupement » des 37 hôpitaux existants sur seulement 12 sites et la fermeture de dizaines de services (l’Humanité, 3 février) !

Le président du conseil d’administration de l’AP-HP en charge de ces coupes sombres n’est autre que Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, qui a déclaré que « c’était irréalisable » de vacciner l’ensemble de la population (le Figaro, 7 janvier). Compte tenu des ressources aujourd’hui disponibles, il serait matériellement tout à fait possible d’assurer à tous des soins médicaux et de qualité (y compris de vacciner tout le monde en cas de pandémie). Mais sous le capitalisme, les soins médicaux sont rationnés suivant des critères de classe, de race et de sexe (et aussi d’orientation sexuelle).

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’histoire récente regorge de scandales de santé publique dont certains constituent de véritables crimes de masse. Nous n’avons pas oublié le scandale du sang contaminé : en 1985, le gouvernement capitaliste de gauche de Mitterrand et de son Premier ministre Laurent Fabius avait délibérément retardé l’utilisation par les centres de transfusion sanguine des tests de dépistage du virus du sida commercialisés par la société américaine Abbott. Cette décision cynique, motivée par le souci de protéger les intérêts de Diagnostic Pasteur, le concurrent français d’Abbott, et de permettre au Centre national de transfusion sanguine d’écouler des stocks de produits sanguins qu’il savait contaminés de façon quasi certaine, a provoqué l’infection par le VIH de centaines de personnes, notamment des hémophiles (voir notre article « Sida : l’Etat meurtrier – Mitterrand des crimes de Vichy au crime du sang contaminé », le Bolchévik n°120, septembre 1992).

Un autre exemple, où la quête cynique du profit se combine au mépris de classe le plus brutal, est celui de l’amiante. Sous la pression des industriels de l’amiante et des nombreux médecins et hauts fonctionnaires qu’ils soudoyaient grassement, les gouvernements français successifs, pendant des décennies, ont continué d’exposer à ce produit hautement cancérigène des dizaines de milliers d’ouvriers du bâtiment, de l’automobile, des chantiers navals, etc. (mais aussi les universitaires du campus parisien de Jussieu), alors même qu’il existait depuis longtemps des matériaux alternatifs. L’amiante, désormais interdite, continue à tuer chaque jour une dizaine de personnes qui succombent après des années d’atroces souffrances.

Destruction de l’Etat-providence et montée de l’obscurantisme antiscientifique

Vu le passif de l’Etat capitaliste en termes de santé publique, beaucoup de personnes ont refusé de se faire vacciner contre le H1N1, s’exposant ainsi au risque de contracter et de transmettre à d’autres une maladie infectieuse potentiellement grave. Mais il ne s’agissait pas simplement d’une réaction instinctive de méfiance envers le gouvernement qui affirmait agir au nom de la santé publique. La campagne H1N1 du gouvernement et, comme nous allons le voir, la réaction de la gauche à celle-ci, ont favorisé le développement au sein de la population de préjugés anti-vaccination dangereux et réactionnaires. Ainsi, tandis que sur Internet fleurissent les rumeurs anti-vaccins les plus délirantes, un sondage publié par le Figaro à la mi-décembre indique qu’une majorité de Français seraient aujourd’hui convaincus que le vaccin contre la grippe H1N1 est plus dangereux que la grippe elle-même !

En France comme dans les autres pays capitalistes, la montée des attitudes antiscientifiques est favorisée par le déclin de l’éducation, notamment des connaissances scientifiques de base. De la fin des années 1940 aux années 1970, la bourgeoisie française avait consenti un effort financier substantiel pour développer l’éducation scientifique et technique dans le cadre d’un effort de modernisation volontariste et en concession à une classe ouvrière combative. Et, comme dans le reste du monde capitaliste, ces efforts avaient redoublé après le lancement par l’Union soviétique de Spoutnik 1, le premier satellite artificiel, en 1957, qui montrait la supériorité de l’économie planifiée sur l’anarchie capitaliste, et son potentiel de développement militaire.

Mais la bourgeoisie française considère désormais qu’éduquer correctement les travailleurs, tout comme les soigner, constitue un luxe extravagant à un moment où la priorité est de rétablir sa compétitivité internationale en licenciant en masse et en réduisant de façon brutale les salaires et les prestations sociales. Tout ceci vient s’ajouter à un climat de réaction idéologique généralisé en résultat de la destruction contre-révolutionnaire de l’Etat ouvrier dégénéré soviétique en 1991-1992. La liquidation en cours de l’Etat-providence montre que tous les acquis que la classe ouvrière a pu arracher par ses luttes, pour partiels qu’ils soient, sont hautement réversibles. La Sécu en est un exemple : elle avait été instaurée à partir de 1945, une concession que la bourgeoisie française avait dû faire pour parvenir, avec l’aide du PCF, à rester au pouvoir malgré sa collaboration massive avec les nazis pendant la guerre.

Adjuvants, SGB : les mensonges des anti-vaccins

La propagande anti-vaccins est d’autant plus dangereuse qu’elle a trouvé des relais y compris parmi les médecins et les personnels de santé. Un communiqué publié sur le site internet du syndicat infirmiers SNPI de la CGC (1er février) présentait ainsi le « rapport bénéfice/risques du vaccin H1N1 avec adjuvant » en des termes sans équivoque : « d’un côté une semaine de grippe, de l’autre une probabilité, faible mais définitive [sic], d’avoir une maladie neurologique » – en l’occurrence le « syndrome de Guillain-Barré » (SGB), présenté comme « une sorte de paralysie ascendante qui débute aux membres inférieurs pour monter progressivement », et qui dans les formes graves « peut se compliquer de paralysie des muscles respiratoires » pouvant être « irréversible » et nécessitant le placement du malade « sous respirateur artificiel ». Même si la vaccination accroissait le taux de SGB, ce qui n’est pas prouvé, celui-ci évolue en fait dans seulement 3 ou 4 % des cas vers des formes graves. Quand les patients sont correctement pris en charge, les symptômes disparaissent dans la plupart des cas sans laisser de séquelles au bout de quelques jours. De plus, ne pas se faire vacciner contre le H1N1 fait courir, en cas d’épidémie, un risque de SGB, car une des causes les plus courantes de cette maladie due à une réaction inflammatoire du système immunitaire est précisément une infection par une bactérie ou un virus !

Les adjuvants sont utilisés massivement depuis des dizaines d’années dans un très grand nombre de vaccins, dont ceux contre la grippe « saisonnière », car ces substances permettent au système immunitaire de réagir à une dose d’antigènes plus faible et donc d’obtenir plus rapidement et à un moindre coût davantage de doses de vaccins. Comme l’expliquait dans un article publié en août 2009 sur son blog Neurologica, le Pr. Steven Novella, neurologue à la Yale University School of Medecine (et cofondateur de la « Société sceptique de Nouvelle Angleterre », une association qui se consacre à « la promotion de la science et de la raison » :

« Le vaccin contre la grippe [H1N1] utilise une technologie qui est fondamentalement la même que celle utilisée depuis des dizaines d’années. Il est par conséquent très sûr, et les risques sont bien connus. Chaque année, le vaccin doit être adapté pour cibler les variants du virus grippal de type A qui seront probablement les plus répandus cette année-là. […]

« Par conséquent, l’accusation que le prochain vaccin contre la grippe H1N1 serait non testé n’est ni honnête ni juste. Il est hautement testé. Mais il est vrai qu’on cible un variant particulier qui est nouveau. Certains accusent par conséquent la vaccination du public d’être une expérience à grande échelle qui transformerait les patients en “cobayes”. Mais c’est une affirmation naïve et trompeuse. Le fait est que toute intervention médicale, tout nouveau médicament mis sur le marché, est dans la même situation. Nous ne pouvons pas connaître au préalable les effets statistiques sur des millions de gens. Il n’y a par conséquent aucune différence entre le vaccin H1N1 et toutes les autres interventions médicales de masse. »

A part quelques réactions mineures, les vaccins sont extrêmement sûrs. Ils ne sont en tout état de cause jamais aussi dangereux que les maladies hautement contagieuses qu’ils préviennent (et contrairement à une opinion largement répandue, les vaccins contre la grippe ne déclenchent pas la maladie). La meilleure preuve de l’efficacité des vaccins est le fait qu’un certain nombre de maladies meurtrières, comme la diphtérie et la rougeole, sont aujourd’hui tellement rares que beaucoup de jeunes parents n’y ont jamais été confrontés. Ironie de l’histoire, la quasi-disparition de ces maladies (du moins dans les pays développés) permet maintenant aux fanatiques anti-vaccins de prétendre, en spéculant sur l’ignorance, que les maladies infectieuses ne sont pas si graves que cela et que ce sont au contraire les vaccins qui représentent un vrai danger, notamment pour les enfants.

Pourtant, avant l’arrivée des vaccins, des maladies comme la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie, les oreillons ou la rubéole tuaient ou handicapaient gravement chaque année des dizaines de millions de gens. Avant son éradication complète en 1979 (un des plus grands succès médicaux de tous les temps), la variole menaçait 60 % de la population mondiale, tuait un malade infecté sur quatre (environ 500 millions rien qu’au XXe siècle), laissait beaucoup de survivants défigurés ou aveugles, et résistait à tous les traitements.

De l’obscurantisme anti-vaccins à la « sélection du plus fort »

Ces triomphes de la médecine expérimentale, celle de Louis Pasteur, de Claude Bernard, de Florence Nightingale et de Robert Koch, basée sur l’application rigoureuse de la méthode scientifique, qui a permis de sauver des millions et des millions de vies dans le monde entier, constituent une réfutation cinglante des postulats obscurantistes du mouvement anti-vaccination, qui se base sur la superstition, l’arriération et les préjugés. Une des figures de proue du mouvement anti-vaccination français, un certain Marc Girard, qui se proclame « Conseil en pharmacovigilance et pharmaco-épidémiologie », a mis en ligne début septembre 2009 sur Internet un article intitulé « Grippe “porcine” : vacciner ou pas ? » où l’on peut lire :

« certes, il y a des “effets collatéraux” (les dommages exercés par des infections plus ou moins bénignes sur des sujets fragilisés), mais c’est la vie – et la réalité d’une morbidité liée aux infections virales banales n’empêche pas qu’à l’échelle collective […], la survenue de telles infections peut être bénéfique pour la population. »

La « théorie » ignorantiste de l’infection comme moyen « naturel », et donc préférable au vaccin, de « stimuler les défenses immunitaires » (au moins pour les « sujets non fragilisés ») est d’autant plus dangereuse qu’elle sert de justification non seulement au refus de vaccination, mais aussi à des pratiques irresponsables comme les « goûters H1N1 » (dont l’objectif est de favoriser la contamination d’enfants non encore infectés). Il faut ajouter qu’elle est également défendue, sous une forme à peine atténuée, par l’eurodéputée « verte » (et « professeur agrégé en biologie ») Michèle Rivasi, qui, début janvier, réclamait l’arrêt de la campagne de vaccination contre le H1N1 dans les lycées et collèges « compte tenu des dernières études sur les jeunes : les anticorps sont plus nombreux et plus durables après infection qu’à la suite d’une vaccination » (blog Bagnolet en Vert, 6 janvier).

Vaccination et santé publique

Deux approches complémentaires permettent d’apporter la preuve scientifique qu’un médicament, un traitement médical ou un vaccin est efficace contre une maladie. D’une part, il faut élucider les mécanismes chimiques, biologiques et physiologiques impliqués ; d’autre part, il faut confirmer ses effets attendus, d’abord par des essais cliniques portant sur un nombre restreint de malades ou de volontaires sains, ensuite par des études épidémiologiques plus larges.

Inversement, pour apporter la preuve épidémiologique qu’un vaccin est bel et bien la cause probable d’un effet secondaire indésirable, il faut établir une augmentation statistiquement significative (c’est-à-dire supérieure à un seuil qui peut être calculé en utilisant la théorie des probabilités) entre un groupe d’individus vaccinés et un « groupe témoin » non vacciné aux caractéristiques les plus similaires possibles.

Pourtant les fanatiques anti-vaccins font croire, sans la moindre preuve, que les vaccins provoqueraient de terribles effets secondaires, et que cette « vérité » serait dissimulée par un vaste complot des trusts pharmaceutiques, des gouvernements et du corps médical. Dans les pays anglo-saxons, ces rumeurs ont longtemps visé le thimérosal, un conservateur à base de mercure qui était utilisé dans les flacons multidoses de vaccins ; on prétendait qu’il provoquait chez les enfants des lésions cérébrales et l’autisme. Or les symptômes de l’autisme, une maladie encore très mal comprise que certains scientifiques pensent être d’origine génétique, se manifestent généralement vers deux ans, soit l’âge où les enfants reçoivent les vaccins « associés », qui protègent en une seule injection contre plusieurs maladies – et en particulier le « ROR » (rougeole-oreillons-rubéole).

Toutefois, les études épidémiologiques menées dans de nombreux pays, et portant sur des centaines de milliers d’enfants, n’ont révélé aucun lien entre l’autisme et l’utilisation du thimérosal. Les enfants non vaccinés ont les mêmes risques de développer la maladie que les autres, et ce risque n’a pas diminué après que le thimérosal eut été retiré des vaccins dans beaucoup de pays (dont la France).

Les campagnes des groupes anti-vaccins contre le ROR (qui ont continué après le retrait du thimérosal) ont de funestes conséquences pour la santé publique. Alarmés par les rumeurs, beaucoup de parents hésitent à faire administrer à leurs bébés cette vaccination, qui en France n’est que recommandée. De ce fait, le taux de couverture de la population (proportion d’individus vaccinés) contre la rougeole est aujourd’hui un des plus bas d’Europe. Dans un rapport publié en 2004, l’Institut de veille sanitaire écrivait : « En France, la couverture nationale des enfants de 24 mois, estimée à partir des certificats de santé du 24ème mois est passée de 32 % en 1985 à 80 % en 1994 et stagne depuis, à moins de 85 % », avec comme résultat que « des événements localisés, survenus en 2003, montrent que le virus de la rougeole circule de manière active dans certains départements français exposant ainsi, des poches de populations susceptibles à un risque épidémique. » Ceci est d’autant plus tragique qu’un taux de couverture vaccinale de l’ordre de 95 % permettrait d’atteindre ce que les épidémiologistes appellent un « seuil d’immunité de groupe », au-delà duquel le virus, privé d’hôtes, finira par être totalement éradiqué.

Une autre « victoire » des ligues anti-vaccins a été la décision prise en octobre 1998 par Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé d’un gouvernement « de gauche », de suspendre la campagne de vaccination des adolescents contre l’hépatite B, suite à la rumeur, elle aussi totalement infondée, que ce vaccin provoquerait une augmentation des cas de sclérose en plaques, une terrible et incurable maladie dégénérative du système nerveux. La lâcheté politique de Kouchner et du reste du gouvernement Jospin (y compris ses ministres Buffet et Mélenchon) a brisé net la dynamique d’une campagne de vaccination contre cette maladie grave et contagieuse, qui avait été jusque-là un vrai succès. Ce crime contre la santé publique a été dénoncé par l’OMS aussi bien que par Act-Up, consciente de la terrible menace que cette maladie contagieuse (transmissible notamment par voies sexuelle et sanguine et qui évolue dans un cas sur dix vers des formes chroniques invalidantes) représente pour les toxicomanes et les personnes infectées par le VIH.

En résultat, « avec une couverture vaccinale contre l’hépatite B de 29 % chez les nourrissons de deux ans, la France est de très loin le plus mauvais élève de l’Union européenne », peut-on ainsi lire dans un article publié en avril 2009 par l’agence de presse en ligne Destination Santé. Interviewée dans le même article, la professeur Claire-Anne Siegrist, présidente de la Commission fédérale suisse pour les vaccinations, déclarait :

« Il y a en France, une génération d’enfants sacrifiés. Ceux nés dans les 10 dernières années n’ont pas été vaccinés contre l’hépatite B. Dans les pays où la vaccination est efficace, le nombre des cas d’hépatite B et de carcinome hépatique [le cancer primitif du foie] diminue, mais attendons-nous à les voir augmenter en France […]. »

De telles situations plaident fortement en faveur de la vaccination obligatoire. Nous, marxistes, soutiendrions sans hésiter une telle mesure de santé publique, y compris si elle était décrétée et mise en œuvre par un Etat bourgeois. Les mesures de santé publique sont parfois drastiques et intrusives, et il existe même des situations où elles peuvent entrer en conflit avec les droits des individus (par exemple en cas de mise en quarantaine). Mais en l’occurrence, se faire vacciner ne viole aucun « droit individuel », et la « liberté de vaccination » revendiquée avec véhémence par les groupes anti-vaccins (un des plus actifs en France s’est ainsi baptisé « Ligue nationale pour la liberté des vaccinations ») est plutôt le droit de transmettre l’infection à autrui – et en plus, dans le cas des parents, d’exposer délibérément sa progéniture au danger de contracter une maladie grave.

Acupuncteurs, homéopathes, chiropracteurs et autres charlatans contre Koch et Pasteur

Inévitablement, le mouvement anti-vaccination rassemble derrière lui la cohorte bigarrée des homéopathes, acupuncteurs, chiropracteurs, naturopathes, radiesthésistes, marabouts, rebouteux et autres charlatans qui, de façon criminelle, détournent leurs victimes de la médecine « officielle » présentée comme dangereuse. Ces marchands de poudre de perlimpinpin sont d’autant plus dangereux qu’ils sont parfois plus accessibles que les vrais médecins et sont même pour certains remboursés en tout ou partie par la Sécu ou les mutuelles. C’est encore Kouchner, alors ministre avec Buffet et Mélenchon, qui avait fait voter une loi pour reconnaître les chiropracteurs et ostéopathes en mars 2002.

Les homéopathes, chiropracteurs et autres partisans d’une « médecine holistique » (globale) refusent par principe de soumettre leurs potions et « traitements », qui reposent sur des « théories » plus fumeuses les unes que les autres, à toute évaluation scientifique objective. Et on les comprend, car tous les essais cliniques un tant soit peu sérieux ont conclu sans l’ombre d’un doute à leur totale inefficacité (sauf évidemment sur un point capital : leur capacité à soulager les malades de quantités significatives d’espèces sonnantes et trébuchantes). A la froideur inhumaine des statistiques de la « médecine conventionnelle », ces charlatans opposent donc les témoignages poignants des malades éperdus de reconnaissance qu’ils auraient réussi à « guérir », lançant ainsi des rumeurs qui se propagent ensuite, avec un grand luxe de détails, du site internet à la machine à café et jusqu’à la salle de garde de l’hôpital (« moi non plus, je n’y croyais pas, mais il m’a guéri de mon mal de dos »).

Et ce sont des pharmaciens tout ce qu’il y a de plus diplômés qui distribuent nombre de ces produits absolument inefficaces. Les laboratoires Boiron, une entreprise capitaliste française, sont les premiers producteurs au monde de « médicaments » homéopathiques, dont le principe même est de diluer le produit actif au centième, et ce, de façon répétée, jusqu’à ce qu’il soit tout simplement absent de la formule vendue ! Le 30 janvier dernier, 300 militants anti-homéopathie ont organisé à Londres une « overdose de masse » du produit homéopathique Diaralia, indiqué soi-disant contre la diarrhée. Le Diaralia de chez Boiron est basé sur de l’« arsenicum album », autrement dit de la mort aux rats (avant élimination de celle-ci par dissolutions successives). Aucun participant à ce happening, après en avoir ingéré 84 comprimés (la dose recommandée est d’un comprimé par prise) n’en est mort… ni n’a rapporté souffrir en conséquence de constipation même passagère. Au moins le Diaralia n’est pas remboursé par la Sécu, mais le vaccin contre le rotavirus ne l’est pas non plus, alors que ce virus est présent dans près de la moitié des diarrhées infantiles aiguës en Ile-de-France et que le vaccin, hautement efficace, coûte plus de 130 euros !

Le dernier slogan de la gauche : Des hôpitaux, pas des vaccins ! – ou comment gérer la pénurie capitaliste

Loin de combattre la montée de l’obscurantisme anti-vaccins causée par la gestion gouvernementale de l’épidémie, la gauche soi-disant « anticapitaliste » y a apporté sa petite pierre en accusant le gouvernement Sarkozy d’avoir gaspillé les deniers publics pour chercher à « imposer » à la population, pour le plus grand profit des trusts pharmaceutiques, une vaccination qu’elle présente au mieux comme inutile, au pire comme carrément dangereuse, reprenant au passage à son compte un certain nombre de mensonges colportés par les groupes anti-vaccination.

Le PCF a ainsi donné aux déclarations du social-démocrate allemand Wolfgang Wodarg, qui est par ailleurs médecin, un large écho (voir notamment l’Humanité du 7 et du 27 janvier). Wodarg dénonçait sans preuve certaines procédures de fabrication relativement nouvelles comme soi-disant insuffisamment testées. Il affirmait aussi que les trusts pharmaceutiques ont fait modifier la définition d’une pandémie pour créer la peur alors que les taux de mortalité dus à cette souche H1N1 dans les premiers cas observés au Mexique étaient relativement faibles. Wodarg minimise ainsi la très grande vitesse de propagation de ce virus-là, qui pouvait provoquer une pandémie catastrophique en cas de mutation. En parlant de « scandale médical du siècle », Wodarg apporte de l’eau au moulin des réactionnaires anti-vaccins sans présenter aucune victime avérée de la vaccination. Le PCF a donné avec l’interview de Wodarg une couverture « anticapitaliste » à l’obscurantisme anti-vaccins. Wodarg a, de plus, dénoncé la collusion des experts de l’OMS avec les firmes capitalistes qui les paient ; il faut être social-démocrate jusqu’à la moelle pour imaginer des chercheurs antivirus désincarnés qui travailleraient sans contact avec les entreprises capitalistes produisant les vaccins. Quant à l’influence des trusts capitalistes sur les gouvernements, Wodarg doit en connaître un rayon puisqu’il était député SPD pendant 15 ans, notamment les huit années (2001-2009) où c’est le SPD qui avait le portefeuille de la Santé et où des coupes sans précédent ont été effectuées dans la santé publique au détriment des travailleurs !

Quand l’Humanité écrit que « l’opération grippe A [sic] constitue un vaste détournement de fonds publics » qui vont manquer pour des campagnes de santé publique « vraiment utiles contre le diabète, le cancer ou le développement de remèdes contre les maladies tropicales » (27 janvier), le journal du Parti communiste propose simplement de gérer autrement la pénurie capitaliste en sacrifiant les malades de la grippe pour soigner d’autres maladies.

Quant au Nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, il a publié un éditorial dans son hebdomadaire Tout est à nous (17 décembre 2009) où, après avoir expliqué qu’il ne croyait bien sûr pas à « la version du “grand complot” des laboratoires ayant sciemment répandu la maladie pour vendre les vaccins et autres arguments délirants, largement véhiculés sur internet », il dénonçait le choix par le gouvernement « d’une vaccination systématique dont le but était prioritairement le maintien au travail à tout prix des salariés ». Est-ce que Besancenot préfèrerait voir les travailleurs en salle de réanimation pour insuffisance respiratoire aiguë ? Trois semaines plus tard, un communiqué du NPA proclamait : « Ces choix doivent être combattus. Il faut immédiatement arrêter la stratégie absurde de vaccination systématique. Annuler les commandes de vaccins non encore produits, et donner au système de santé les financements dont il a impérativement besoin ! » (« Vaccins H1N1 : on solde ! », 4 janvier). Non seulement le NPA s’oppose à la vaccination, mais aussi il enjolive la politique du gouvernement Sarkozy en prétendant que celui-ci avait l’intention de vacciner systématiquement la population. Comme ses grands frères du PS et du PCF, le NPA reproche ici fondamentalement à Bachelot et Sarkozy un gaspillage d’« argent public » qui, en ces temps de déficit budgétaire chronique, aurait pu être dépensé plus utilement et efficacement.

Charlatanisme réformiste ou lutte pour de nouvelles révolutions d’Octobre

Au fond Lutte ouvrière (LO) dit exactement la même chose, par exemple dans l’éditorial d’Arlette Laguiller du 4 janvier : « Depuis le début de cette affaire, un certain nombre de scientifiques se sont élevés contre ce tapage gouvernemental et le coût que l’achat de ces doses de vaccin a représenté. 869 millions d’euros, l’équivalent du déficit de l’ensemble des hôpitaux publics. » Et LO d’expliquer ensuite : « Le virus A est arrivé à point nommé pour servir de prétexte à un coup de main à l’industrie pharmaceutique, alors que tant d’autres maladies, à commencer par le paludisme, font des millions de victimes dans le monde, chaque année. »

Le fait que les trusts pharmaceutiques et les gouvernements des pays impérialistes soient si indifférents à l’égard des maladies tropicales comme le paludisme n’est pas le résultat de « mauvais choix » politiques de gouvernements « néolibéraux » particulièrement cyniques et dépravés (ce qu’ils sont sans conteste), mais le produit des mécanismes fondamentaux du système capitaliste, basé sur l’appropriation privée des moyens de production – en l’occurrence, le fait que les populations principalement affectées par ces maladies sont trop pauvres pour constituer un « marché » suffisamment rémunérateur.

Pourtant, les réformistes du PC, du NPA et de LO colportent l’illusion qu’une « autre politique », qui réponde aux intérêts des travailleurs et des opprimés, pourrait d’une manière ou d’une autre être « imposée » et réellement mise en œuvre dans le cadre des institutions bourgeoises. La seule différence à cet égard entre LO et les sociaux-démocrates un peu moins hypocrites du NPA, du PC ou du Parti de gauche est que ceux-ci proposent d’appliquer cette perspective réformiste au niveau national, sous la forme d’un gouvernement capitaliste de front populaire « 100 % à gauche » (ou disons 55 % à gauche), tandis que LO se contente pour l’instant de participer à la gestion de l’Etat bourgeois au niveau d’exécutifs municipaux « de gauche » (y compris à Bagnolet qui pratique les expulsions en plein hiver).

Lutte Ouvrière ajoutait dans son éditorial du 4 janvier cité plus haut : « Bien sûr, on peut se dire que gaspillage pour gaspillage, il vaut mieux gaspiller dans le domaine de la santé que d’aider à fonds perdus les banquiers. Mais l’un n’empêche pas l’autre ! » LO donne ainsi à entendre que ce serait du gaspillage de vacciner la population – une capitulation directe aux réactionnaires anti-vaccination. Les réformistes ont cherché à se couvrir en expliquant que le capitalisme serait un « virus plus dangereux que la grippe A ». Cet argument a été décliné notamment sur le T-shirt « Stoppons la grippe capitAliste » distribué en septembre à la Fête de l’Humanité, tandis que de son côté, LO expliquait que « la capacité de nuisance du virus H1N1 est sans commune mesure avec le parasitisme de ces grands trusts [pharmaceutiques] ». Cet économisme stupide, et indifférent au sort des malades, permet au gouvernement capitaliste de prétendre qu’il serait plus concerné que la gauche par la santé de la population. Les marxistes partent au contraire de l’épidémie et de l’incapacité du capitalisme à régler même ce problème simple et maîtrisé aujourd’hui par la science pour montrer la nécessité de renverser le système capitaliste.

Pour une société socialiste d’abondance !

Nous, trotskystes, ne nous contentons pas d’exiger l’arrêt immédiat des coupes sombres dans les budgets des hôpitaux et de la sécurité sociale. Nous luttons pour des soins gratuits et de qualité pour tous, y compris une couverture vaccinale optimale de la population. Le contrôle des maladies est une question autant sociale que scientifique. Sous le capitalisme, les profits des trusts pharmaceutiques passent avant la santé publique, qui est elle-même infectée jusqu’à la moelle par les préjugés réactionnaires et l’arriération de la société capitaliste.

Partisans et défenseurs du matérialisme historique et du socialisme scientifique, nous luttons pour une révolution socialiste mondiale pour arracher les moyens de production des mains cupides des capitalistes. A l’échelle internationale, cela permettra de jeter les bases matérielles pour un monde communiste libéré de l’exploitation et de l’oppression. Alors et alors seulement, les acquis positifs de la science moderne pourront être pleinement utilisés pour servir de base à une expansion qualitative de la recherche scientifique, de la technologie et de la production, qui seront mises au service de l’humanité tout entière, dans le cadre d’une économie socialiste internationalement et démocratiquement planifiée.

Tout le fatras de pseudo-science qui sert à justifier la domination capitaliste, et qui fait des savants eux-mêmes des « proxénètes des préjugés de classe », comme disait Marx, pourra être remisé au musée des horreurs d’un passé révolu. Dans un discours prononcé le 17 septembre 1925, Trotsky déclarait :

« La société devait connaître de la nature pour subvenir à ses besoins. Mais en même temps la société demandait la réaffirmation de son droit à exister telle qu’elle existe, la justification de ses institutions, c’est-à-dire, avant tout, les institutions de la domination de classe. Et, dans le passé, elle demandait la justification du servage, des privilèges, des prérogatives monarchiques, de l’étroitesse nationale, etc. La société socialiste accepte avec une reconnaissance particulière l’héritage énorme des sciences positives, en rejetant, en vertu du droit d’inventaire, tout ce qui servait non à la connaissance de la nature, mais à la justification de l’inégalité de classe et à l’affirmation de tous les mensonges historiques. »