Le Bolchévik nº 188

Juin 2009

 

Fac de Rouen Mont-Saint-Aignan :

L'administration PS cherche à casser la mobilisation contre la loi Pécresse

Le président cible la liberté d’expression de tous les étudiants, profs et salariés

A bas la suppression des panneaux d’affichage !

Nous reproduisons ci-dessous un tract de la LTF du 5 mai.

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Cela fait plus de trois mois maintenant que les profs, chercheurs et étudiants sont en lutte contre les projets du gouvernement Sarkozy-Pécresse qui cherchent à ouvrir la voie à la privatisation des universités et réduire encore plus l’accès à l’enseignement supérieur, en particulier pour les étudiants d’origine ouvrière et pour les étudiants étrangers pauvres. Sur la fac de Mont-Saint-Aignan, le président fabiusien, Cafer Ozkul, exige la reprise des cours, « estimant que des avancées ont eu lieu et que la commission de suivi des réformes peut être saisie » (Paris Normandie, 14 avril) ! A bas la loi Pécresse !

C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la récente suppression des panneaux politiques des groupes de gauche dans le hall de la fac de lettres de Mont-Saint-Aignan, dont les profs et étudiants sont au centre de la mobilisation. La bourgeoisie et son administration sur la fac (y compris quand elle est dirigée par un agent social-démocrate comme Ozkul) visent ainsi le droit d’expression politique de tous les étudiants, profs et salariés. Elles veulent arracher aux étudiants le droit de se confronter aux idées et aux luttes politiques et elles veulent, pour mettre en œuvre les attaques de Sarkozy, expulser les organisations politiques de gauche qui interviennent sur la fac. Le mouvement ouvrier, les syndicats, les profs, les étudiants et les salariés BIATOSS doivent combattre cette censure !

Dans le contexte de la crise économique du système capitaliste et de la misère qu’il sème partout, la répression de l’Etat et des patrons devient plus sévère contre tous ceux qui s’opposent à ces attaques. Le gouvernement tape en premier lieu contre les syndicalistes mais aussi, même plus durement, contre les sans-papiers, les jeunes des banlieues et ceux qui sont en dehors du périmètre des « partenaires sociaux » officiels, tels que les jeunes de Tarnac, visés comme « terroristes », ou les manifestants qui se sont fait arrêter dans les protestations anti-OTAN à Strasbourg. Six mois plus tard, Julien Coupat continue de croupir en prison et plusieurs manifestants anti-OTAN commencent leur deuxième mois de prison. La Ligue trotskyste (LTF) dénonce cette vague de répression et ce climat de chasse aux sorcières de l’Etat dans tout le pays, que relaient aussi les administrations universitaires de « gauche » contre les étudiants, profs et chercheurs en lutte. Il faut une mobilisation du mouvement ouvrier, centrée sur les syndicats. Libération immédiate de Coupat et des manifestants anti-OTAN ! Levée des inculpations et des menaces de poursuites judiciaires et licenciements contre les grévistes, les « séquestreurs » de patrons, les étudiants en lutte et les militants de gauche !

Au moment même où le PS fait du bruit contre Sarkozy pour « le respect des libertés publiques », c’est Ozkul, président de l’université de Rouen et partisan notoire de Laurent Fabius (ancien Premier ministre de Mitterrand et cacique du PS), qui applique la censure. Le vacarme anti-Sarkozy du PS a pour but de remettre en selle un nouveau gouvernement capitaliste de gauche du PS, du PCF et des partis bourgeois avec le soutien (que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur) du NPA et de LO. Une fois au pouvoir ces réformistes gèreront le capitalisme en utilisant tous les moyens de l’Etat, c'est-à-dire les flics, les juges, l’armée si nécessaire, pour réprimer les luttes des ouvriers et des étudiants. Le dernier gouvernement de front populaire Jospin-Buffet-Aubry avait été élu en 1997 avec le soutien des LCR/LO, ce qui s’était soldé par des attaques anti-ouvrières et anti-immigrés de grande ampleur. Ce gouvernement avait réactivé le plan de ségrégation raciste Vigipirate (créé par Mitterrand en 1991 lors de la première guerre du Golfe) et avait posé les jalons de la loi Pécresse avec le « processus de Bologne » de 1998 et la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) de 2001. Fabius était ministre des Finances du dernier gouvernement Jospin-Buffet-Mélenchon ; il était à ce titre directement associé à la mise en place de la LOLF.

Déjà en décembre dernier, la doyenne de la fac de lettres de Mont-Saint-Aignan, Marie-Claude Penloup, avait interdit à la LTF de tenir une réunion publique alors que cela fait presque 30 ans que nous tenons régulièrement des réunions publiques sur la fac. Nous avons organisé une campagne avec une pétition pour protester contre cette décision et Penloup nous a avertis verbalement qu’elle voulait exclure les organisations politiques de la fac. Cette censure était le prélude d’une attaque physique de trois nervis racistes contre un de nos sympathisants quelques semaines plus tard, le 21 janvier (voir notre article dans le Bolchévik n° 187). Peu après, le 10 mars, l’administration envoyait des vigiles qui se sont déchaînés contre des étudiants qui tentaient d’occuper la fac, faisant plusieurs blessés. Ces dernières semaines, les flics en civil traînent ostensiblement sur le campus et dans les AG. Les flics, les vigiles, les matons, l’armée, avec leur monopole de la violence légale, ne sont pas des « travailleurs en uniforme » (comme le prétendent les sociaux-démocrates du NPA et de la Gauche révolutionnaire, une tendance à l’intérieur du NPA présente à Rouen), mais les chiens de garde de l’ordre capitaliste. Leur fonction est de préserver la propriété privée et les intérêts de la classe bourgeoise contre les travailleurs et opprimés. Flics et vigiles, hors des facs, hors des syndicats !

L’administration capitaliste et la chaîne syphilitique du PS au NPA (et aux autonomes)

Ces attaques de l’administration montrent à quel point il est illusoire de voir en l’administration de la fac une quelconque alliée des opprimés, quelle que soit la couleur politique de la présidence. L’université et les grandes écoles sont des institutions bourgeoises. Leur fonction principale est de former les cadres des entreprises et les fonctionnaires, les technocrates et les scientifiques dont a besoin l’Etat pour administrer le capitalisme français et pour produire des justifications idéologiques à la domination impérialiste française. L’administration de l’université n’est rien d’autre que l’agent de la bourgeoisie sur la fac. Abolition de l’administration de la fac ! Ceux qui travaillent, étudient et enseignent sur les universités doivent les diriger – pour le contrôle ouvriers/étudiants/enseignants ! Mais la bourgeoisie ne va jamais lâcher le contrôle de ses fabriques du savoir – il faudra le lui arracher dans une lutte pour renverser tout le système capitaliste par la seule classe qui ait la puissance pour le faire, la classe ouvrière ! Nous cherchons à gagner les étudiants à cette perspective, et c’est ce que veut empêcher l’administration en cherchant à nous faire taire.

Mais que disent le NPA ou la Gauche révolutionnaire face à ces attaques ? Jusqu’ici, rien à notre connaissance, car ils sont eux-mêmes enchaînés par mille liens de collaboration de classes à l’administration « de gauche » de Mont-Saint-Aignan. Le « tous ensemble » prôné par les NPA, UNEF, JC, SUD-Etudiants et dirigeants du SNESup avec les présidents d’université « progressistes » comme Ozkul, ou Pascal Binczak à Paris 8 (voir le Bolchévik n° 179, mars 2007 sur l’expulsion des étudiants sans papiers par ce président « de gauche »), veut dire en réalité l’unité entre sociaux-démocrates et avec la bourgeoisie ; cette « unité » sert à paralyser la lutte contre l’administration et plus largement contre le capitalisme (et les « autonomes » anticommunistes se gardent bien de dénoncer les NPA et consorts, leur servant ainsi de couverture de gauche).

Nous sommes intervenus en AG pour dénoncer ce président PS qui envoie sur cette fac les vigiles et qui applique la ségrégation sociale et raciale. Nous nous battons pour des facs de qualité et gratuites pour tous, avec des bourses adéquates. Mais le NPA, pour ne pas froisser l’administration PS de la fac et leur camarade Ozkul, a scandaleusement appelé, lors des AG du 5 et du 12 février, les étudiants à s’abstenir sur notre motion qui condamnait l’attaque contre notre sympathisant et appelait à chasser les nervis s’ils réapparaissent ; les représentants du NPA ont même refusé une motion pour la régularisation de tous les étudiants sans papiers (sous la pression ils ont finalement cédé). Ils préparaient ainsi le terrain pour l’attaque de l’administration contre le mouvement ouvrier (et eux-mêmes !) que représente la confiscation des panneaux politiques. Dans les faits, la soi-disant « indépendance vis-à-vis du PS » du NPA/LCR est une farce – chaque fois, lors des élections, ils sortent leur traditionnel vote pour Mitterrand, Jospin ou Royal (et même pour le bourgeois de droite Chirac en 2002 contre Le Pen). Au fond, leur fonction dans les luttes est de donner une couverture « combative » à la promotion d’un nouveau gouvernement capitaliste de gauche.

Après trois mois de lutte des étudiants et des profs/enseignants/chercheurs, la bourgeoisie n’a pour le moment rien lâché. Contrairement au prolétariat, les étudiants et les profs/enseignants/chercheurs n’ont pas la possibilité d’arrêter et de saisir les moyens de production et de tarir ainsi la production des profits qui sont la raison d’être du système capitaliste. On peut voir la puissance potentielle du mouvement ouvrier avec les nombreuses occupations d’usines et grèves dans le pays. Et surtout on a pu voir avec la Révolution ouvrière d’octobre 1917 qu’il est possible de renverser le système capitaliste et d’instaurer une économie planifiée. Même plus tard, après l’usurpation du pouvoir politique par une bureaucratie stalinienne conservatrice et nationaliste, l’économie collectivisée a montré sa supériorité avec l’énorme pas en avant qu’avait fait l’Union soviétique, devenue deuxième puissance mondiale, par rapport au système capitaliste. Le capitalisme est un système irrationnel. Inévitablement, du fait de l’anarchie inhérente à la propriété privée des moyens de production, il sécrète les crises économiques, l’oppression raciste et les guerres. La seule solution, c’est de renverser le capitalisme par une révolution ouvrière qui permettra de jeter les bases d’une société socialiste d’abondance basée non pas sur les profits capitalistes mais sur les besoins de la population.

Nous nous battons pour que les étudiants s’allient à la puissance sociale de la classe ouvrière multiethnique à travers la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire, tribun du peuple. Le fait que l’administration interdise des meetings d’organisations de gauche, détruise leur affichage politique, envoie des vigiles contre les étudiants, ainsi que la présence de nervis racistes sur le campus, montrent que la bourgeoisie fait tout en cette période de crise mondiale du capitalisme pour enrégimenter la jeunesse et les syndicats, à un moment où le chômage augmente de façon astronomique dans toutes les couches de la jeunesse, même celle avec des diplômes. Pendant ce temps les dirigeants traîtres des partis et organisations réformistes et des bureaucraties syndicales perpétuent l’illusion qu’un capitalisme plus social est possible. La classe ouvrière, les étudiants, les profs/chercheurs ont besoin d’une nouvelle direction révolutionnaire léniniste. C’est pour construire cette direction que nous luttons dans la LTF. Seule la révolution socialiste mettra un terme à ce système barbare !