Supplément au Bolchévik nº 185 |
Octobre 2008 |
LO, LCR : la faillite du réformisme face à la crise financière
Pour la révolution socialiste ! Pour les Etats-Unis socialistes d'Europe !
10 octobre La crise financière qui a éclaté aux Etats-Unis, et sur laquelle nous reproduisons en première page un article de nos camarades américains, se répand maintenant comme une traînée de poudre en Europe, où les marchés sont à feu et à sang. La troisième banque allemande n’est maintenue en survie (pour le moment) que grâce à l’injection en urgence de 50 milliards d’euros par le gouvernement allemand de coalition CDU-SPD. En France, la banqueroute de Natixis risque d’entraîner les Caisses d’épargne et les Banques populaires. C’est le sauve-qui-peut général où les différents gouvernements capitalistes nationaux agissent en ordre dispersé pour sauver leur propre capital financier de la faillite au détriment de leurs rivaux européens. En l’espace de quelques jours l’une des principales banques de Belgique, Fortis, a été démantelée et dépecée par l’Etat hollandais et la BNP française (qui a gracieusement abandonné à l’Etat belge les prêts « toxiques » de Fortis en ne mettant la main que sur l’activité de dépôts qu’elle juge rentable), pendant que la banque franco-belge Dexia était renflouée à répétition par les Etats français, belge et luxembourgeois.
Le monde capitaliste est à nouveau déchiré par la crise économique, l’une de ces crises dont l’éclatement cyclique est inhérent au système capitaliste lui-même. Les rivalités entre puissances impérialistes, qui ont déjà conduit à deux conflagrations mondiales, s’aiguisent à nouveau. Comme l’écrivait Lénine en 1915 (« A propos du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe », uvres, tome 21) :
« Pour mesurer la force réelle d’un Etat capitaliste, il n’y a et il ne peut y avoir d’autre moyen que la guerre. La guerre n’est pas en contradiction avec les principes de la propriété privée ; elle en est le développement direct et inévitable. En régime capitaliste, le développement égal des différentes économies et des différents Etats est impossible. Les seuls moyens possibles, en régime capitaliste, de rétablir de temps en temps l’équilibre compromis, ce sont les crises dans l’industrie et les guerres en politique. »
Pour ce qui est de l’Europe, cette crise montre une nouvelle fois ce que nous disons depuis longtemps : l’Union européenne n’est qu’un consortium instable de puissances impérialistes rivales (et d’Etats capitalistes intermédiaires, les pays d’Europe de l’Est issus de la contre-révolution capitaliste étant eux plus proches d’un statut néocolonial) ; c’est un bloc dirigé contre leurs classes ouvrières respectives, contre les immigrés et contre leurs rivaux impérialistes des USA et du Japon. A bas l’Union européenne, cette forteresse capitaliste raciste !
Une chose est claire, c’est que ce sont les travailleurs à qui les capitalistes vont présenter la facture. Une lutte de classe acharnée est nécessaire pour défendre pied à pied les acquis des travailleurs qui vont être attaqués. Mais alors que Sarkozy navigue à vue pour éviter chaque jour qu’un nouveau cataclysme n’emporte le capitalisme français en multipliant les attaques anti-ouvrières, les sociaux-démocrates du PS n’ont que les 15 milliards du paquet fiscal de l’année dernière à lui reprocher, et ceux du PCF préconisent un pôle financier public pour accroître de quelques milliards les moyens de l’Etat pour sauver les institutions financières françaises de la disparition pure et simple.
Toute « solution » nationale à la crise consiste à enchaîner les travailleurs dans l’« unité nationale » avec leur propre bourgeoisie pour sauver le capitalisme de leur propre pays contre ses rivaux étrangers. Le chauvinisme des sociaux-démocrates et des bureaucraties syndicales signifie qu’ils défendent les intérêts de « leur » bourgeoisie impérialiste contre la classe ouvrière, ici et à l’étranger. La défense des intérêts de classe du prolétariat doit être au contraire imprégnée du programme de la lutte de classe et de la solidarité internationale que Karl Marx et Friedrich Engels avaient inscrit sur l’étendard du mouvement communiste il y a 160 ans : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous. » Nous luttons pour des Etats-Unis socialistes d’Europe, qui ne pourront voir le jour qu’avec le renversement révolutionnaire des bourgeoisies du continent par la classe ouvrière. Cela exige de reforger la Quatrième Internationale, parti mondial de la révolution socialiste, dans une lutte acérée pour arracher la classe ouvrière à ses directions réformistes traîtres, que ce soit en France le PS et le PCF, ou Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Besancenot : un « Paulson de gauche » ?
En ce qui concerne les ex-pseudo-trotskystes de la LCR, ou ceux de LO, ils élèvent un peu le ton en parlant de « rupture avec le capitalisme » (LCR) ou même de « révolution sociale » (LO). Voyons un peu. La LCR écrit : « Le résultat le plus clair de l’injection massive, par l’Etat, de liquidités dans le secteur bancaire a été de nationaliser les pertes et de privatiser les profits. » Effectivement. Elle ajoute :
« Le crédit est indispensable au fonctionnement de l’économie. Oui, il faut nationaliser tous les organismes bancaires et financiers, mais sans rachat et sous contrôle de la population, en en expropriant les gros actionnaires dont l’irresponsabilité a conduit à la catastrophe actuelle. »
Rouge, 2 octobre
« Exproprier », cela peut paraître plus radical que les schémas sociaux-démocrates classiques de « nationalisations » comme sous Mitterrand qui avait nationalisé les banques, la sidérurgie et autres (encore que la LCR se limite aux « gros actionnaires » irresponsables). En fait, vu les masses de prêts aujourd’hui irrécouvrables qu’ont octroyés les banques, plusieurs fois au-delà de leurs propres fonds propres, et les dettes qu’elles ont elles-mêmes accumulées en regard de ces prêts, il faudrait se faire payer pour reprendre ces banques avec la totalité de leurs engagements « toxiques ». En d’autres termes, quand l’Etat bourgeois « exproprie » aujourd’hui une banque c’est encore la reprendre au-delà de sa valeur ! Comme l’explique ironiquement le très bourgeois Monde diplomatique (octobre), Henry Paulson, le Secrétaire au Trésor (ministre des Finances) américain, a nationalisé l’assureur AIG contre un crédit pour le sauver de la faillite : « Une fois le crédit éteint [remboursé], l’Etat fédéral n’en demeurera pas moins actionnaire à 79,9 %. C’est donc qu’il s’est livré à une prise de contrôle pour l’instant sans bourse délier : une expropriation ! » Paulson « exproprie » les banques et les assurances parce qu’il est un serviteur de la bourgeoisie américaine, le crime de Besancenot c’est qu’il propose au fond la même chose tout en prétendant défendre les intérêts des travailleurs (français).
Pour l’Etat capitaliste il s’agit de sauver l’ensemble du système. Rouge, le journal de la LCR, est bien d’accord : « Le crédit est indispensable au fonctionnement de l’économie. » Un article dans le numéro du 9 octobre ajoute même : « Il n’y a donc pas lieu de s’opposer, sur le principe, au sauvetage des banques. En revanche, c’est sur les conditions dans lesquelles celui-ci s’effectue que doit se concentrer la bataille. » Voici la LCR au chevet du capitalisme à l’agonie, et la seule chose qu’ils demandent en retour, c’est un peu de « contrôle ouvrier » : « Il faut donner aux travailleurs de véritables pouvoirs dans l’entreprise et, pour cela, modifier le droit de propriété, par exemple par la participation d’une représentation des salariés aux pouvoirs de décision » (dixit Besancenot, Rouge, 9 octobre). Il ne s’agit en d’autres termes ni de contrôle ouvrier véritable ni d’incursion dans le droit de propriété capitaliste : la LCR revendique tout simplement quelques sinécures pour les bureaucrates syndicaux dans les conseils d’administration capitalistes, comme au bon vieux temps de Mitterrand.
Elle propose au fond une autre version du « pôle financier public » du PCF, en y ajoutant vaguement la nécessité d’un contrôle « par la population » pour donner un côté « démocratique » à l’affaire tout en escamotant la question de l’Etat capitaliste. Trotsky insistait au contraire dans le Programme de transition : « L’ETATISATION DES BANQUES ne produira toutefois ces résultats salutaires que si le pouvoir d’Etat lui-même passe entièrement des mains des exploiteurs aux mains des travailleurs. »
La question de l’Etat est fondamentale ; les réformistes sèment l’illusion que l’Etat serait une institution neutre, au-dessus des classes, et que l’on pourrait donc l’utiliser dans les intérêts des travailleurs en faisant pression sur lui ou en y conquérant des positions, pour commencer au niveau municipal. Mais la tâche des révolutionnaires, c’est de préparer le renversement et la destruction de l’Etat bourgeois au cours d’une révolution ouvrière. Aussi nous refusons d’alimenter les illusions qu’on pourrait utiliser cet appareil d’oppression qu’est l’Etat en y occupant des postes exécutifs pour administrer le capitalisme soi-disant dans l’intérêt des travailleurs. Et nous refusons en conséquence aussi de nous présenter à l’élection de tels postes exécutifs, du maire au président de la République, le chef des armées.
La LCR a formellement renoncé en 2003 à la dictature du prolétariat avant de s’embarquer dans la construction d’un « nouveau parti anticapitaliste » (NPA) : maintenant elle dénonce le communisme et la révolution, et donc quand elle parle d’expropriation, c’est d’une expropriation par l’Etat bourgeois, qui nécessairement fera payer les pertes à la classe ouvrière : du Paulson plutôt que du Marx ! Ce qu’il faut pour résoudre les problèmes des ouvriers qui s’aggravent, c’est l’expropriation des capitalistes par la classe ouvrière au pouvoir : la dictature du prolétariat.
La LCR se présente aujourd’hui comme la social-démocratie du 21e siècle (voir notre article dans le Bolchévik n° 184), disponible pour gérer le capitalisme. C’est ce qu’ils ont fait il y a quelques années au Brésil avec un ministre dans le premier gouvernement Lula, et c’est ce qu’ils font déjà au niveau municipal en France. Par exemple, à Gentilly en banlieue parisienne, ils font depuis mars partie intégrante de la majorité municipale (2 élus dès le premier tour) sur une liste de front populaire, c’est-à-dire une alliance de collaboration de classes, dirigée ici par le PCF, avec la participation d’organisations bourgeoises comme le Parti radical de gauche.
Plan d’urgence réformiste contre programme de transition trotskyste
Rouge écrit en date du 26 septembre : « Un sursaut s’impose, la contre-offensive doit s’organiser. Il nous faut un nouveau plan d’urgence, un plan d’urgence face à la crise. » Leur plan d’urgence, ce sont d’indigentes réformettes, du genre « Sans augmenter le déficit, il serait possible de faire autrement en revenant sur les avantages fiscaux consentis aux plus riches ces dernières années » (Rouge, 2 octobre) la LCR garantit à la bourgeoisie qu’elle n’alourdira pas le déficit budgétaire ! Dans un éditorial du même numéro de Rouge, François Sabado ajoute :
« Il faut d’abord défendre l’emploi, interdire les licenciements, en particulier dans les entreprises qui font des profits. Il faut arrêter les plans de suppressions d’emplois dans le secteur public et, au contraire, créer des centaines de milliers d’emplois publics. »
La crise actuelle montre une nouvelle fois que les licenciements sont un mécanisme fondamental du capitalisme : c’est une utopie réformiste de proposer l’interdiction des licenciements (par l’Etat bourgeois) peut-être que c’est pour cette raison que la LCR limite d’habitude sa proposition aux entreprises qui font des profits, des entreprises qui vont très bientôt se faire rares ! Sinon, « créer des centaines de milliers d’emplois » est un chiffre somme toute acceptable pour la bourgeoisie : il fait pâle figure à côté des millions de chômeurs officiellement reconnus par l’Etat, un chiffre qui va croître dramatiquement dans la période à venir en frappant tout d’abord les femmes, les immigrés, les jeunes des banlieues qui déjà étaient cantonnés aux emplois les plus précaires, les plus mal payés.
Pour mobiliser la puissance sociale de la classe ouvrière, il faut une lutte politique dans les syndicats pour une direction lutte de classe pour remplacer les bureaucrates, qui défendent l’industrie « nationale » contre les travailleurs des autres pays. Il faut se battre contre les licenciements massifs qui s’annoncent par exemple dans l’industrie de la construction ; pour cela la classe ouvrière doit lutter contre l’oppression raciste qui sert à miner l’unité de la classe ouvrière, en exigeant les pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici et en se mobilisant contre les expulsions. Dans l’automobile, de nombreux jeunes de banlieue sont intérimaires et autres précaires ; la lutte pour empêcher les patrons de licencier d’abord ceux-ci avant de s’en prendre aux autres travailleurs doit être liée à une lutte politique contre toutes les formes de discrimination raciste à l’embauche, et dans tous les autres aspects de la vie en-dehors de l’usine : face à la terreur raciste de l’Etat bourgeois, le mouvement ouvrier doit défendre les jeunes de banlieue ! Comme l’expliquait Trotsky :
« Le DROIT AU TRAVAIL est le seul droit sérieux qu’ait l’ouvrier dans une société fondée sur l’exploitation. Cependant, ce droit ne cesse de lui être contesté. Contre le chômage, tant “structurel” que “conjoncturel”, il est temps de lancer, en même temps que le mot d’ordre des travaux d’utilité publique, celui de L’ECHELLE MOBILE DES HEURES DE TRAVAIL. Les syndicats et les autres organisations de masse doivent lier ceux qui ont du travail et ceux qui n’en ont pas par un engagement mutuel de solidarité. Le travail disponible doit être réparti entre tous les bras disponibles, cette répartition déterminant la durée de la semaine de travail. Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu’avec l’ancienne semaine de travail. Le salaire, avec un MINIMUM strictement assuré, suit le mouvement des prix. Aucun autre programme ne peut être accepté pour l’actuelle période de catastrophes. »
On voit déjà les capitalistes et leurs valets sociaux-démocrates hurler que tout cela est irréaliste. Trotsky répond :
« Il s’agit de préserver le prolétariat de la déchéance, de la démoralisation et de la ruine. C’est une question de vie ou de mort pour la seule classe créatrice et progressiste et, par là même, c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu. Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications que font surgir de façon inéluctable les maux qu’il a lui-même engendrés, qu’il périsse ! La “possibilité” ou l’“impossibilité” de réaliser ces revendications est, dans le cas présent, une question de rapport de forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Au travers de cette lutte, et quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront, plus que de toute autre façon, la nécessité de liquider l’esclavage capitaliste. »
Lutte ouvrière : municipalisme bourgeois et économisme
Quant à LO, un de ses principaux dirigeants, Georges Kaldy, a signé un long article dans Lutte Ouvrière du 19 septembre sur la crise économique, qu’il conclut en disant : « Pour les travailleurs, il n’y a pas d’autre programme face à la crise de l’économie capitaliste qu’une politique visant à détruire ce système économique, c’est-à-dire la révolution sociale. » Langage très inhabituel dans Lutte Ouvrière, qui reflète la pression sur cette organisation des succès électoraux, médiatiques et sondagiers de la LCR ; LO cherche à montrer qu’ils ont encore une raison d’être en se positionnant à gauche de la LCR quand celle-ci dénonce ouvertement la révolution, le communisme et le trotskysme. LO vient d’ailleurs d’exclure sa minorité sociale-démocrate qui depuis un an est rongée d’impatience à l’idée de se liquider dans le nouveau parti anticommuniste de Besancenot. Mais qu’en est-il de ceux qui ont décidé de placer LO sur des listes de front populaire pour gérer le capitalisme dans les municipalités il y a moins d’un an (même la minorité droitière pro-LCR pouvait les critiquer sur une capitulation aussi grotesque) ? Evidemment la direction de LO ne va pas s’exclure elle-même !
Cela montre que les déclarations de LO sur la « révolution sociale » ne sont que des mots creux. Au fond ils sont tout aussi réformistes que la LCR, même si pendant longtemps ils ont plutôt voulu gérer la CGT que l’Etat capitaliste. Et d’ailleurs ils revendiquent en gros la même chose que la LCR, comme « il faut exproprier les banques ! » et « interdire les licenciements ! » (titres de Lutte Ouvrière du 10 octobre). Ils insistent sur le contrôle des banques de la part « de leurs salariés, de leurs petits usagers et de toute la population » (éditorial des bulletins d’entreprise du 6 octobre), qui est plus vague que les sinécures au conseil d’administration revendiquées par la LCR, mais qui de ce fait ne reste qu’une pieuse généralité dissolvant au passage la classe ouvrière dans les « petits usagers » et « toute la population ». Ils dénaturent la revendication avancée dans le Programme de transition, où Trotsky explique que le contrôle ouvrier doit « révéler enfin, devant toute la société, quel effroyable gaspillage de travail humain résulte de l’anarchie capitaliste et de la course au profit mise à nu [ ]. Les comités d’usine, et eux seuls, peuvent assurer un véritable contrôle sur la production [ ]. » Pour Trotsky les revendications du contrôle ouvrier et de l’ouverture des comptes doivent servir à orienter les travailleurs vers des organes de double pouvoir ouvrier (soviets) et la révolution. Pour LO il s’agit simplement d’« exiger la transparence sur tous les mouvements financiers », comme si l’on pouvait « moraliser » le capitalisme sous la pression de « toute la population ».
Pour LO la crise est largement due à la baisse des salaires, et donc il suffirait d’augmenter les salaires pour la résoudre, sans renverser le capitalisme. Lors de la manifestation syndicale du 7 octobre on pouvait voir comment Lutte ouvrière sème ce genre d’illusions dans la classe ouvrière : le cortège de la CGT de PSA Aulnay (qui est dirigée par LO) scandait « Pour sortir de la crise, c’est pas les banques qu’il faut aider, c’est les salaires qu’il faut augmenter » (l’Humanité, 8 octobre). Comme le disait Marx (le Capital, livre III) :
« La raison ultime de toute véritable crise demeure toujours la pauvreté et la limitation de la consommation des masses, en face de la tendance de la production capitaliste à développer les forces productives comme si elles n’avaient pour limite que la capacité de consommation absolue de la société. »
Cette contradiction est insoluble dans le cadre du capitalisme. Le système capitaliste fonctionne non pas sur la base des besoins à satisfaire dans la population, mais sur la nécessité d’airain pour les capitalistes individuels de faire des profits : « Le taux de profit est la force motrice de la production capitaliste, et on n’y produit que ce qui peut être produit avec profit et pour autant que cela peut être produit avec profit » (le Capital, livre III). LO prédit à juste titre que
« L’amplification de la crise amènera inévitablement l’intensification de cette guerre contre le monde du travail [ ]. La question immédiate pour la classe ouvrière et plus généralement pour les classes populaires est de savoir comment se défendre contre “les deux maux économiques fondamentaux dans lesquels se résume l’absurdité croissante du système capitaliste, à savoir le chômage et la cherté de la vie”, pour reprendre l’expression de Trotsky. »
Mais là où Trotsky répond avec l’échelle mobile des salaires et des heures de travail, c’est-à-dire le partage du travail entre toutes les mains sans perte de salaire, et un programme de transition vers la prise du pouvoir, LO au contraire se limite, au-delà de rares déclarations sur la « révolution sociale » dans un avenir indéterminé, à se faire l’écho de la bureaucratie syndicale dont elle cherche simplement à accroître légèrement la combativité. Ainsi appelait-elle aux manifestations du 7 octobre :
« Pour l’instant, les appels syndicaux pour cette journée restent bien en-deçà de ce qui serait nécessaire [ ]. En tout cas, tous ceux qui agiront ce jour-là auront raison de le faire. Car cela peut être l’occasion d’affirmer la nécessité de rassembler l’ensemble du monde du travail pour imposer la garantie des salaires et des pensions de tous, en finir avec la précarité et les licenciements, obliger le patronat à prendre sur ses profits accumulés pour garantir une vie digne à chacun. »
Lutte Ouvrière, 3 octobre
Comme si le patronat pouvait sans mentir « garantir une vie digne à chacun » ! C’est justement parce qu’il ne peut pas le faire que la classe ouvrière devrait voir de plus en plus clairement la nécessité de renverser tout le système capitaliste par une révolution socialiste.
Pour de nouvelles révolutions d’Octobre
Comme le disait Marx, le système capitaliste « n’est pas un système de production absolu, mais un simple mode historique de production correspondant à une certaine époque de développement restreint des conditions matérielles de production » (ibid.) La révolution d’Octobre en Russie en 1917 avait donné chair et sang à cette prédiction de Marx que le système capitaliste peut et doit être remplacé par un mode de production supérieur, où les moyens de production ont été collectivisés. C’est pourquoi nous trotskystes nous sommes battus jusqu’au bout pour la défense militaire inconditionnelle de l’Union soviétique, tout en luttant pour une révolution politique prolétarienne contre la bureaucratie stalinienne qui sapait les fondements de l’Etat ouvrier avec sa politique nationaliste de « construire le socialisme dans un seul pays ». Nous avons été les seuls à lutter contre la réunification capitaliste de l’Allemagne, en mobilisant nos forces pour une Allemagne rouge des conseils face à la bureaucratie stalinienne qui abdiquait et qui en 1990 a livré la RDA à la bourgeoisie allemande. Nous poursuivons aujourd’hui cette lutte en défendant les Etats ouvriers déformés restants Chine, Cuba, Vietnam, Corée du Nord.
Ces quinze dernières années la destruction finale de l’Etat ouvrier dégénéré soviétique a été marquée par un triomphalisme capitaliste débridé et les applaudissements des réformistes de tout poil qui avaient dans la mesure de leurs forces contribué à la contre-révolution capitaliste. Ainsi Alain Krivine, dirigeant historique de la LCR de Besancenot, proclamait dans son autobiographie Ca te passera avec l’âge (!) à propos de la disparition de l’URSS : « Sa fin ne pouvait que nous réjouir. Et, sans la moindre hésitation, nous nous sommes effectivement réjouis. » Et maintenant les ouvriers et les opprimés du monde souffrent des conséquences de la contre-révolution. Mais la crise économique qui ravage le système capitaliste mondial montre qu’il n’y a pas d’autre issue pour la classe ouvrière que dans le renversement du système par une révolution socialiste. Nous luttons pour construire le parti ouvrier révolutionnaire d’avant-garde qui seul pourra conduire la classe ouvrière à la victoire pour reconstruire la société sur une base socialiste internationale.