Le Bolchévik nº 179 |
Mars 2007 |
Pour la défense militaire inconditionnelle de la Chine !
Les tests darmements chinois piquent au vif les impérialistes
Le 11 janvier, un missile chinois percutait un vieux satellite météorologique chinois, quelque 800 kilomètres au-dessus du centre spatial de Xichang. Cet exercice représentait une avancée significative dans la capacité de lEtat ouvrier déformé chinois à se défendre contre une première frappe nucléaire de limpérialisme américain. La menace dune telle attaque sest accrue avec les plans de Washington pour le déploiement, dans la partie asiatique du Pacifique, dun « système de défense antimissile » utilisant des satellites.
Les gouvernements américain, britannique et japonais ont poussé de hauts cris après ce test réussi. Avec un sacré culot, un porte-parole du Conseil national de sécurité de Bush a déclamé que « Le développement et le test de telles armes par la Chine est incompatible avec lesprit de coopération auquel nos deux pays aspirent dans le domaine de lespace civil. » Lécrasante puissance militaire du gouvernement américain, qui dépasse de loin celle de ses rivaux impérialistes, sans parler de celle de la Chine, inclut une militarisation générale de lespace. En octobre dernier, ladministration a dévoilé une nouvelle « politique nationale de lespace » (contresignée par Bush deux mois auparavant) proclamant le droit unilatéral de Washington à « interdire, si nécessaire, aux adversaires lutilisation de capacités spatiales hostiles aux intérêts nationaux américains ». En fait, cette politique vise principalement à empêcher la Chine de développer des armes antisatellites.
Derrière le battage impérialiste sur une mythique « agression » chinoise se cache un vrai problème militaire. La machine de guerre américaine est devenue très dépendante dun vaste réseau de satellites pour le renseignement, les communications, la navigation et la précision des tirs. Les Etats-Unis possèdent ou contrôlent plus de la moitié des 845 satellites commerciaux et militaires actifs actuellement en orbite. Des dizaines dentre eux opèrent sur des orbites basses similaires à celle du satellite chinois Fengyun 1C qui vient dêtre détruit. Daprès Aviation Week and Space Technology (21 janvier), qui a révélé le test antisatellite chinois, larmée chinoise peut maintenant « menacer de façon crédible les satellites de reconnaissance et dimagerie et dautres satellites mis en uvre par les Etats-Unis, le Japon, la Russie, Israël et lEurope ». En outre, selon un responsable américain, la Chine a récemment « flashé » des satellites américains avec un laser terrestre, ce qui révèle sa capacité potentielle de les mettre hors service. Sur des orbites nettement plus hautes se trouvent les satellites du Global Positioning System du Pentagone, un réseau vital, et dautres engins spatiaux.
La Ligue communiste internationale (LCI), dont la Spartacist League/U.S. est la section américaine, se prononce pour la défense militaire inconditionnelle de la Chine et des autres Etats ouvriers bureaucratiquement déformés, la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba, contre les agressions impérialistes et la contre-révolution intérieure. Nous soutenons le développement par la Chine et la Corée du Nord darmes nucléaires et de vecteurs permettant de les utiliser, en raison de leur rôle essentiel pour la défense de ces Etats ouvriers. La force atomique chinoise, qui aligne environ 200 têtes nucléaires et probablement une vingtaine de missiles balistiques intercontinentaux capables datteindre les Etats-Unis, constitue une dissuasion contre les meurtriers génocidaires américains qui en 1945 ont transformé Hiroshima et Nagasaki en champs de ruines radioactives.
La Chine est depuis la Guerre de Corée une cible de larsenal atomique américain, qui compte actuellement environ 10 000 têtes nucléaires. Pendant plusieurs décennies, la force nucléaire de lUnion soviétique a dissuadé les impérialistes de lancer leurs bombes meurtrières. Depuis la destruction contre-révolutionnaire de lEtat ouvrier dégénéré soviétique en 1991-1992, Washington a redirigé une bonne partie de ses forces stratégiques vers la cible chinoise, le plus puissant des derniers pays où le capitalisme a été renversé. Les forces spatiales du Pentagone sont conçues pour garantir sa capacité de première frappe en anéantissant toute riposte.
Il convient de noter que les récents tests darmements auxquels ont procédé la Chine et la Corée du Nord ont été menés alors que les Etats-Unis sont enlisés dans leur occupation meurtrière de lIrak. Dailleurs, la principale objection du Parti démocrate à la politique irakienne de Bush est quelle détourne les ressources de cibles stratégiquement plus importantes, comme la Chine.
En même temps, les Etats-Unis ont entrepris dencercler la Chine sous couvert de lutte contre le « terrorisme ». Pékin a traîtreusement rejoint la « guerre contre le terrorisme » des impérialistes au nom de la préservation de ses rapports économiques avec les Etats-Unis. Ceux-ci ont maintenant des installations militaires en Asie centrale, sur le flanc ouest de la Chine, et ils ont renforcé leur présence militaire aux Philippines. Ladministration Bush a conclu lannée dernière un pacte nucléaire avec lInde, et en 2005 elle a renoué ouvertement des relations militaires avec lIndonésie. En Australie, qui joue depuis longtemps le rôle de partenaire subordonné des opérations planétaires du Pentagone, dimmenses bases américaines sont en construction à Bradshaw et à Yampin Sound.
La Chine dans le collimateur des impérialistes
La Révolution chinoise de 1949 a renversé le pouvoir des capitalistes et des propriétaires terriens, et arraché le pays le plus peuplé du monde aux griffes des puissances impérialistes qui tenaient depuis longtemps la Chine sous leur férule. Bien que déformée dès lorigine par le pouvoir dune bureaucratie stalinienne parasite, la Révolution chinoise a jeté les bases de la collectivisation de léconomie, avec comme résultat un immense progrès social pour les ouvriers, les femmes et les paysans. La destruction de lEtat ouvrier chinois est un objectif stratégique pour les puissances capitalistes qui voudraient transformer la Chine en une vaste zone dexploitation sans limite pour y faire des superprofits. A la poursuite de la contre-révolution, les impérialistes accroissent leur pression militaire contre la Chine, et en même temps approfondissent leur pénétration économique du pays en profitant des « réformes de marché » de Pékin.
La défense des Etats ouvriers contre limpérialisme est sapée par le pouvoir des bureaucraties staliniennes nationalistes, dont la politique est résumée dans le dogme de la « construction du socialisme dans un seul pays ». Les staliniens sont contre la lutte pour la révolution prolétarienne internationale, et poursuivent à la place la quête futile dune « coexistence pacifique » avec limpérialisme. Un exemple criant est le partenariat traître de Pékin avec les Etats-Unis, le Japon et dautres puissances pour essayer de désarmer la Corée du Nord. Après le test nucléaire réussi par la Corée du Nord en octobre dernier, la Chine, de façon criminelle, a voté des sanctions contre Pyongyang au Conseil de sécurité de lONU.
La bureaucratie stalinienne chinoise a joué un rôle non négligeable dans la destruction de lUnion soviétique, qui était le bastion industriel et militaire du monde non capitaliste. A la suite de la brouille entre Moscou et Pékin qui a commencé à la fin des années 1950, Mao Zedong a cherché à conclure une alliance avec limpérialisme américain contre lUnion soviétique. Cette alliance a été scellée quand Mao a rencontré le Président américain républicain Richard Nixon en 1972, alors que les bombes américaines pleuvaient sur le Vietnam et le Cambodge. En 1979, quatre ans seulement après la victoire des héroïques ouvriers et paysans vietnamiens, la Chine, dirigée par Deng Xiaoping, a envahi le Vietnam, tirant les marrons du feu pour limpérialisme américain. Cette alliance permit aux Etats-Unis, sous Ronald Reagan, dajouter à leur arsenal antisoviétique la plus grande partie des armes nucléaires auparavant braquées contre la Chine, en même temps quelle immobilisait en Extrême-Orient une quantité significative de forces soviétiques.
Après la disparition de lURSS, la Chine sest trouvée une fois encore dans le collimateur de Washington. Une directive signée par le Président démocrate Clinton en 1997 élargissait la liste des cibles nucléaires du Pentagone en Chine. Depuis quil a rendu public en 2001 un « bilan de situation nucléaire » qui incluait la Chine parmi sept pays visés par déventuelles attaques nucléaires, le Pentagone, daprès la Federation of American Scientists, a positionné dans le Pacifique cinq sous-marins nucléaires porteurs denviron 720 têtes nucléaires, dont certains armés de missiles Trident II ultramodernes.
Poursuivant leurs propres ambitions, les impérialistes japonais, qui avaient colonisé avec brutalité la Corée en 1910 et occupé la plus grande partie de la Chine avant la Deuxième Guerre mondiale, se sont lancés dans un programme dexpansion militaire dont les principales cibles sont la Corée du Nord et la Chine. Le 9 janvier, le gouvernement de Shinzo Abe a rétabli, pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, un Ministère de la « Défense » à part entière, avec toute autorité pour déployer larmée outre-mer. Cest un pas significatif vers la mise au rebut de lArticle 9 de la constitution de laprès-guerre imposée par les Etats-Unis depuis longtemps violé en pratique qui interdit au Japon dentretenir une force militaire. Daprès le Japan Times (22 décembre 2006), le Japon et les Etats-Unis ont signé en décembre dernier un accord « pour léchange de données topographiques mondiales détaillées une initiative qui vise apparemment à partager des informations spécifiquement sur la Corée du Nord et la Chine ». Le Japon se prépare aussi à lancer ce mois-ci un quatrième satellite-espion qui complètera son système de surveillance mondiale.
Le point où sexerce le plus directement la pression militaire impérialiste sur Pékin est [lîle] capitaliste de Taïwan vers laquelle la bourgeoisie vaincue, sous le commandement du généralissime Chiang Kai-shek, un tueur sanglant, a fui la Révolution de 1949. En février 2005, les Etats-Unis et le Japon ont publié une déclaration politique commune qui déclarait que Taïwan était une « question de sécurité mutuelle » et annonçait un repositionnement de leurs forces militaires, notamment le déploiement régional de systèmes antimissiles balistiques. En réponse à ces dangereuses provocations, la Spartacist League/U.S. et le Groupe spartaciste du Japon avaient publié une déclaration commune affirmant :
« Depuis la Révolution chinoise de 1949, doù est issu lEtat ouvrier déformé chinois, Taïwan est pour limpérialisme américain un poste avancé de ses menées contre-révolutionnaires, de ses menaces militaires et de ses ingérences dans les affaires intérieures chinoises, par lintermédiaire de la bourgeoisie chinoise fantoche. Taïwan fait depuis très longtemps partie intégrante de la Chine et nous, trotskystes, serons aux côtés de la Chine en cas de conflit militaire avec limpérialisme sur la question de Taïwan. »
Workers Vanguard n° 844, 18 mars 2005
On annonce maintenant quen février, les Etats-Unis et le Japon discuteront dun « plan opérationnel commun pour leurs armées » pour la défense de Taïwan (Japantoday.com, 4 janvier).
Pékin tend la main à la bourgeoisie de Taïwan en préconisant sa réunification avec la Chine selon la formule « un pays, deux systèmes ». Le régime stalinien nationaliste sengage ainsi à préserver le capitalisme sur lîle, comme il la fait à Hongkong après le retour de cette ex-colonie britannique sous contrôle chinois en 1997. En opposition aux staliniens et aux forces réactionnaires qui appellent à lindépendance de Taïwan, la LCI appelle à la réunification révolutionnaire de la Chine : une révolution socialiste pour exproprier les capitalistes taïwanais, et une révolution politique ouvrière pour chasser la bureaucratie de Pékin et instaurer un régime de démocratie ouvrière et dinternationalisme révolutionnaire.
La politique spatiale actuelle de Washington soppose aux traités proposés par la Chine et la Russie pour interdire « lintroduction darmes dans lespace ». Ladministration Bush a clairement lintention dy introduire beaucoup plus darmes encore. Les démocrates, lautre parti de limpérialisme américain, et des porte-voix bourgeois comme le New York Times préconisent un traité sur les armes spatiales qui serait pour eux un meilleur moyen de limiter les capacités de la Chine et de protéger lavantage américain. Edward Markey, le co-président démocrate du comité spécial de la Chambre des représentants sur la non-prolifération, déclarait le 20 janvier que « les satellites américains sont le ventre mou de notre sécurité nationale, et il est urgent que le Président Bush entreprenne de garantir leur protection en prenant linitiative dun accord international pour interdire le développement, les essais et le déploiement darmes spatiales et de systèmes antisatellites. »
Pour défendre et étendre les acquis de la révolution sociale en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam et à Cuba, il faut lutter pour la révolution prolétarienne dans les centres impérialistes. La défense des derniers Etat ouvriers contre limpérialisme et la contre-révolution est essentielle pour mobiliser le prolétariat, aux Etats-Unis et au Japon, contre ses propres exploiteurs. Chaque avancée dans les capacités militaires des Etats ouvriers fait gagner du temps au prolétariat international. Cest seulement quand des révolutions ouvrières mettront les capacités technologiques et industrielles avancées des pays développés au service dune économie planifiée internationale que lon aura jeté la base dune société socialiste dabondance matérielle. Dans ce but, la LCI lutte pour construire des partis trotskystes révolutionnaires, éléments dune Quatrième Internationale reforgée.
Traduit de Workers Vanguard n°885, 2 février 2007