Le Bolchévik nº 191

Mars 2010

 

Pour un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs en Afrique du Sud !

Nous reproduisons ci-dessous un article publié dans le n° 6 (été 2009-2010) de Spartacist South Africa, le journal de la section sud-africaine de la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste).

* * *

Le Congrès national africain (ANC) n’a pas attendu longtemps après sa victoire écrasante aux élections législatives d’avril 2009 pour administrer la preuve que le nouveau gouvernement dirigé par Jacob Zuma allait réprimer les grèves et les manifestations dans les townships. Le lendemain de l’élection, des membres des forces armées étaient envoyés pour briser une grève de médecins qui réclamaient une hausse de salaire, qu’ils auraient dû obtenir depuis longtemps, et davantage de moyens pour un système de santé publique qui croule sous les patients, dans des conditions dantesques. L’hiver dernier, les employés municipaux en grève pour une augmentation de leurs salaires de misère ont été attaqués par les flics à coups de balles en caoutchouc et jetés en prison. Dans tout le pays, le même traitement est réservé aux manifestants qui réclament des logements, des routes et des égouts pour leur township misérable.

Comme le « néo-libéral » Thabo Mbeki et avant lui Nelson Mandela, Zuma le populiste fait son boulot de chef de l’Etat capitaliste : un appareil de violence organisée s’appuyant principalement sur la police, l’armée et les prisons, un instrument au service d’une bourgeoisie fabuleusement riche, contre les masses exploitées et opprimées majoritairement noires. Cette dictature de classe bourgeoise, qui continue à défendre un système basé sur les privilèges des Blancs, est dissimulée par la « démocratie non raciale » installée en 1994, quand le régime de l’apartheid – défendant la suprématie blanche – a été remplacé par un gouvernement dirigé par l’ANC et ses partenaires de l’Alliance tripartite, le Parti communiste sud-africain (SACP) et le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU).

Organisation marxiste révolutionnaire, Spartacist South Africa [SSA], section de la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste) [LCI], a déclaré qu’aucun parti, dans les élections d’avril 2009, ne représentait les intérêts de la classe ouvrière et des pauvres. Les bureaucraties du SACP et du COSATU ont fait des pieds et des mains pour pousser à voter pour l’ANC, en martelant que Zuma était un « ami » des travailleurs, contrairement aux dirigeants du Congrès du peuple (COPE), une scission de droite de l’ANC apparue après que Mbeki avait été chassé de la présidence [de l’ANC] l’an dernier. Mais comme nous l’écrivions dans Workers Vanguard, le journal de la Spartacist League/U.S. (n° 933, 27 mars 2009) : « Malgré les discours “pro-ouvriers” et “pro-pauvres” de l’ANC, l’ANC et le COPE sont tous les deux des partis nationalistes bourgeois – c’est-à-dire capitalistes » qui « représentent les intérêts de la bourgeoisie noire montante et de la classe dirigeante capitaliste, majoritairement blanche ».

Au cœur de la récente flambée de grèves et de manifestations, il y a une colère explosive à la base de la société, à l’encontre de l’Alliance tripartite qui, après 15 années au pouvoir, n’a pas répondu aux attentes d’égalité économique et sociale de la majorité de la population. Les manifestants des townships se plaignent que leur sort a empiré alors qu’ils avaient voté pour une vie meilleure. Les postiers en grève réclamaient la fin des inégalités salariales de l’apartheid. Aggravant encore un chômage de masse qui durait depuis longtemps déjà, la récession mondiale a fait perdre leur emploi à des centaines de milliers d’autres travailleurs.

Une étude récemment publiée montre que l’écart entre les plus riches et la masse de ceux qui sont en bas de l’échelle est aujourd’hui le plus élevé du monde, plus grand encore qu’au Brésil. Les plus riches sont blancs dans leur immense majorité, et ils bénéficient du niveau de vie d’un pays du « premier monde », tandis que les Noirs, ainsi que les travailleurs métis ou indiens sont au niveau du tiers-monde. C’est un bilan accablant pour les dirigeants traîtres du SACP/COSATU qui promettaient aux masses que l’alliance avec l’ANC, un parti bourgeois, amènerait la transformation sociale et l’égalité. Au lieu de cela, le résultat a été le capitalisme de néo-apartheid. Tandis que la superstructure politique a connu un profond bouleversement avec la fin du système d’apartheid, une ségrégation et une oppression raciales rigides imposées par la loi, l’économie capitaliste continue à reposer sur la surexploitation d’une main-d’œuvre majoritairement noire.

Alors que la colère de la majorité noire face à sa situation insupportable continue à monter, le gouvernement Zuma a clairement signifié son intention de renforcer l’arsenal de répression de l’Etat contre les travailleurs et les pauvres. Le jour de l’ouverture du congrès national du COSATU, en septembre dernier, Zuma a sermonné les délégués sur les « grèves violentes ». Dans un discours prononcé une semaine plus tard, il a soutenu la décision de donner aux flics davantage de latitude pour « tirer pour tuer », prétendument pour lutter contre un « problème de criminalité anormal » de l’Afrique du Sud. Les réprimandes de Zuma, qui ont été reprises à son compte par Zwelinzima Vavi, le secrétaire général du COSATU, n’ont pas été très bien accueillies au congrès du COSATU. Les dirigeants du SAMWU, le syndicat des employés municipaux, et du SATAWU, le syndicat des transports, ont critiqué le refus de la direction nationale du COSATU de condamner la répression de leurs grèves par la police au cours de l’année écoulée. Mais ces mêmes syndicats comptent dans leurs rangs des flics et des vigiles, dont le boulot est de défendre le pouvoir et les profits des capitalistes en réprimant violemment les travailleurs et les pauvres. SSA dit : Flics et vigiles, hors des syndicats !

Pour justifier leur alliance de collaboration de classes avec le parti bourgeois qu’est l’ANC, les chefs du SACP et du COSATU expliquent que le régime de l’ANC correspond à un « Etat en voie de transformation » dans lequel la classe ouvrière doit lutter pour « l’hégémonie ». Ce galimatias a été réfuté il y a près de 140 ans par Karl Marx et Friedrich Engels. Résumant les leçons de la Commune de Paris de 1871, les fondateurs du socialisme scientifique affirmaient que « la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte » (la Guerre civile en France, 1871). L’Etat capitaliste doit être brisé par une révolution socialiste et remplacé par un Etat ouvrier – la dictature du prolétariat.

Sur la base de ces fondements de la conception marxiste, SSA lutte pour un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs, qui expropriera les sangsues capitalistes et bâtira une société où la richesse créée par le travail sera utilisée au bénéfice de tous. La transformation socialiste, s’étendant à toute l’Afrique australe, dépendra avant tout de la victoire de la révolution prolétarienne dans les pays impérialistes – les Etats-Unis, l’Europe de l’Ouest et le Japon – où les travailleurs sont impitoyablement exploités et, dans des périodes comme la crise économique actuelle, jetés au rebut. Il faudra une économie planifiée socialiste internationale, basée sur le plus haut niveau de la technologie, pour arracher les masses urbaines et rurales à la pauvreté et à l’arriération et pour créer une société sans classes d’abondance matérielle – le début de la société communiste.

Nationalisme et collaboration de classes

Conditions sordides dans les townships noires et métisses ; salaires de misère pour les ouvriers d’usines, les mineurs, les enseignants et les employés municipaux ; prisons remplies à craquer de jeunes Noirs et Métis, augmentation constante des morts en garde à vue ; négligence criminelle de la santé publique en pleine pandémie du sida tandis que d’autres maladies sévissent : tout cela montre que les aspirations des masses à l’égalité sociale et à une vie décente n’ont même pas commencé à être satisfaites. Un spécialiste de l’éducation à la Banque de développement d’Afrique australe a révélé un indicateur saisissant de la persistance de profondes inégalités raciales : alors qu’un enfant blanc sur dix obtient une mention A [le niveau le plus élevé] à l’examen de fin d’études secondaires, la proportion est de un sur mille pour les élèves noirs. Comme pour mieux souligner que les Noirs continuent d’être considérés comme des citoyens de seconde classe, le nouveau président de l’Université de l’Etat libre d’Orange a accordé son pardon aux « quatre de Reitz » et les a invités à retourner à l’université, ceci étant présenté de façon scandaleuse comme un acte de « réconciliation raciale ». Ces quatre étudiants racistes blancs avaient été exclus de l’université l’année dernière après le scandale provoqué par la diffusion d’une vidéo qu’ils avaient tournée et où des ouvriers noirs de l’université subissaient diverses formes d’humiliation, comme de devoir ingérer des d’aliments arrosés d’urine, tout ceci dans le cadre d’une campagne raciste contre l’intégration raciale des résidences universitaires.

La libération nationale de la majorité opprimée est inséparable de l’émancipation de la classe ouvrière, noire dans son immense majorité, des chaînes de l’exploitation capitaliste. Le prolétariat, qui peut stopper le flot des profits capitalistes en arrêtant de fournir sa force de travail, a la puissance sociale nécessaire pour prendre la direction des chômeurs et des pauvres des villes et des campagnes et renverser le système meurtrier du profit capitaliste.

Une condition nécessaire pour mener cette lutte révolutionnaire est l’indépendance politique de la classe ouvrière par rapport à la bourgeoisie. C’est parce que nous luttons pour ce principe marxiste fondamental que nous disons que l’Alliance tripartite doit être brisée selon des lignes de fracture de classe. L’Alliance tripartite est un front populaire nationaliste – la variante sud-africaine d’une coalition gouvernementale qui lie un parti ouvrier réformiste à la bourgeoisie. Les chefs du SACP et du COSATU perpétuent l’illusion que les intérêts du prolétariat et de la bourgeoisie peuvent être exprimés dans un programme commun, comme la « révolution nationale démocratique ». C’est l’essence de leur politique de collaboration de classes. En fait, les intérêts de classe des exploités sont inconciliablement opposés à ceux de leurs exploiteurs.

Dans les débuts de la « nouvelle Afrique du Sud », dire la vérité sur la nature de classe bourgeoise de l’ANC c’était prendre le risque d’un affrontement violent. Après 15 ans de capitalisme de néo-apartheid, beaucoup de militants ouvriers – y compris au sein du SACP – reconnaissent maintenant que l’ANC est un parti bourgeois. La question décisive, c’est quelles conclusions on en tire en termes de programme. Certains dissidents réformistes utilisent cela pour argumenter que le SACP devrait adopter une posture plus « indépendante », afin d’augmenter son influence au sein de l’Alliance tripartite. Ce faisant ils donnent une couverture « de gauche » à la perpétuation de la subordination de la classe ouvrière à ses exploiteurs capitalistes dans le cadre du front populaire nationaliste. Ceci va à l’encontre du programme d’indépendance de classe des travailleurs par rapport à la bourgeoisie et à ses partis, qui veut dire reconnaître que l’ANC est un parti de l’ennemi de classe. Nous cherchons à gagner les ouvriers politiquement avancés à ce programme et à sa compréhension, ce qui est nécessaire pour les armer politiquement afin de combattre les trahisons des chefs du SACP et du COSATU.

Le rôle plus direct que les dirigeants du SACP jouent dans le gouvernement Zuma provoque un mécontentement croissant parmi la base du parti. Beaucoup parmi eux sont furieux que Blade Nzimande ait accepté le poste de ministre de l’Enseignement supérieur, en violation flagrante des statuts du SACP qui stipulent que le secrétaire général du parti doit être un permanent à plein temps du SACP. (Bien sûr, des dirigeants de premier plan du SACP ont occupé sans discontinuer des postes ministériels dans les gouvernements de l’ANC depuis que feu Joe Slovo était ministre du Logement sous Mandela.) On s’est aussi beaucoup gaussé de la BMW à 1,1 million de rands de Nzimande, considérée par beaucoup comme révélatrice de l’hypocrisie des dirigeants du SACP quand ils dénoncent la corruption des ministres.

Le SACP est un exemple de ce que Lénine dirigeant révolutionnaire, appelait un parti ouvrier-bourgeois, avec une base ouvrière mais une direction et un programme procapitalistes. Un parti ouvrier révolutionnaire se construira dans une bataille politique contre le SACP et d’autres organisations réformistes, dont les meilleurs éléments doivent être arrachés à leurs directions traîtres et gagnés au programme léniniste-trotskyste. Nous luttons pour forger un parti sur le modèle du Parti bolchévique qui, sous la direction de Lénine et de Léon Trotsky, a conduit les travailleurs de Russie au pouvoir dans la Révolution d’octobre 1917. En Afrique du Sud, un tel parti ne pourra être construit qu’indépendamment de l’ANC – une formation bourgeoise – et en opposition à lui. Ceci requiert une bataille frontale contre l’idéologie nationaliste qui maintient soudée l’Alliance, et qui constitue le principal obstacle pour gagner les ouvriers politiquement avancés à une vision du monde marxiste.

Le nationalisme est une idéologie bourgeoise qui cache la division de classe fondamentale de la société en prêchant des intérêts communs à tous ceux qui étaient opprimés sous le régime blanc raciste de l’apartheid. De ce fait, tout le monde, depuis les ministres qui s’en mettent plein les poches jusqu’aux mères noires qui dans les villages délabrés ont du mal à trouver à manger pour leur famille, est censé être uni dans la « grande famille » de l’ANC, que le SACP présente de façon mensongère comme le parti de la libération nationale.

En Afrique du Sud, où la classe capitaliste est blanche (avec maintenant une poignée de représentants des autres communautés) et la classe ouvrière noire dans son écrasante majorité, les divisions de classe sont considérablement déformées par le prisme coloré de la race. Le SACP utilise cette caractéristique historique de la société sud-africaine pour justifier ouvertement et sans vergogne son alliance de front populaire avec l’ANC. Une manifestation de la confusion entre race et classe entretenue par le nationalisme est le fait que beaucoup de gens assimilent à tort tous les pauvres et les opprimés – des chômeurs des townships aux petits commerçants – à la classe ouvrière, qui est définie par le rôle clé qu’elle joue dans le processus de production.

Le plus dangereux, c’est la manière dont la gauche réformiste considère les flics, qui sont pour elle des travailleurs comme les autres. Sous l’apartheid, les flics noirs étaient haïs, parce qu’on considérait, à juste titre, qu’ils étaient au service de l’oppresseur. Mais les apologistes de l’Alliance disent que sous le gouvernement « démocratique » de l’ANC, la police est au service du peuple. Donc un flic blanc est peut-être toujours un Boer raciste, mais un flic noir est notre « camarade ». Entre-temps, l’un et l’autre attaquent les grèves et tirent avec des balles en caoutchouc sur les habitants des townships ou les étudiants qui manifestent.

Le débat sur la race

Sur fond de grèves et de luttes dans les townships, l’Alliance tripartite a vu les divisions au sommet s’exacerber, principalement entre des éléments de l’aile droite de l’ANC et le bloc SACP/COSATU. L’ancien chef des services secrets Billy Masetlha a condamné l’influence croissante des dirigeants du SACP et du COSATU au sommet de l’ANC. S’exprimant dans une perspective bourgeoise, il a souligné à juste titre dans le Mail & Guardian (9 octobre 2009) que l’ANC « n’a pas été fondé sur un programme socialiste ». Un peu auparavant, Julius Malema, le dirigeant de l’ANCYL, l’organisation de jeunesse de l’ANC, avait cherché à tirer profit du malaise parmi la base du SACP en qualifiant Blade Nzimande de dirigeant ouvrier bidon. Il a aussi cherché plusieurs fois à caresser la base plébéienne de l’ANC dans le sens du poil en évoquant la persistance des privilèges des Blancs, déclenchant ainsi un grand débat sur la question raciale en Afrique du Sud.

Malema se fait, pour l’essentiel, le porte-parole des intérêts de la bourgeoisie noire émergente. En même temps qu’il se répand en démagogie réactionnaire sur les questions de sexe, sous prétexte de combattre les concepts « impérialistes », il se plaint que le gouvernement Zuma donne à des Blancs, des Métis et des Indiens des portefeuilles économiques clés. Sans nommer personne, un document rédigé pour le comité central du SACP en préparation du prochain congrès d’orientation du parti a répondu en critiquant une « nouvelle tendance antigauche » dans l’ANC qui épouse « une idéologie “africaniste” étroite ».

Malgré les différences de discours et (parfois) de tactique, les deux côtés adhèrent au nationalisme de l’ANC. Pour le SACP et le courant dominant dans l’ANC, ceci est enveloppé dans la doctrine du « non-racialisme », un concept vague défini principalement par opposition aux droits de citoyenneté et de propriété réservés sur une base raciale qui avaient force de loi sous le dominion britannique et le régime de l’apartheid. Comme l’expliquait Govan Mbeki, un dirigeant historique du SACP et de l’ANC : « L’ANC lutte pour former un seul peuple, qui sera représenté dans un seul parlement dans un seul pays […]. L’ANC cherche à forger une seule nation, à construire une démocratie non raciale dans un Etat unitaire » (cité par Michael MacDonald, Why Race Matters in South Africa [Pourquoi la race est importante en Afrique du Sud], 2006).

Le « non-racialisme » défend l’idée que la libération nationale et l’égalité sociale pour l’immense majorité de la population sud-africaine peuvent être réalisées sous le capitalisme. La banqueroute de cette perspective est démontrée quotidiennement et en toutes choses. La triste vérité, c’est que 15 ans après la fin de l’apartheid, les Blancs – rejoints par une poignée de Noirs – sont toujours en haut de l’échelle, et les masses noires en bas. Le « non-racialisme » est une feuille de vigne qui dissimule de plus en plus difficilement l’ordre capitaliste de néo-apartheid administré par le gouvernement de l’Alliance tripartite.

La perpétuation de « l’inégalité racialisée », pour reprendre la délicate formule du document du SACP, n’est pas due au prétendu « projet de classe de 1996 » qu’il invoque afin d’imputer la responsabilité de la misère des masses au camp de Thabo Mbeki. En réalité, le « projet de classe » a commencé en 1912, quand l’ANC a été fondé par des chefs tribaux et d’autres membres de l’élite noire. L’ANC a toujours représenté les intérêts de la bourgeoisie arriviste noire, même si jusqu’à une période récente il n’existait pas de couche significative de capitalistes noirs. Quand l’ANC, en 1994, a réalisé son aspiration à partager le pouvoir avec la classe dirigeante blanche, c’était l’aboutissement logique de son programme.

Un facteur clé qui a joué dans l’accord négocié avec le gouvernement de l’apartheid a été la disparition de l’Union soviétique, un Etat ouvrier bureaucratiquement dégénéré qui avait été le principal soutien de l’ANC et du SACP sur l’arène internationale, et qui avait soutenu militairement leurs actions de guérilla, largement symboliques, contre l’Etat de l’apartheid. Avec la fin de la guerre froide, l’ANC/SACP est rapidement arrivé à un accord avec l’impérialisme occidental et son partenaire subalterne sud-africain. Nelson Mandela lui-même a donné aux capitalistes l’assurance qu’un régime dirigé par l’ANC défendrait la propriété privée. En 1990, avant même l’arrivée au pouvoir de l’ANC, le SACP avait envoyé son dirigeant Joe Slovo, et Moses Mayekiso, le chef du syndicat de la métallurgie NUMSA, briser une grève d’ouvriers de Mercedes-Benz qui occupaient leur usine d’East London. Une fois au pouvoir, l’Alliance tripartite a imposé l’austérité et a continué à briser des grèves, de la grève des infirmières de 1995 à la courageuse grève des médecins hospitaliers cette année en passant par la grève de Volkswagen de 2000.

Le devoir élémentaire des marxistes était de défendre l’ANC, le Pan Africanist Congress et l’Azanian People’s Organisation contre la répression meurtrière de l’apartheid. En même temps, les marxistes authentiques ne donnent aucun soutien politique à ce type de partis petits-bourgeois et bourgeois. Après les élections de 1994, au moment où Nelson Mandela est devenu le premier président noir de l’Afrique du Sud, la LCI déclarait : « Le mouvement nationaliste dirigé par l’ANC ne peut apporter aucun semblant de “libération” pour les masses non blanches, car il s’est engagé à préserver le capitalisme sud-africain, lequel a toujours été basé sur l’exploitation brutale des travailleurs noirs » (« La poudrière sud-africaine », Black History and the Class Struggle n° 12, février 1995).

A toutes les formes de nationalisme, nous opposons la lutte pour un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs, partie intégrante d’une fédération socialiste d’Afrique australe. Il faudra un gouvernement ouvrier centré sur la majorité noire pour briser le pouvoir des « randlords », les maîtres du capital sud-africain, exproprier la propriété capitaliste et commencer la reconstruction socialiste de la société, ce qui ouvrira enfin la voie à la libération des masses non blanches. Un tel gouvernement ne sera pas basé sur l’exclusion raciale, mais unira les nombreux groupes noirs à base tribale ou linguistique, au côté des populations métisses et indiennes, tout en donnant toute leur place et les pleins droits démocratiques à ceux parmi les Blancs qui accepteront un gouvernement centré sur les travailleurs noirs et qui participeront à la construction d’une société basée sur l’égalité authentique.

Le mot d’ordre de gouvernement ouvrier centré sur les Noirs est une application de la perspective de la révolution permanente de Léon Trotsky. Celui-ci expliquait que dans le monde colonial et néocolonial, où le capitalisme a connu un développement retardataire, les tâches démocratiques bourgeoises associées aux révolutions bourgeoises des XVIIe et XVIIIe siècles ne peuvent être réalisées que par la révolution prolétarienne. Des logements décents pour les millions d’habitants des townships, des camps de squatters et des villages, l’électricité et l’eau pour toute la population, une éducation gratuite et de qualité, l’éradication de la lobola (le prix de l’épousée) et des autres pratiques patriarcales traditionnelles qui oppriment les femmes : ces mesures terriblement nécessaires exigent la transformation socialiste de l’économie et de la société sous la dictature du prolétariat, luttant pour une révolution socialiste au niveau international.

Comme l’expliquait Trotsky dans une lettre d’avril 1935 adressée à ses camarades sud-africains : « Dans la mesure où la révolution victorieuse changera radicalement les rapports non seulement entre les classes, mais aussi entre les races, et assurera aux Noirs la place dans l’Etat qui correspond à leur nombre, la révolution sociale en Afrique du Sud aura également un caractère national. » Il ajoutait :

« L’instrument historique de l’émancipation nationale ne peut être que la lutte de classes. L’Internationale communiste, depuis 1924, a transformé le processus d’“émancipation nationale” des peuples coloniaux en une abstraction démocratique creuse, élevée au-dessus de la réalité des rapports de classes. Pour lutter contre l’oppression nationale, les différentes classes s’affranchissent – pour un temps – de leurs intérêts matériels et deviennent de simples forces “anti-impérialistes”. »

Sous la direction du Comintern stalinisé, les ancêtres du SACP ont adopté le dogme de la « révolution par étapes », qu’ils ont traduit en une « révolution nationale démocratique » censée se « développer » en révolution socialiste. Le schéma « par étapes » demande aux travailleurs et aux opprimés de subordonner leurs intérêts à ceux de la bourgeoisie « progressiste » dans la première étape de la révolution, tandis que la deuxième étape – le socialisme – est renvoyée aux calendes grecques. En fait, la deuxième étape n’arrive jamais. Depuis la Chine en 1925-1927 jusqu’à l’Indonésie en 1965, la « première étape » s’est terminée par le massacre des communistes et des ouvriers et paysans combatifs. En Afrique du Sud, elle signifie la subordination du SACP à l’ANC. Le seul « développement » auquel nous avons assisté, ce sont des « communistes » et des dirigeants syndicaux haut placés qui sont devenus des millionnaires.

La gauche et la « construction de la nation »

En mettant à nouveau au premier plan le mot d’ordre de gouvernement ouvrier centré sur les Noirs, nous notons que Spartacist South Africa, à tort, avait cessé de l’utiliser après 2001. Comme nous l’écrivions dans « Pour un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs ! » [le Bolchévik n° 184, juin 2008], « Ceci nous a privé d’une arme cruciale pour combattre l’illusion que la “révolution démocratique nationale” aurait créé une “nation arc-en-ciel” sur la base de la doctrine “non raciale” tant vantée de l’ANC. » De façon typique pour ceux qui colportent ce genre d’illusions, la Workers International Vanguard League nous accusait, sans craindre le ridicule, de « faire le jeu de ceux qui cherchent toujours à diviser sur des bases ethniques ceux qui étaient autrefois opprimés politiquement » (voir notre brochure de 1998 Hate Trotskyism, Hate the Spartacists n° 1, « Une réponse à la Workers International Vanguard League »).

Quiconque a des yeux pour voir sait que les divisions tribales et ethniques dans les townships et dans les villages, qui avaient été consciemment attisées par le régime de l’apartheid, ne font que prospérer sous la « nouvelle donne », où ceux qui sont au bas de l’échelle continuent à être dressés les uns contre les autres dans une lutte désespérée pour la survie. Artisan de l’austérité, le gouvernement de l’Alliance ne peut que perpétuer ces divisions et employer la tactique du diviser pour régner. Tokyo Sexwale, vétéran de la lutte anti-apartheid de l’ANC et capitaliste noir, qui est actuellement ministre du Logement, s’était rendu tristement célèbre en déclarant en 1994 que les manifestations des habitants métis pauvres des townships le faisaient vomir. L’Alliance démocratique, un parti des privilèges blancs favorable au capitalisme de « libre marché », a réussi à battre l’ANC aux élections régionales d’avril 2009 dans la province du Cap occidental, en grande partie grâce aux voix des électeurs métis, dont beaucoup reprochaient à l’ANC de faire preuve de favoritisme à l’égard des Noirs.

Dans la brochure The Fight for a Revolutionary Vanguard Party : Polemics on the South African Left [La lutte pour un parti révolutionnaire d’avant-garde : polémiques contre la gauche sud-africaine], publiée en 1997, la LCI insistait que « si les frustrations des masses ne trouvent pas de moyen de s’exprimer selon des lignes de fracture de classe, elles alimenteront et envenimeront toutes les autres formes de division ». On l’a vu dans toute son horreur avec les pogromes anti-immigrés de mai 2008. La violence a commencé quand des habitants d’Alexandra qui réclamaient des logements décents se sont retournés contre des immigrés dans cette township, déclenchant ainsi une série de pillages et de meurtres qui s’est étendue à tout le pays. 62 personnes sont mortes dans ces pogromes, dont beaucoup de Sud-Africains tués parce qu’ils « avaient l’air » d’être des immigrés ou parce qu’ils n’appartenaient pas au groupe ethnique dominant localement. Des dizaines de milliers d’immigrés ont été forcés de fuir le pays ou de se réfugier pour survivre dans des camps de réfugiés sordides.

Après que les violences ont éclaté, nous avons publié un tract qui appelait le COSATU et les autres syndicats à se mobiliser en défense des immigrés attaqués, avec comme mots d’ordre : Pleins droits de citoyenneté pour tous les immigrés ! Non aux expulsions ! Les immigrés, qui ont toujours constitué une grande part de la main-d’œuvre employée dans les mines et dans d’autres secteurs de l’économie, doivent être intégrés dans les syndicats avec les mêmes droits et les mêmes avantages que les autres travailleurs. Les syndicats doivent se battre pour des emplois et des logements décents pour tous, ce qui contribuera à unifier les pauvres contre l’ennemi commun capitaliste, au-delà des divisions nationales, tribales et ethniques.

La nécessité urgente de luttes de ce type est apparue encore une fois cette année avec les manifestations dans les townships, qui se sont souvent transformées en agressions contre les petits commerçants pakistanais ou somaliens et d’autres immigrés. L’obstacle à l’unité prolétarienne dans les luttes, ce sont les dirigeants ouvriers traîtres qui acceptent le système capitaliste de pénurie et attisent les préjugés contre les « étrangers » à travers les campagnes protectionnistes sur le thème de la « fierté d’être sud-africain ». Dans cette situation, il y a un besoin criant de construire un parti d’avant-garde multiracial qui joue le rôle de tribun du peuple. Un tel parti, prenant fait et cause pour tous les exploités et tous les opprimés, devra, comme l’écrivait Lénine dans Que Faire ? (1902), « généraliser tous ces faits pour en composer un tableau d’ensemble de la violence policière et de l’exploitation capitaliste […] pour expliquer à tous et à chacun la portée historique et mondiale de la lutte émancipatrice du prolétariat ».

Les chefs du SACP/COSATU et les autres adeptes de la « construction de la nation » acceptent comme sacro-saintes les frontières tracées par les colonialistes britanniques, qui pratiquaient la politique du diviser pour régner en Afrique australe et dans tout leur empire. L’Afrique du Sud n’est pas une nation, mais un Etat issu de la colonisation qui abrite en son sein de nombreux groupes nationaux, tribaux et ethniques, dont plusieurs s’étendent au-delà des frontières du pays. Comme nous l’écrivions dans « La poudrière sud-africaine » :

« Il est tout à fait possible que sous un régime de classe prolétarien, une nation sud-africaine se constitue, à travers la multiplication des mariages mixtes et le développement d’une culture et d’une ou plusieurs langues communes. Cependant, la “construction de la nation” n’est d’aucune façon le but suprême de la révolution socialiste, et l’intégration nationale ne sera pas davantage confinée à la population qui vit actuellement à l’intérieur des frontières de l’Etat sud-africain. »

Seule une fédération socialiste de l’Afrique australe pourra fournir un cadre permettant de surmonter d’une façon démocratique, égalitaire et rationnelle les divisions ethniques et tribales léguées par les impérialistes.

Marxisme contre plans réformistes de nationalisation

La nécessité de forger une nouvelle direction prolétarienne qui soit à la fois révolutionnaire et internationaliste apparaît encore plus clairement avec la récession économique qui a provoqué en Afrique du Sud et dans le monde entier une montée du chauvinisme protectionniste et anti-immigrés. Le Programme de transition de 1938, écrit par Trotsky pendant la grande crise économique des années 1930, et qui constitue le document de fondation de la Quatrième Internationale, est d’une actualité brûlante dans la conjoncture actuelle. Pour résoudre le problème du chômage de masse, le Programme de transition réclame la réduction de la semaine de travail et le partage du travail disponible sans perte de salaire. Des emplois pour tous ! Nous revendiquons des hausses de salaire massives, et une échelle mobile des salaires pour compenser les effets de l’inflation. Pour répondre au besoin pressant de logements, d’écoles, de routes et d’hôpitaux, nous exigeons un programme massif de travaux publics, avec de bons salaires au tarif syndical. Tout ceci montre la nécessité d’une planification économique d’ensemble, dont le système anarchique du profit capitaliste est incapable. Trotsky écrivait :

« Les propriétaires et leurs avocats démontreront l’“impossibilité de réaliser” ces revendications. Les capitalistes de moindre taille, surtout ceux qui marchent à la ruine, invoqueront, en outre, leurs livres de comptes. Les ouvriers rejetteront catégoriquement ces arguments et ces références. […] Il s’agit de la vie et de la mort de la seule classe créatrice et progressive et, par là même, de l’avenir de l’humanité. Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications qui surgissent infailliblement des maux qu’il a lui-même engendrés, qu’il périsse ! La “possibilité” ou l’“impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux que tout la nécessité de liquider l’esclavage capitaliste. »

Dans le monde entier, la crise économique actuelle a discrédité les politiques « néo-libérales », comme la déréglementation des banques, auprès des gouvernements bourgeois ; ceux-ci se sont lancés dans des « plans de sauvetage » des grandes entreprises, avec coupes sombres dans les salaires et dans d’autres dépenses pour tenter de faire redémarrer la croissance économique. Tous ces bricolages ne pourront pas résoudre le problème des crises économiques capitalistes, qui sont inhérentes à un système économique défini par la propriété privée des moyens de production et la course aux profits (voir la brochure spartaciste Karl Marx Was Right : Capitalist Anarchy and the Immiseration of the Working Class [Karl Marx avait raison : anarchie capitaliste et paupérisation de la classe ouvrière], 2009).

Début 2009, le dirigeant de l’ANCYL Julius Malema, la Ligue de la jeunesse communiste et des responsables du COSATU ont à nouveau parlé de nationaliser les mines, qui constituent le cœur de l’économie. Zuma s’est empressé de rassurer les dirigeants patronaux que l’ANC n’avait aucune intention de nationaliser les mines, et qu’il s’agissait là simplement d’un débat amical au sein de l’Alliance. Les nationalisations dont il est question ne sont au fond qu’un plan de réforme bourgeois de plus. Comme l’ont fait remarquer plusieurs commentateurs, un des facteurs qui ont provoqué ce débat a été l’échec de certaines entreprises minières créées dans le cadre de la politique « d’ouverture du pouvoir économique aux Noirs » [black economic empowerment], dont les propriétaires n’arrivent plus à rembourser leurs dettes et doivent être renfloués. Après avoir nationalisé une ou deux mines, le gouvernement pourra les revendre à certains de ses obligés.

Le Mouvement socialiste démocratique (DSM), affilié au Comité pour une internationale ouvrière (CIO) [dont la section française est la Gauche révolutionnaire, aujourd’hui immergée dans le NPA], et A gauche toute !, le groupe des partisans de feu Tony Cliff [en France également dans le NPA], sont entrés dans la danse en appelant au « contrôle ouvrier » des entreprises nationalisées, donnant ainsi une couverture de gauche à l’ANC. Tout ce que cherchent ces réformistes, c’est de faire pression sur le gouvernement bourgeois de l’Alliance pour qu’il défende les intérêts des travailleurs et des pauvres. Le DSM est resté immergé dans l’ANC pendant plus de dix ans, avant de déclarer en 1996 que ce parti était « procapitaliste ». La direction de A gauche toute ! a dans les faits appelé à voter pour l’ANC aux élections d’avril 2009, dans un article d’Alan Goatley et Claire Ceruti publié dans Socialism From Below (novembre 2008) sur la scission d’avec l’ANC de « Terror » Lekota et d’autres éléments partisans de Mbeki. Cet article tirait une fausse « ligne de classe entre l’ANC de Lekota et l’ANC de Zuma », et déclarait que « boycotter n’est pas une option, étant donné ce choix ».

Malema et Cie s’appuient sur la « Charte de la liberté » adoptée par l’ANC en 1955, qui déclare que « les richesses minières souterraines seront transférées à la propriété du peuple tout entier ». La « Charte de la liberté » n’a rien de socialiste. Elle envisage au mieux les nationalisations dans le cadre du capitalisme, une position qui n’est pas rare chez les populistes bourgeois des pays du tiers-monde dominés par l’impérialisme. Délibérément vague sur la manière dont ce transfert de propriété doit être effectué, la Charte déclare que « seul un Etat démocratique […] peut assurer à tous le droit de cité, sans distinction de couleur, de race, de sexe ou de croyances ». Comme nous l’expliquions dans notre article « Forger un parti léniniste-trotskyste pour lutter pour la révolution ouvrière ! » (Spartacist South Africa n° 5, printemps 2007) : « Le “peuple” est divisé en différentes classes, aux intérêts antagonistes. Quand il invoque la “démocratie”, l’ANC entend la démocratie bourgeoise, ce qui signifie avant tout défendre le “droit” des capitalistes à exploiter les travailleurs. »

Dans une réponse à Malema publiée dans le Sunday Times (19 juillet 2009), Ben Turok, député de l’ANC et auteur de la clause économique de la « Charte de la liberté », écrivait : « C’était l’aspect colonial que la Charte entendait renverser, pas la propriété privée. Il n’a jamais été dans les intentions de l’ANC, ni à l’époque ni aujourd’hui, de créer une économie administrée, au moyen de nationalisations. » Il ajoutait : « Assurément, quand l’ANC s’est prononcé pour un règlement négocié, il n’a jamais été question de prendre le contrôle de la grande industrie, et c’est toujours la position politique officielle. »

Les marxistes révolutionnaires sont pour l’expropriation des mines, des grandes fermes et des usines, et ceci sans indemnités pour leurs anciens propriétaires. C’est crucial pour la libération nationale authentique des masses opprimées. Mais il faudra un Etat ouvrier pour mener cela à bien.

Trotsky notait dans le Programme de transition que les marxistes sont pour l’expropriation de la classe capitaliste tout entière, mais qu’il est aussi approprié d’appeler, quand l’occasion s’en présente, à « l’expropriation de certaines branches de l’industrie parmi les plus importantes pour l’existence nationale ou de certains groupes de la bourgeoisie parmi les plus parasitaires ». Il poursuivait : « La différence entre ces revendications et le mot d’ordre réformiste bien vague de “nationalisation” consiste en ce que : 1) Nous repoussons le rachat ; 2) Nous prévenons les masses contre les charlatans du Front populaire qui, proposant la nationalisation en paroles, restent en fait les agents du capital ; 3) Nous appelons les masses à ne compter que sur leur propre force révolutionnaire ; 4) Nous relions le problème de l’expropriation à celui du pouvoir des ouvriers et des paysans. »

Les patrons des mines, qui depuis plus d’un siècle extorquent de fabuleux profits de la surexploitation d’une classe ouvrière majoritairement noire, ne doivent pas recevoir un centime d’indemnités. Contre Vavi, Nzimande, Malema et tous les démagogues du front populaire nationaliste, nous disons que c’est seulement en prenant le pouvoir entre leurs propres mains que les travailleurs pourront commencer à reconstruire la société conformément à leurs intérêts. Il faut pour cela construire un parti léniniste-trotskyste en Afrique du Sud, et ceci fait partie intégrante de la lutte pour reforger la Quatrième Internationale, le parti mondial de la révolution socialiste.