Le Bolchévik nº 189 |
Septembre 2009 |
Dix-huit mois au total pour Gérard Jodar
Liberté pour les militants de l'USTKE !
Il faut riposter contre la répression coloniale et anti-ouvrière !
22 septembre Nous reproduisons ci-dessous le communiqué publié par le CDDS en juillet dernier après la condamnation en première instance des militants de l’USTKE, suite à la lutte qu’ils avaient organisée contre le licenciement d’une employée à Air Calédonie. Le 15 septembre, la cour d'appel de Nouméa a confirmé la condamnation des militants de l’USTKE. Gérard Jodar, le président de l’USTKE, est maintenant condamné à neuf mois de prison ferme. Cinq autres militants écopent également de prison ferme et ont été maintenus en détention à la suite du procès. Gérard Jodar ayant été par ailleurs condamné en appel à un an de prison dont trois mois ferme à propos du conflit contre la filiale de Veolia Carsud, le sursis est du coup tombé concernant les neuf mois qu’il n’avait pas purgés, ce qui porte à 18 mois la réclusion qu’il encourt. Jodar, qui entame bientôt son 4e mois de prison, s’est pourvu en cassation.
En Nouvelle-Calédonie, de nombreux anciens dirigeants indépendantistes du FLNKS ont été achetés, notamment sous le gouvernement Jospin-Buffet, avec quelques miettes tirées de l’exploitation du nickel ; du coup l’USTKE est aujourd’hui la principale force en Nouvelle-Calédonie qui revendique l’indépendance vis-à-vis du colonialisme français. Comme le déclarait la vice-présidente de l’USTKE, Marie-Pierre Goyetche : « Ils n’ont pas été condamnés pour ce qu’ils ont fait mais pour ce qu’ils sont. À travers eux, c’est l’USTKE, ainsi que son engagement indépendantiste que l’on cherche à atteindre, à détruire » (l’Humanité¸ 16 septembre). Plus largement, c’est toute action syndicale, dans les colonies ou dans la métropole, qui se voit potentiellement criminalisée. Pourtant Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, s’est pour le moment contenté d’offrir à l’USTKE son aide pour saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations ou pour entamer une procédure judiciaire auprès de l’Organisation internationale du travail ! Plus que jamais la classe ouvrière en France métropolitaine et dans les colonies doit protester contre le verdict colonial de Nouméa et se mobiliser pour exiger : Liberté pour Gérard Jodar et tous les militants de l’USTKE !
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Paris, le 2 juillet 2009 Gérard Jodar, président de l’Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et Exploités (USTKE), a été condamné le 29 juin à un an de prison ferme, et cinq de ses camarades à entre quatre et douze mois de prison ferme. Dix-huit autres militants ont eux aussi été condamnés à quatre mois de prison avec sursis. Le Comité de défense sociale (CDDS) proteste énergiquement contre cette attaque qui frappe les travailleurs de Nouvelle-Calédonie, de toute la France et de ses colonies. Ces condamnations sont les suites d’une attaque policière le 28 mai dernier. Alors qu’ils manifestaient à l’aérodrome de Magenta, s’opposant au licenciement d’une employée de la compagnie Air Calédonie et à la mise en cause des libertés syndicales, des dizaines de militants de l’USTKE, dont Gérard Jodar et les autres condamnés, ont dû fuir l’assaut brutal des flics et une pluie de grenades lacrymogènes, trouvant refuge dans deux avions d’Air Calédonie. Ils ont été scandaleusement condamnés pour « entrave à la circulation d’un aéronef ». Ils ne faisaient en réalité que défendre le droit de grève et de manifester ! Nous nous solidarisons avec nos frères de classe en Nouvelle-Calédonie contre cette chasse aux sorcières de l’Etat français visant l’USTKE, et nous exigeons leur libération immédiate et la levée de toutes les inculpations.
Ces condamnations sont prononcées dans le contexte de la crise économique mondiale. Les grèves dans les colonies font l’objet d’une répression de plus en plus féroce. Aux Antilles, à la Réunion, en Nouvelle-Calédonie, les luttes syndicales et contre l’oppression coloniale rencontrent répression et violence. En métropole aussi les attaques se multiplient contre les travailleurs, les immigrés et les jeunes, surtout ceux issus de l’immigration, ainsi que contre les nationalistes basques et corses. Ce qu’il faut, c’est une riposte du mouvement ouvrier, organisé indépendamment des forces bourgeoises, sans aucune illusion qu’un gouvernement capitaliste « de gauche » serait mieux disposé vis-à-vis de leurs luttes. La répression coloniale est caractéristique des gouvernements de front populaire tout autant que de la droite du gouvernement Guy Mollet pendant la guerre d’Algérie à celui de Mitterrand qui en 1985 a fait assassiner le dirigeant indépendantiste kanak Eloi Machoro. Sans oublier la répression antisyndicale, et notamment l’emprisonnement de dirigeants de l’UGTG en Guadeloupe, sous le gouvernement Jospin-Buffet. Cette répression fut le précurseur des attaques actuelles contre l’UGTG en Guadeloupe, contre l’USTKE et d’autres syndicalistes.
Les peines contre Jodar et ses camarades montrent que la bourgeoisie cherche à sévir contre la classe ouvrière et contre quiconque ose critiquer la « République française, une et indivisible ». L’USTKE et Jodar en particulier sont depuis longtemps poursuivis et réprimés par l’Etat français. Déjà il y a un an, le CDDS protestait contre la condamnation de Jodar à un an de prison pour « provocation directe à attroupement armé » et la condamnation de 22 autres militants (voir la déclaration du 25 avril 2008, « Liberté pour Gérard Jodar et les militants de l’USTKE ! »). Le message que veut faire passer l’Etat bourgeois avec cette persécution, c’est qu’il écrasera par la force toute tentative des travailleurs, en Nouvelle-Calédonie ou en France, de se défendre contre les licenciements et contre la remise en cause de leurs acquis par l’Etat et les patrons. Mais le mouvement ouvrier, et en particulier les syndicats en métropole, a la puissance sociale qu’il faut pour riposter en touchant la bourgeoisie où ça fait mal le portefeuille, car c’est lui qui produit les profits qu’accaparent les capitalistes. Il doit mobiliser cette puissance pour prendre la défense des militants de l’USTKE. Une attaque contre un est une attaque contre tous, c’est toute la classe ouvrière qui est visée.
Nous sommes en faveur de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et nous exigeons le retrait immédiat de toutes les troupes françaises de Nouvelle-Calédonie et du Pacifique. Le but de ces attaques, c’est que l’impérialisme français maintienne le contrôle du nickel de Nouvelle-Calédonie. L’émancipation du peuple kanak, et une entente harmonieuse entre Kanaks, Calédoniens et Océaniens ne pourront être gagnées qu’en liant les luttes des prolétariats de la région, néo-zélandais, australien et japonais. Cette perspective d’instaurer le socialisme dans tout le Pacifique, c’est celle du programme internationaliste, trotskyste. Liberté pour les militants de l’USTKE condamnés !