Le Bolchévik nº 178

Décembre 2006

 

ONU, troupes françaises hors du Liban !

Pour une fédération socialiste du Proche-Orient !

Le Liban et la révolution permanente

Défense du peuple palestinien !

Nous reproduisons ci-après la présentation de notre camarade Alexis Henri lors d’un meeting de la Ligue trotskyste à Paris le 26 octobre dernier.

* * *

Le Proche-Orient n’en finit pas de saigner en conséquence des machinations impérialistes. L’Irak, victime d’une occupation coloniale sanglante par les impérialistes américains et britanniques, sombre dans la guerre civile. Le journal scientifique médical britannique The Lancet parle de plus de 600 000 victimes de cette occupation coloniale. Le peuple palestinien est soumis à un blocus de famine dans les territoires occupés, et pilonné sans arrêt par l’armée sioniste qui a officiellement tué plusieurs centaines de personnes depuis juillet. Et le Liban a été le théâtre d’une opération militaire de grande envergure de l’armée sioniste en juillet-août. Il y a eu plus de mille morts et des milliers de blessés, les infrastructures du pays ont été dévastées.

Il n’y aura de solution au martyre des peuples de la région qu’avec le renversement par des révolutions ouvrières du système capitaliste dans toute la région, de Tel-Aviv à Beyrouth, Damas et Le Caire, ainsi qu’à Washington, Paris et Berlin pour mettre fin à l’interventionnisme criminel des grandes puissances impérialistes. C’est pour cette perspective que nous luttons, et nous cherchons à construire le parti international de la révolution socialiste qui est indispensable à l’accomplissement de cette perspective. Tous ceux qui vendent à ceux qui désespèrent de la situation des raccourcis, ou des pis-aller en attendant, ne sont que des charlatans ou des agents conscients de leur propre bourgeoisie.

Cela fait maintenant deux mois que l’ONU a envoyé une force de plusieurs milliers d’hommes dans le Sud-Liban. Comme nous l’avons expliqué dans le numéro de septembre de notre journal, il s’agissait pour les impérialistes de tirer leur gendarme régional, l’Etat sioniste d’Israël, d’un mauvais pas. L’impérialisme français a débarqué ses chars lourds de dernière génération. Dès le début de la guerre, nous avons mis en garde contre une telle intervention qui a pour but de neutraliser militairement (à défaut de pouvoir désarmer) le Hezbollah dans le Sud-Liban, et d’empêcher son réapprovisionnement en armes. Nous exigeons le retrait immédiat de toutes les troupes de l’ONU, y compris les mille soldats chinois qui en font partie, et les troupes françaises qui pour le moment commandent la FINUL (la Force d’interposition des Nations Unies au Liban), et qui ont de plus des troupes supplémentaires indépendantes au large des côtes, au total de l’ordre de 3 500 soldats.

A bas l’ONU, caverne des brigands impérialistes et de leurs victimes !

Il y avait moins de manifestants dans les rues de Paris lors de la grande manifestation du 30 septembre que le 12 août, c’est-à-dire le week-end du pont du 15 août qui est le plus creux de l’année. Cette faible mobilisation doit être due aux illusions diffuses dans la force de l’ONU comme force d’interposition, officiellement soutenue par le PCF.

Les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU expriment les intérêts des puissances impérialistes, c’est-à-dire les principales puissances capitalistes qui sont en concurrence pour la domination du monde. Au premier rang d’entre elles il y a les USA, mais il y a aussi la France. Nous parlons à propos de l’ONU, et c’est une paraphrase de ce que disait Lénine sur la Société des Nations, le prédécesseur de l’ONU, d’une caverne des brigands impérialistes et de leurs victimes.

L’expert international de la LCR pour le Proche-Orient, le prof Gilbert Achcar, lui, au contraire, déclare encore dans le dernier numéro de leur revue Inprecor (septembre-octobre) : « L’Organisation des Nations Unies, sa Charte en particulier, sont un précieux acquis historique – loin d’être parfaits [sic], certes, mais entre le possible et le souhaitable, il faut les préserver tout en cherchant à les améliorer. » On croit entendre Chirac. L’impérialisme français défend aussi l’ONU parce qu’il a un siège au Conseil de sécurité, au même titre que les USA, alors que sa force économique, et surtout sa force militaire, sont infiniment plus faibles que celles des USA.

Je rappelle que Gilbert Achcar écrivait dans Inprecor il y a deux ans (juillet-août 2004) que « les perspectives pour une certaine forme de démocratie en Irak sont réelles, à mon avis, à condition, bien sûr, qu’il soit mis un terme à l’occupation. […] Les Etats-Unis ont, involontairement, créé les conditions de cette possible démocratisation. » Achcar n’est pas seulement un « expert » à la noix, c’est en fait un idéologue social-démocrate au service de l’impérialisme français. Il se passionne pour la démocratisation des pays capitalistes, il se tourne vers l’ONU, il se tourne vers n’importe quelle force capitaliste parce qu’il s’oppose à la perspective marxiste que seule la classe ouvrière peut en finir avec les méfaits du système capitaliste, en renversant une bonne fois pour toutes ce système.

Le rôle de l’ONU, on l’a vu il y a plus de 50 ans où c’était sous couvert de décision de l’ONU que les impérialistes américano-britanniques ont tué trois millions de personnes pour « refouler le communisme » en Corée. Et aujourd’hui ils menacent à nouveau l’Etat ouvrier déformé nord-coréen. La LCR s’est prononcée pour le désarmement de la Corée du Nord, maquillé en désarmement général. Nous avons au contraire publié un tract immédiatement après l’essai nucléaire nord-coréen pour la défense militaire inconditionnelle de la Corée du Nord, en insistant que la Corée du Nord a besoin d’armes nucléaires, et aussi de missiles balistiques, pour pouvoir dissuader les impérialistes. Nous avons dénoncé dans les termes les plus catégoriques le fait que la bureaucratie stalinienne de Pékin ait permis, et même soutenu, les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord qui représentent un acte de guerre. Non seulement c’est criminel vis-à-vis de l’Etat ouvrier déformé nord-coréen, c’est suicidaire car cela ne fait que renforcer les menaces militaires impérialistes qui en dernier ressort visent la Chine, le plus grand Etat ouvrier déformé restant. Et cela souligne la nécessité de lutter pour une révolution politique ouvrière chassant la bureaucratie stalinienne à Pékin, Pyongyang, La Havane et Hanoï.

L’Iran est un pays capitaliste arriéré menacé par l’impérialisme, et contre lequel l’ONU pourrait aussi imposer de lourdes sanctions commerciales ; il a aussi besoin d’armes nucléaires. Nous défendrions l’Iran contre une attaque impérialiste, y compris si c’est les Israéliens qui intervenaient pour le compte des impérialistes. Un soutien militaire ne signifie aucunement accorder un soutien politique au régime, cela signifie par exemple appeler les travailleurs à ne pas empêcher les livraisons d’armes à destination du pays que nous défendons, à organiser l’aide matérielle à ce pays, mais par contre à empêcher les livraisons d’armes à l’autre côté dont on souhaite la défaite. Nous étions en juillet-août pour la défense militaire du Hezbollah contre Israël, sans accorder aucun soutien politique à cette organisation réactionnaire, parce qu’une victoire israélienne aurait accru l’oppression des masses libanaises, renforcé la main des sionistes contre les Palestiniens et favorisé les desseins des impérialistes dans la région.

« Révolution du Cèdre »

Quand Rafik Hariri, qui gouvernait le Liban, s’est fait tuer en février 2005, il y a eu des manifestations monstres à Beyrouth. Hariri, un banquier milliardaire issu de la communauté sunnite, ami personnel de Chirac, avait bâti sa fortune et celle de ses copains sur un boom immobilier à Beyrouth, financé avec des capitaux saoudiens et des prêts du FMI obtenus grâce notamment au soutien français. Donc quand il a été descendu il y a eu la soi-disant révolution du Cèdre. Certains ont plutôt parlé de la révolution Gucci. C’était en effet des manifestations d’un type un peu particulier, un correspondant de la BBC y ayant par exemple vu une femme d’un certain âge manifestant avec son domestique sri-lankais et lui disant comment scander des slogans en arabe. Evidemment cela n’a pas empêché les pablistes de la LCR de s’enthousiasmer pour ce mouvement.

A l’époque, les médias ont présenté un Liban unanime se révoltant contre l’occupation étrangère oppressive syrienne, la Syrie étant accusée d’avoir commandité la liquidation de Hariri. La LCR s’est également extasiée sur ces manifestations massives (voir Rouge, 7 avril 2005), jusqu’à ce qu’un autre « mouvement de masse », des manifestations aussi grosses, mais pro-syriennes, organisées par le Hezbollah, ne lui succèdent. Nul doute que le régime syrien est totalement oppressif, mais il n’est pas étranger au Liban. Le Liban et la Syrie ont une histoire commune depuis des siècles, marquée par le langage, la culture et la composition ethnique. Le Liban n’a aucune base d’existence nationale séparée de la Syrie. Ce n’est pas une nation.

Dans les manifestations de l’été dernier à Paris où beaucoup se promenaient avec de petits drapeaux libanais, on aurait pu croire le contraire. En réalité les dirigeants de pas mal de communautés du Liban n’auraient rien trouvé à redire si Israël avait pu écraser proprement le Hezbollah sans provoquer une marée noire sur ses belles plages et sans remettre en cause, par la destruction massive de quartiers entiers de Beyrouth, l’image de cette ville dans le monde arabe comme un centre financier florissant et sûr pour les investissements. Cette guerre était mauvaise pour les affaires de la bourgeoisie maronite et sunnite.

En réalité ce qu’il y avait derrière les manifestations contre la Syrie, c’était un réalignement de la politique extérieure française, un mariage de raison entre les impérialistes américains et français où les Français cherchent à se réimplanter au Liban et en Syrie, leur protectorat dans l’entre-deux-guerres, et les Américains visaient le Hezbollah et les Syriens, alliés de l’Iran et obstacles aux plans américains de « Grand Moyen-Orient ». Cette « révolution du Cèdre » avait été préparée par la résolution 1559 de l’ONU, parrainée par Bush et Chirac, exigeant le départ des troupes syriennes et le désarmement du Hezbollah. Effectivement les impérialistes, s’appuyant sur cette mobilisation, ont obtenu le départ des troupes syriennes. La prochaine étape était dès ce moment-là inscrite à l’ordre du jour : une attaque israélienne pour écraser le Hezbollah.

L’impérialisme, stade suprême du capitalisme

En fait le Liban comme entité est une création pure et simple de l’impérialisme français. Pour revenir en arrière, le Liban faisait partie de l’empire ottoman qui était en pleine décrépitude déjà au XIXe siècle. C’est l’époque de l’expansion capitaliste et de l’expansion coloniale. Quelques nations, notamment la France et la Grande-Bretagne, jointes par la Russie tsariste, l’Allemagne, le Japon et les Etats-Unis, se ruent pour se partager le monde. L’Afrique est partagée à la fin du XIXe siècle, essentiellement entre la France et l’Angleterre. On arrive à l’âge de l’impérialisme, que Lénine a analysé dans son ouvrage classique l’Impérialisme, stade suprême du capitalisme. Lénine décrivait cinq caractères fondamentaux de l’impérialisme :

« 1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique ; 2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce “capital financier”, d’une oligarchie financière ; 3) l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière ; 4) formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde, et 5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes. L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes. »

Je vous renvoie notamment à l’excellent article du nouveau Spartacist qui démolit les « théories » charlatanesques sur la mondialisation qui prétendent qu’on pourrait réformer, humaniser le capitalisme. L’impérialisme est le stade ultime du capitalisme où les forces productives ne croissent plus, mais au contraire des proportions énormes de l’humanité sont jetées dans la misère, où les Etats impérialistes envoient leurs propres troupes (ou un substitut à leur service sous forme de casques bleus de l’ONU) pour assurer l’encaissement des dividendes de leurs investissements à l’étranger. La lutte de plus en plus exacerbée entre les monopoles, et entre les Etats nationaux où ils sont basés, c’est la raison pour laquelle l’impérialisme est l’ère des guerres et des révolutions.

Aujourd’hui les USA ont une telle puissance militaire qu’aucun de leurs rivaux ne peut envisager sérieusement à court terme de monter une coalition pour la remettre en cause. Et pourtant la question est inévitablement posée pour les Etats impérialistes les plus puissants, le Japon et l’Allemagne, qui aspirent à jouer un rôle mondial dominant. L’impérialisme britannique, complètement décrépit, n’a plus les forces pour avoir une armée indépendante, et du coup il s’est raccroché de façon servile et loyale au militarisme américain.

L’impérialisme français est dans une situation intermédiaire. Décadent lui-même, il est dans l’obligation absolue d’augmenter le taux de profit chez lui pour dégager les ressources militaires et économiques pour résister à ses rivaux. Cela passe par la destruction de l’Etat-providence, un système coûteux d’avantages sociaux, dont la raison d’être était d’amadouer les travailleurs de peur qu’ils luttent pour une révolution ; avec la destruction de l’URSS et la campagne sur la soi-disant « mort du communisme », les ouvriers ont perdu momentanément l’espoir qu’une alternative au capitalisme est possible et réalisable ; les conditions sont réunies pour que la bourgeoisie s’attaque à l’Etat-providence, mais comme on a pu le voir avec le CPE, elle se heurte à une importante résistance ouvrière.

De plus, l’impérialisme français essaie de louvoyer entre d’une part des alliances avec ses rivaux européens, notamment allemands (c’est l’objet de l’Union européenne, du consortium EADS qui produit les Airbus, du bloc franco-germano-russe contre la guerre en Irak, etc.), et d’autre part rentrer dans les bonnes grâces de l’impérialisme américain ultra-dominant. C’est l’objet par exemple de la poignée de main de Sarkozy avec Bush, et de la magouille sanglante franco-américaine au Liban.

Encore qu’au Liban on a pu voir que l’impérialisme français cherche à défendre ses propres intérêts et sa propre influence. Les négociations franco-américaines ont été tortueuses, et à un moment au courant du mois d’août l’état-major français a opposé son veto à ce que négociait la diplomatie française, parce qu’il était hors de question que l’impérialisme français envoie des troupes pour servir de flics aux Américains et aux Israéliens.

La LCR s’est opposée à la résolution franco-américaine de l’ONU, mais sur une base entièrement compatible avec le chauvinisme bourgeois antiaméricain de l’état-major français. Ils ne s’opposent pas par principe à l’envoi de troupes françaises. Nous avons cité dans le Bolchévik le communiqué qu’ils ont publié le 17 août, et qui disait :

« Il n’est pas question que le Liban devienne un nouvel Afghanistan avec l’implantation de contingents militaires issus de l’OTAN, se drapant dans le drapeau de l’ONU pour servir de supplétifs à la guerre menée par les USA. »

Et s’ils ont insisté que la FINUL soit composée de troupes non françaises, c’est parce qu’ils considèrent que l’impérialisme français s’est trop discrédité dans la région en se faisant le petit télégraphiste de Washington.

Le Liban, création de l’impérialisme français

Pour en revenir à ce que je disais plus tôt, l’empire ottoman ne survécut pas à la Première Guerre mondiale. L’une des raisons de cette guerre était justement le partage entre les impérialistes capitalistes de la dépouille de l’empire ottoman. Les Allemands étant éliminés, ce sont les Français et les Britanniques qui, avec le traité Sykes-Picot de 1916, se sont partagé le Proche-Orient. La Grande-Bretagne a mis la main sur l’Irak, la Jordanie et la Palestine, et la France sur ce qui est aujourd’hui le Liban et la Syrie, où ils avaient déjà été présents auparavant avec des missionnaires et des investissements. Dès 1860 Napoléon III avait envoyé un corps expéditionnaire, soi-disant pour protéger les chrétiens maronites après un massacre commis par les Druzes qui sont une secte issue de l’islam chiite.

Le partage franco-britannique représentait une balkanisation de la région. Des populations qui voulaient être unies étaient séparées, et des populations qui voulaient être séparées furent unies par la force, comme en Irak. Il s’agissait de découper la région de façon à y perpétuer les conflits ethniques et religieux.

Le Liban en est un autre exemple frappant. En 1920, cherchant à créer une enclave pro-occidentale au Levant, la France créa une entité qu’elle appela le « Grand Liban », en annexant au Mont Liban des zones musulmanes de Syrie. Dans l’objectif de diviser pour mieux régner, les Français mirent ensemble des musulmans, parmi lesquels le nationalisme arabe était en plein essor, avec la majorité chrétienne. Pour celle-ci les Français alimentèrent le mythe que les chrétiens avaient des origines phéniciennes, et donc un héritage non arabe, et qu’ils devraient donc se tourner vers la France pour leur protection. Ainsi les Français créèrent en connaissance de cause un Etat qui assurerait un tas de conflits intercommunautaires, pour pouvoir justifier leur présence impérialiste « pacificatrice ».

La suite n’est qu’une longue histoire de crimes et de massacres sanglants. On peut citer notamment le bombardement de Damas puis la « pacification » du Djebel druze en 1925, qui firent des milliers de morts. Pendant la Deuxième Guerre mondiale se maintint une armée de plusieurs dizaines de milliers de soldats de l’armée de Vichy. De Gaulle et Pétain partaient tous les deux du principe de l’importance fondamentale du maintien de l’empire sous la botte de la soldatesque coloniale française. Ils avaient simplement des désaccords sur le jeu d’alliances à pratiquer avec les Allemands et avec les Anglo-Américains.

En 1941 les gaullistes ont envoyé 5 000 soldats dans une opération dirigée par les Britanniques qui a chassé le pouvoir vichyste du Liban et de la Syrie. Il y a eu environ 7 000 morts, sans compter les civils, et c’était des troupes coloniales qui se battaient des deux côtés. De Gaulle a fait de vagues promesses pour l’indépendance, afin de neutraliser la population du Liban et de la Syrie ou de la gagner à ses côtés. Mais, une fois Vichy dehors, la première chose que la « France libre » a faite, c’était des scènes d’agression et de pillage à Damas par ses légionnaires.

Les Britanniques ont soutenu en sous-main les nationalistes pour évincer l’impérialisme français de la région, et de Gaulle a failli en découdre avec les Britanniques en 1941 puis en novembre 1943. Le proconsul gaulliste français, le général Catroux, parla en 1943 de Fachoda, une ville du Soudan où en 1898 les colonialistes français et britanniques s’étaient heurtés dans la course pour le partage de l’Afrique. Si de Gaulle n’a pas déclaré la guerre aux Britanniques à propos du Liban, c’est uniquement parce qu’il n’en avait pas les moyens. Fin 1943 les gaullistes ont fait arrêter le gouvernement libanais, mitraillé les manifestations dans toute la Syrie et maté une grève générale. Les gaullistes n’ont malgré tout pas pu empêcher l’indépendance, mais ils ont réussi dans une large mesure à maintenir la Syrie et le Liban dans l’orbite de l’impérialisme français. Tout cela et plus a été rendu possible grâce au soutien que donnait le PCF aux gaullistes.

Cela montre pourquoi, dans la Deuxième Guerre mondiale, nous étions défaitistes de tous les côtés. Le seul pays que les trotskystes défendaient, et avec acharnement, était l’Union soviétique qui restait un Etat ouvrier issu de la Révolution d’octobre 1917, même s’il avait dégénéré sous Staline. Mais entre la France gaulliste, celle de Vichy, l’Allemagne nazie, la Grande-Bretagne, les USA ou le Japon, la Deuxième Guerre mondiale était une boucherie pour le repartage du monde, tout comme la guerre de 1914-1918.

Sûrement un certain nombre d’entre vous ont vu le film Indigènes. Ce film a été financé par la monarchie marocaine, grande amie de Chirac et grande ennemie des travailleurs marocains. Le film cherche superficiellement à émouvoir sur le racisme dans l’armée gaulliste, mais en réalité c’est un tissu de mensonges pour apprendre aux jeunes des banlieues à chanter la Marseillaise et se faire tuer pour la France. Et Jamel Debbouze répète à qui veut l’entendre combien il aime la France. Les troupes coloniales ont été dans l’ensemble recrutées de force. Il est vrai qu’elles ont été aux premiers rangs dans les combats en Italie et en Alsace, mais ce n’est pas elles qui ont vaincu les nazis, c’est l’Armée rouge contre laquelle la Wehrmacht n’a jamais concentré moins de 90 % de ses forces. L’objectif des débarquements alliés en France en 1944 était la course à Berlin pour empêcher l’URSS de soviétiser toute l’Europe.

Et si de Gaulle a mobilisé l’armée la plus forte possible, sur la base des troupes coloniales, c’était pour avoir une armée en cas de révolution ouvrière en France, et pouvoir ensuite prétendre au partage du gâteau, c’est-à-dire récupérer ou maintenir son empire colonial, obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, etc. C’est pour cela que les forces coloniales se sont fait tuer. Aussi, entre cette armée française et la Wehrmacht allemande, nous n’avions aucun côté. Dès 1945-1946 des milliers de soldats de la même armée, notamment marocains, ont été envoyés en Indochine contre les partisans de Ho Chi Minh.

La partition de la Palestine, création de l’impérialisme britannique

Du temps de l’empire ottoman le développement du capitalisme était en général trop faible pour homogénéiser des nations dans les différentes parties constitutives de cet empire. Différentes communautés, parlant différentes langues, pratiquant différentes religions, continuaient de stagner l’une à côté de l’autre, entremêlées. Puis c’est l’intrusion de l’impérialisme, avec ses découpages arbitraires dressant les communautés les unes contre les autres, qui a empêché la consolidation d’Etats-nations dans cette région – à part notamment l’Etat sioniste qui a été constitué artificiellement à partir de différentes populations juives parlant entre autres le yiddish, l’arabe, le russe, venues d’Europe et du monde arabe, créant un peuple de langue hébraïque n’ayant pas d’autre identité nationale.

Suite à la montée du nazisme en Allemagne, puis après l’Holocauste pour les survivants, il y eut une intense immigration juive en Palestine, encouragée par les Britanniques. La bourgeoisie britannique est tout aussi antisémite que la bourgeoisie française, mais elle répondit favorablement aux appels des sionistes à l’établissement d’une « patrie juive » en Palestine, parce qu’elle voyait un moyen de diviser entre Juifs et Arabes pour mieux régner au Proche-Orient. D’où la déclaration Balfour en 1917, où les Britanniques promettaient aux sionistes de leur donner une patrie en Palestine. Les Britanniques et les Français ont été finalement largement chassés du Proche-Orient et remplacés par la domination américaine après la Deuxième Guerre mondiale, et le fiasco de l’aventure franco-britannique contre la nationalisation par Nasser du canal de Suez en 1956.

La création de l’Etat d’Israël après la Deuxième Guerre mondiale, manigancée par l’ONU, et avec le soutien de Staline, devait suivre la même recette que celle qu’ont appliquée les Français au Liban. L’Etat d’Israël a été créé de façon complètement artificielle, en incluant beaucoup plus de territoires que ceux qui étaient occupés à l’époque par la nation de langue hébraïque, de façon à avoir d’un côté, vers la Jordanie, une partie palestinienne à 100 % arabe, et de l’autre côté l’Etat d’Israël où les Juifs seraient légèrement majoritaires. Mais les sionistes ont alors chassé d’Israël en 1948 les Palestiniens des terres qui leur avaient été allouées, et ils les ont remplacés par des réfugiés venus d’Europe, ou chassés des pays arabes avec la montée du nationalisme arabe et de l’antisémitisme dans ces pays. Et depuis cette date il y a des camps de réfugiés palestiniens au Liban et dans d’autres pays arabes.

La nation de langue hébraïque a été constituée, comme tant d’autres, par le fer et par le sang, par des déplacements massifs de population. Les trotskystes étaient contre le plan de l’ONU de partition de la Palestine en 1948. Aujourd’hui, en ce qui concerne les territoires occupés, la Cisjordanie et Gaza, ce sont des territoires palestiniens qui sont peu à peu saisis par les sionistes. Nous sommes pour le retrait d’Israël et de ses colons des territoires occupés, nous sommes contre le mur et nous défendons le peuple palestinien contre la terreur sioniste.

Il n’empêche qu’il existe aujourd’hui une nation de langue hébraïque en Palestine et que nous défendons donc son droit d’autodétermination. Mais nous soulignons que ce droit entre en conflit sous le capitalisme avec le même droit des Palestiniens. Nous ne sommes pas non plus pour renverser les termes de l’oppression où ce serait les Juifs qui seraient opprimés, voire chassés ou massacrés, par les Palestiniens. Il n’y a pas de solution sous le capitalisme. Seul le renversement révolutionnaire de tous les régimes bourgeois de la région permettra aux multitudes de peuples de la région de coexister ensemble pacifiquement, dans le cadre d’une fédération socialiste.

Une caractéristique du sionisme c’est qu’il a toujours cherché, non pas à exploiter les Palestiniens, mais à les exclure de l’économie. C’était déjà ainsi dans les kibboutz avant la création de l’Etat d’Israël, et cet exclusionisme s’est encore renforcé après les accords d’Oslo de 1993 créant l’Autorité palestinienne. A l’époque nous avons dénoncé ces accords comme une capitulation des nationalistes petits-bourgeois de l’OLP, tout en expliquant que c’était directement un sous-produit de la contre-révolution capitaliste en URSS qui avait ôté toute marge de manœuvre à Arafat. Les Palestiniens des territoires occupés qui avaient un emploi en Israël ont été remplacés par de nouveaux arrivants juifs s’installant en Israël et par des immigrés non juifs venus d’Europe de l’Est et d’ailleurs.

La classe ouvrière en Israël est donc dans son immense majorité composée aujourd’hui de Juifs, d’Arabes israéliens, et d’immigrés non palestiniens. C’est à eux qu’incombe la tâche de détruire l’Etat sioniste dans une révolution prolétarienne. Vu le chauvinisme sioniste intense dans la classe ouvrière de langue hébraïque, il ne sera pas facile de faire rompre ces travailleurs avec le sionisme qui les lie à leur propre bourgeoisie, mais il n’y a pas de raccourci à cela. Pour faire cela il faudra lutter notamment contre le sionisme libéral de groupes comme Maavak Sozialisti, les camarades israéliens de la Gauche révolutionnaire française sur lesquels nous avons justement un article dans le dernier numéro du Bolchévik.

Le Liban : une théocratie plurielle

Revenons-en au Liban et au système de diviser pour mieux régner mis en place par le colonialisme français. Un accord non écrit, octroyant des privilèges aux maronites, a été passé lors de l’indépendance en 1943 par les colonialistes français et les divers chefs de clan chrétiens et musulmans, selon lequel le président doit toujours être un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite, et le président du Parlement un musulman chiite. Le corps des officiers est basé de façon prédominante sur l’élite maronite, et les chrétiens avaient une majorité de six contre cinq au Parlement.

Cela a été ramené à la parité chrétiens-musulmans en 1989 pour le Parlement, mais sinon ce système est toujours en vigueur. Il était basé sur un recensement datant de 1932, le dernier qui ait eu lieu à ce jour, puisque tout nouveau recensement révèlerait que la population musulmane a crû beaucoup plus vite que la population chrétienne. On peut estimer qu’il y a aujourd’hui trois musulmans pour deux chrétiens. La domination chrétienne maronite est en contradiction croissante avec cette évolution démographique.

Le Liban n’a rien d’une démocratie bourgeoise. C’est plutôt une théocratie plurielle dominée par les chrétiens maronites. Pour perpétuer cette domination les maronites refusent la citoyenneté à la plupart des Kurdes musulmans et des réfugiés palestiniens qui vivent au Liban depuis plus de 50 ans. Chacune des 18 communautés religieuses officiellement reconnues peut avoir ses propres partis politiques, ses propres députés, ses propres services sociaux, ses propres écoles avec un système éducatif souvent hostile aux autres communautés, et sa propre législation sur le mariage, l’héritage, et autres questions relatives au statut personnel.

Pour maintenir le caractère clanique des différentes communautés sectaires, le mariage civil est illégal, et les lois relatives au statut personnel des différentes communautés interdisent les mariages interconfessionnels. Les femmes ont obtenu le droit de vote dans les années 1950, mais des pratiques moyenâgeuses comme le mariage arrangé et le mariage forcé ont toujours cours. Les meurtres pour l’honneur sont fréquents, notamment dans les régions rurales du Sud-Liban.

Malheureusement, pour des questions de temps, je ne peux pas ici revenir sur toute l’histoire du Liban, et toutes les tentatives pour remettre en cause cette charte nationale. Je me contenterai de mentionner qu’en 1958 il y eut un soulèvement musulman qui fut réprimé, alors que 15 000 Marines américains débarquaient à Beyrouth pour, si nécessaire, noyer dans le sang une révolution qui couvait en Irak. Nous avons décrit dans un article de Spartacist en 2004 la riche histoire de la lutte de classe dans la région, y compris de luttes révolutionnaires. La révolution irakienne de 1958 fut trahie par Moscou, qui donna l’ordre au Parti communiste irakien de confier le pouvoir à un général bourgeois « progressiste » au lieu de lutter pour renverser le système capitaliste. Le résultat fut non pas le « progrès », mais le massacre des communistes et l’installation de la dictature baasiste, notamment de Saddam Hussein, pendant près de 40 ans.

La guerre civile libanaise des années 1970-1980

Pour en revenir au Liban, au début des années 1970, les chiites étaient devenus le plus important groupe religieux communautaire. Dirigés par le Mouvement des déshérités de l’imam Moussa Sadr, ils revendiquaient des changements constitutionnels pour modifier en leur faveur l’équilibre politique et économique. De plus le boom des prix pétroliers de l’OPEP au début des années 1970, auquel participait le Liban en tant que principal centre financier du Proche-Orient arabe, avait accru les disparités entre les riches et les pauvres. Des paysans chiites ainsi que des immigrés de Syrie venaient grossir les bidonvilles de Beyrouth et des autres ports, où ils cherchaient du travail.

Il y avait aussi des révoltes paysannes, et des grèves ouvrières et étudiantes qui ébranlaient dans ses fondations le système communautariste. A cela s’ajoutaient les activistes palestiniens, qui avaient été chassés de Jordanie par le massacre de Septembre noir en 1970 commis par la monarchie jordanienne. Les Palestiniens étaient armés et offraient, notamment au Sud-Liban, une certaine protection contre les tueurs à la solde de la mafia et des propriétaires fonciers.

Début 1975 le Liban était au bord de la guerre civile entre d’un côté les chrétiens maronites, qui faisaient pour la plupart partie des classes privilégiées, et les musulmans libanais et les Palestiniens, qui étaient le plus souvent ceux qui n’avaient rien.

Ce qu’aurait fait un parti marxiste à la tête de ces derniers, cela aurait été de présenter un programme socialiste capable d’attirer aussi les pauvres de la communauté chrétienne, pour les faire rompre avec leur direction maronite et pour une lutte de classe commune. Au lieu de cela la lutte des musulmans libanais et des Palestiniens a été canalisée en direction d’accroître l’influence de l’élite musulmane à l’intérieur du cadre confessionnel traditionnel.

Pour transformer ce début de révolution sociale en bain de sang intercommunautaire, Kamal Joumblatt a joué un rôle crucial. Kamal Joumblatt était le chef héréditaire de la secte druze (aujourd’hui c’est son fils Walid qui est le chef). Il dirigeait aussi le Mouvement national libanais, qui comprenait le Parti communiste libanais (PCL) pro-Moscou, ainsi que la section libanaise du Secrétariat unifié de Krivine/Besancenot, ainsi qu’une série de groupes nationalistes arabes. La direction de l’OLP palestinienne subordonna ses forces à ce démagogue sectaire, tout comme l’ensemble de la gauche libanaise. Comme les commandos de l’OLP et les Libanais « progressistes » se battaient pour le compte des chefs de clan musulmans traditionnels comme Joumblatt, les chefs de clan maronites purent faire jouer la peur ancestrale des chrétiens que les musulmans deviendraient dominants. C’est ainsi que le PCL a perdu toute sa base, qui était significative, dans les zones chrétiennes, tout en gagnant une implantation dans les secteurs musulmans. Le PCL a joué ainsi un rôle déterminant pour saboter la possibilité d’une révolution sociale.

Début 1976 se succédaient les massacres et contre-massacres communautaires, et cela a dégénéré en une guerre intercommunautaire sanglante qui a duré 15 ans. Il y a eu 150 000 morts sur une population de trois millions d’habitants. La gauche internationale continuait à glorifier le camp « palestino-progressiste », mais pour nous dans ce conflit changeant où les différentes factions changeaient de camp constamment pour massacrer leurs alliés d’hier, aucune formation ne méritait un soutien militaire de la part du prolétariat conscient.

Les Israéliens ont ravitaillé les chrétiens, mais c’est essentiellement l’intervention syrienne en juin 1976 qui a sauvé les factions chrétiennes maronites d’extrême droite. La Syrie agissait avec un mandat de la Ligue arabe, et avec le soutien de Washington et de Tel-Aviv. La Syrie n’est pas plus une nation que le Liban ou l’Irak, c’est un mélange hétérogène de différents groupes ethniques, nationaux et religieux potentiellement hostiles les uns aux autres. Il y a des sunnites, des Kurdes, des druzes, etc., dominés par la minorité alaouite des présidents Assad père et fils. Les alaouites sont une secte chiite dissidente. Ils craignaient qu’une partition du Liban selon des lignes sectaires ait des ricochets en Syrie. De plus le régime syrien, qui négociait à travers l’impérialisme américain pour récupérer les hauteurs du Golan occupées par Israël, voulait montrer qu’il était capable de mettre au pas les Palestiniens au Liban. L’intervention syrienne a fait pencher la balance du côté maronite et a débouché sur le massacre des Palestiniens à Tell-el-Zaatar en 1976.

Avec l’invasion israélienne de 1982, 20 000 Palestiniens et Libanais furent tués par l’armée sioniste, mais cela provoqua d’énormes tensions en Israël, ce qui prouve que la société israélienne n’est pas une masse réactionnaire homogène. C’est bon de le rappeler aujourd’hui car nous rencontrons souvent du scepticisme sur notre perspective de faire exploser de l’intérieur la forteresse sioniste par une révolution ouvrière arabe/hébraïque. En 1982, pendant même le blitzkrieg de Sharon, il y eut d’énormes manifestations antiguerre. Dans cette guerre nous étions pour la défense révolutionnaire des commandos palestiniens. Etant donné l’impopularité de la guerre, le fait qu’il y avait un nombre croissant de morts israéliens pouvait enfoncer un coin entre la population de langue hébraïque et les dirigeants sionistes d’Israël. La poursuite des combats pouvait déboucher sur une crise révolutionnaire en Israël. Aussi la décision de la direction de l’OLP de se retirer de Beyrouth, qui avait été négociée avec les impérialistes, était tout particulièrement catastrophique pour les Palestiniens et pour la perspective de révolution sociale dans la région.

Cette guerre du Liban a aussi démoli le mythe de l’unité arabe derrière la cause palestinienne. Pas un seul Etat arabe n’est alors venu à l’aide des Palestiniens assiégés qui faisaient face à la terreur génocidaire de Sharon. On peut le voir avec le massacre jordanien de Septembre noir en 1970, le massacre de Tell-el-Zaatar commandité par le régime syrien : les dirigeants arabes sont tout autant des ennemis impitoyables de l’émancipation nationale palestinienne que les sionistes. Pour eux, la question palestinienne est un prétexte commode pour dévier le mécontentement populaire contre leur propre régime vers une « guerre sainte » contre le sionisme.

Face à la trahison des Etats arabes, la direction de l’OLP s’est tournée vers l’impérialisme américain pour la sauver. Arafat a donné son accord au débarquement de Marines américains et de légionnaires français pour désarmer les combattants palestiniens qui montaient la garde à Beyrouth-Ouest, et pour les escorter vers l’exil en Tunisie. C’est cette force impérialiste de « maintien de la paix » qui a détruit l’OLP comme force militaire indépendante au Liban et a pavé la voie au sauvage massacre de 2 000 civils palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila.

Leçons de la guerre du Liban : la théorie de la révolution permanente

A l’époque de la domination impérialiste, la bourgeoisie dans les pays à développement retardataire comme le Liban est incapable de consolider une nation. Les forces bourgeoises dans le monde colonial, en luttant pour l’hégémonie, peuvent avoir des clashs avec les impérialistes qui ravagent leurs ressources, retardent leur développement économique et créent d’innombrables barrières à l’émancipation nationale. Mais, à cette époque impérialiste, la bourgeoisie coloniale et semi-coloniale ne peut exister que comme intermédiaire pour l’impérialisme. Que ce soient les émirs dans le Golfe ou les bonapartes du Caire et de Damas, les classes dirigeantes du Proche-Orient sont tout aussi dépendantes que les impérialistes de l’arriération et de la balkanisation de leur propre pays. Leurs intérêts sont complètement imbriqués avec ceux de l’impérialisme. Comme l’écrivait Trotsky à propos de la Révolution chinoise de 1927 : « tout ce qui relève la foule opprimée des travailleurs pousse fatalement la bourgeoisie nationale à l’alliance militaire déclarée avec l’impérialisme » (la Question chinoise dans l’Internationale communiste).

Dans des pays arriérés comme ceux-ci, c’est la théorie de la révolution permanente, développée par Léon Trotsky, qui donne la perspective pour résoudre les questions démocratiques fondamentales que pose le développement inégal et combiné à ces pays. Trotsky écrivait que « la solution véritable et complète de leurs tâches démocratiques et de libération nationale ne peut être que la dictature du prolétariat, qui prend la tête de la nation opprimée, avant tout de ses masses paysannes » (Thèse n° 2 sur la révolution permanente).

Cela veut dire la lutte victorieuse du prolétariat pour le pouvoir d’Etat, à la tête de tous les opprimés. Avec les haines nationales et les conflits intercommunautaires qui agitent historiquement le Proche-Orient, il est illusoire de rêver d’une harmonie intercommunautaire au Liban sous le capitalisme. Si l’on renverse au Liban l’exclusion historique de la population musulmane, cela conduira tout simplement à renverser les termes de l’oppression au détriment des chrétiens. Aucune solution équitable aux conflits nationaux et communautaires n’est possible à moins de lutter pour la dictature du prolétariat en balayant le royaume hachémite de Jordanie et les bonapartistes baasistes sanglants de Syrie, en abattant la structure féodale pourrie du Liban et en démantelant l’Etat sioniste. Cette lutte doit placer le prolétariat révolutionnaire, avec son parti d’avant-garde, à la tête des exploités et des opprimés, et elle ne peut trouver son achèvement que dans une fédération socialiste du Moyen-Orient.

La Révolution russe de 1917 n’a pas seulement accordé le droit d’autodétermination aux nations, y compris avec la création d’Etats indépendants, mais elle a aussi développé toute une série de solutions organisationnelles pour de petits groupements proto-nationaux, même quelquefois de quelques villages, afin qu’ils aient une certaine mesure d’autonomie locale.

La Yougoslavie de Tito était un Etat ouvrier déformé où l’expérience commune d’avoir chassé les fascistes et d’avoir mis en place une économie collectivisée a mis fin aux pogroms et conflits nationaux meurtriers, ce qui était un acquis historique de la révolution. Mais la politique stalinienne de « socialisme de marché » a inspiré une recrudescence du nationalisme et pavé la voie pour les impérialistes et la contre-révolution.

Le Hezbollah : une organisation islamiste réactionnaire

Notre perspective prolétarienne révolutionnaire internationaliste signifie pour commencer la nécessité de l’indépendance politique la plus totale vis-à-vis de toutes les organisations capitalistes communautaires. Quand nous avons pris le côté militaire du Hezbollah lors de l’attaque israélienne, nous n’avons pas cessé un seul instant de mettre en garde contre cette organisation islamiste réactionnaire. Nous écrivions dans le Bolchévik n° 177 que « l’autorité accrue du Hezbollah représente une menace mortelle pour les femmes, les chrétiens, les Druzes, les sunnites, ainsi que pour les chiites que le Hezbollah considère comme “mécréants” ».

Le Hezbollah a mis en échec l’offensive israélienne, ce qui est une bonne chose, mais l’ampleur de son succès militaire est à relativiser quand on met cela en perspective avec le fait que non seulement il n’a pu empêcher le débarquement de milliers de soldats de l’ONU dans son fief, mais il a même été obligé de l’approuver du bout des lèvres, alors que des navires de guerre impérialistes assurent un embargo militaire sur le réapprovisionnement du Hezbollah.

Par contre il s’agit d’une victoire politique pour le Hezbollah, au Liban et dans l’ensemble du monde arabe. Non seulement il semble que le Hezbollah ait renforcé son emprise sur la communauté chiite, il a également gagné temporairement de l’influence parmi les sunnites, qui ont bien vu le rôle méprisable de leurs propres dirigeants, héritiers de Rafik Hariri, soutenant les pressions impérialistes pour expulser la Syrie et espérant qu’Israël massacrerait le Hezbollah une bonne fois pour toutes. Ils n’ont même pas fait semblant d’envoyer l’armée libanaise faire un baroud d’honneur contre l’attaque israélienne.

Le Hezbollah est un produit de la guerre civile libanaise des années 1975-1990. C’est un exemple chimiquement pur du fait que la montée de l’intégrisme religieux dans le monde musulman est un produit de la faillite du nationalisme bourgeois et de la trahison des staliniens. Les masses chiites, qui sont tout en bas dans l’échelle sociale au Liban, pouvaient voir dans cette guerre civile leurs dirigeants, la milice Amal de Nabih Berri, qui faisait partie du camp « palestino-progressiste », commettre toutes sortes de crimes et d’alliances avec divers bourreaux. Elles pouvaient voir le Parti communiste à la traîne de ces mêmes forces.

Le Hezbollah a profité de ce discrédit. Soutenu financièrement et militairement par le gouvernement islamique iranien de Téhéran, il est parvenu à l’hégémonie dans la communauté chiite en assassinant nombre de dirigeants d’Amal et de militants communistes dans les années 1980.

Le Hezbollah prend modèle sur la société théocratique des mollahs iraniens. Et c’est effectivement ce type de société qu’il a de plus en plus réussi à imposer aux chiites, avec le voile et la réclusion des femmes, etc. Ses programmes sociaux lui permettent d’encadrer la population et d’asseoir son autorité, comme le font toutes les organisations intégristes, les Frères musulmans en Egypte, le Hamas à Gaza, etc. La chaîne de télévision du Hezbollah al-Manar a fait scandale il y a un ou deux ans en diffusant une série télévisée aux forts relents antisémites – ce qui a donné un prétexte au gouvernement Chirac d’interdire sa diffusion en France et de se donner à lui-même un faux brevet de lutte contre l’antisémitisme.

Le Hezbollah est sorti renforcé d’abord par le retrait israélien du Sud-Liban en 2000, et ensuite par la dernière guerre. Mais, comme je le disais tout à l’heure, le Liban est une théocratie plurielle. Contrairement à l’Iran, qui est une mosaïque de peuples opprimés par une majorité persane, mais qui est en général chiite, le Liban est en majorité non chiite. Une tentative du Hezbollah pour imposer son propre modèle de société religieuse à l’ensemble des communautés libanaises provoquerait probablement une guerre civile que le Hezbollah ne pourrait aujourd’hui probablement pas gagner. Donc pour le moment il déclare s’intégrer dans le système politique confessionnel libanais au côté des autres groupes religieux.

Les autres partis politiques libanais, qui ne sont pas en mesure de liquider le Hezbollah, même si ce n’est pas l’envie qui leur manque, sont donc obligés de s’en accommoder. En fait le Hezbollah siège tout à fait officiellement dans le gouvernement capitaliste libanais, et il a monté une alliance politique avec le général maronite Aoun, un personnage tout à fait sanguinaire qui a fait parler de lui pendant la guerre civile dans les années 1980. Aoun, qui avait été chassé par les Syriens, est revenu après le départ de ces derniers, et maintenant il est vu comme un partisan des Syriens au Liban. Ainsi va la politique dans ce pays. Et l’impérialisme français non seulement a ses hommes du côté de la famille Hariri, mais Aoun lui-même, qui a passé 15 ans d’exil en France, est retourné l’année dernière au Liban avec la bénédiction du quai d’Orsay. Ainsi va la diplomatie de l’impérialisme français qui entretient des partisans des deux côtés de diverses lignes de clivage qui traversent la société libanaise – des lignes de clivages qui sont elles-mêmes créées et entretenues par la France. Le Figaro, un journal très bien introduit dans ces milieux, avait un article le 2 octobre citant un « intellectuel chiite indépendant », Lokman Slim :

« Les autres partis libanais sont finalement contents que le Hezbollah encadre la turbulente communauté chiite. Cela légitime leur propre contrôle sur leur communauté. Et en traitant avec un concessionnaire agréé chiite, ils évitent de se frotter à la complexité de cette communauté, de devoir parler avec dix interlocuteurs différents. »

Le Figaro conclut en disant « Un Hezbollah redouté, donc, mais si utile à tant de monde… » – y compris aux impérialistes français, avec lesquels le Hezbollah cherche instamment un accord.

Tous les groupes intégristes islamiques, qui ne parlent que du règne de Dieu sur terre, sont en fait fondamentalement affectés par leur propre terrain national. Les ayatollahs chiites qui ont pris le pouvoir en Iran en 1979 ont poursuivi l’oppression chauvine grand-perse des Kurdes qui, en Iran, sont eux-mêmes pour la plupart chiites. Y compris en Afghanistan les Talibans s’appuient sur les tribus pachtounes contre les autres ethnies.

Maintenant tout ceci pose la question de ce qu’il faut penser des groupes qui soutiennent le Hezbollah politiquement. Je veux dire par là tout d’abord le Parti communiste libanais. Comme je l’expliquais tout à l’heure, dans les années 1970 le PCL a joué un rôle crucial pour dévoyer la possibilité d’une révolution prolétarienne en assujettissant les masses opprimées palestiniennes et chiites notamment derrière des chefs de clan réactionnaires. Maintenant ils en sont au point de faire des alliances politiques avec le Hezbollah.

L’organisation de Besancenot, le Secrétariat unifié, a un groupe, ou tout au moins des partisans au Liban qui sont derrière le PCL, la cinquième roue du carrosse de Nasrallah et Aoun. La LCR a publié une déclaration de ses camarades là-bas, et nous l’avons citée dans le Bolchévik, où ils répandent toute une série de mensonges sur le soi-disant caractère anti-impérialiste et pro-palestinien du Hezbollah. Loin d’être une expression d’anti-impérialisme, la montée de mouvements islamistes de masse reflète le désespoir face à une oppression brutale. Le Hezbollah est tout aussi hostile au peuple palestinien que les autres groupes libanais. Quand le Hezbollah insiste sur le « droit au retour » pour les Palestiniens en Palestine, c’est parce que, comme les autres, il voudrait que les Palestiniens débarrassent le plancher du sol libanais.

Rouge du 27 juillet a aussi publié sans commentaire des déclarations de son groupe libanais sur la nécessité de « dépasser le caractère confessionnel pur de la résistance actuelle […] dans une atmosphère d’entente et de coordination profondes avec la résistance islamique ». Ils ont aussi longuement interviewé (Rouge, 14 septembre) une certaine Nahla Chahal qui glorifie le Hezbollah comme un « mouvement de théologie de la libération » (pour elle c’est quelque chose de bien) et que « c’est le seul mouvement islamiste qui vienne dans les forums sociaux mondiaux et européens ». Que le Hezbollah le fasse, cela dit surtout quelque chose sur le caractère capitaliste de ces forums sociaux.

Iran 1979 : A bas le chah, à bas les mollahs !

Le soutien du PCL au Hezbollah rappelle immanquablement celui du Parti communiste d’Iran, le Toudeh, qui avait aidé à la prise du pouvoir de l’ayatollah Khomeiny. En 1979 l’ensemble de la gauche et de la soi-disant extrême gauche s’était prosterné également devant l’ayatollah Khomeiny. Ils le présentaient comme anti-impérialiste. Lambert, qui dirige le PT [Parti des travailleurs] français, avait un groupe là-bas, et Krivine de la LCR aussi. Ces groupes, tout comme le Toudeh, se sont faits littéralement massacrer après que Khomeiny a pris le pouvoir. Nous étions bien seuls à l’époque quand nous nous étions opposés aux mollahs. Nous avons écrit dans notre déclaration de principes internationale :

« La “Révolution iranienne” de 1979 a ouvert une période d’ascendance politique de l’islam dans le monde historiquement musulman : ce développement a contribué à la destruction contre-révolutionnaire de l’Union soviétique, et a en retour été puissamment renforcé par celle-ci. La prise du pouvoir par Khomeiny en Iran,  et sa consolidation, ont constitué une défaite semblable à l’écrasement du prolétariat allemand par Hitler en 1933, même si cela s’est accompli à une échelle locale plus restreinte. Avec notre mot d’ordre de “A bas le Shah ! Pas de soutien aux mollahs !” et l’attention que nous avons portée en particulier à la question femmes (“Non au voile !”), nous, tendance spartaciste internationale (TSI) [c’était le nom de notre organisation internationale à l’époque], nous sommes trouvés en totale opposition à la capitulation du reste de la gauche devant la réaction dirigée par les mollahs. »

La lutte contre la réaction islamiste, et la lutte pour défendre l’Union soviétique, ont eu un point culminant en Afghanistan avec le soulèvement dirigé par des mollahs, et financé et armé par Washington et le régime obscurantiste wahhabite d’Arabie saoudite, en 1979. Si Washington le soutenait c’est parce qu’il voyait une opportunité pour faire tuer le plus grand nombre possible de soldats soviétiques. Nous avons à l’époque salué l’Armée rouge en Afghanistan, et nous avons demandé l’extension des acquis de la révolution d’Octobre aux peuples afghans.

Nous avions mis en garde dès le début contre le fait que la bureaucratie stalinienne de Moscou risquait de trahir les peuples afghans en retirant l’Armée rouge, au nom de la poursuite de la coexistence pacifique avec l’impérialisme. C’est ce qui s’est produit finalement en 1989, et le recul entamé à Kaboul s’est terminé dans les rues de Moscou en 1991 avec la prise du pouvoir par Eltsine qui a ensuite détruit l’Etat ouvrier dégénéré soviétique et restauré le capitalisme. Nous avons lutté pour une révolution politique ouvrière, pour que les ouvriers soviétiques balaient les barricades d’Eltsine. Nous avons perdu, nos opposants ont gagné, qui ont soutenu l’établissement de la « démocratie », c’est-à-dire du capitalisme, en Russie. Maintenant l’URSS est détruite, et les impérialistes se retrouvent avec les Ben Laden, qui sont littéralement leur monstre de Frankenstein.

A bas la campagne raciste « antiterroriste » !

De l’Afghanistan à l’Irak et au Liban, les interventions des impérialistes et d’Israël sèment la terreur et la désolation. Nous luttons pour le retrait des troupes françaises du Liban, d’Afghanistan, et aussi des Balkans, d’Afrique et d’ailleurs. Les impérialistes, sous couvert de « lutte contre le terrorisme », renforcent « chez eux » l’appareil policier, qui au premier abord est tourné contre les jeunes des banlieues, mais plus largement vise l’ensemble de la classe ouvrière.

Le 17 octobre cette année, c’était le 45e anniversaire du massacre de plusieurs centaines d’Algériens à Paris. Cette année le Monde, qui n’est-ce pas a plus ou moins une réputation de gauche, titrait son édition du 17 octobre non pas sur la terreur policière contre les Algériens, mais sur la terreur des jeunes contre la police dans les banlieues. Prenez d’ailleurs l’Humanité de la veille, c’est pareil. Que le gouvernement du capitalisme français et sa presse puissent faire des campagnes aussi monstrueuses est dû notamment à la complicité avec Sarkozy/Villepin des bureaucrates syndicaux et des réformistes il y a un an pendant la révolte des banlieues. Le soutien des partis ouvriers réformistes à la politique extérieure de l’impérialisme français, du vote des pouvoirs spéciaux pour la guerre d’Algérie en 1956 à l’envoi de troupes aujourd’hui au Liban, trouve son pendant en France même dans leur refus de mobiliser la classe ouvrière contre les campagnes racistes visant les « Arabes » entre guillemets ici.

C’est la question du racisme, notamment contre les jeunes des banlieues, les enfants et petits-enfants des esclaves coloniaux de la France, qui déjà domine la campagne électorale. Les réformistes, du PS à LO, dans le meilleur des cas se mobilisent un peu pour les sans-papiers, mais face à la terreur quotidienne dans les banlieues ils n’offrent pas d’autre recette que plus de police, « de proximité » bien sûr.

Lénine a développé une explication marxiste du phénomène de l’impérialisme en même temps qu’il développait une explication marxiste du réformisme à l’intérieur du mouvement ouvrier. En effet avec le développement de l’impérialisme, la bourgeoisie fait des surprofits en exportant ses capitaux financiers, ce qui lui permet de redonner une petite part à une mince couche de travailleurs privilégiés, pour leur faire croire qu’ils ont un intérêt objectif dans le maintien du système capitaliste. C’est sur cette couche que se basent la bureaucratie syndicale et les partis ouvriers réformistes, du PS à Lutte ouvrière. D’où découle leur politique de collaboration de classes, basée sur les travailleurs français blancs et enchaînant ces derniers à leur propre bourgeoisie par le mécanisme du « front populaire » avec des partis bourgeois « de gauche ». En se basant sur une lettre d’Engels à propos du soutien dans la classe ouvrière anglaise à la politique coloniale, Lénine résume ainsi :

« Voilà donc, nettement indiquées, les causes et les conséquences. Les causes : 1) l’exploitation du monde par l’Angleterre ; 2) son monopole sur le marché mondial ; 3) son monopole colonial. Les conséquences : 1) l’embourgeoisement d’une partie du prolétariat anglais ; 2) une partie de ce prolétariat se laisse diriger par des hommes que la bourgeoisie a achetés ou que, tout au moins, elle entretient. […] Ce qui distingue la situation actuelle, c’est l’existence de conditions économiques et politiques qui ne pouvaient manquer de rendre l’opportunisme encore plus incompatible avec les intérêts généraux et vitaux du mouvement ouvrier : d’embryon, l’impérialisme est devenu le système prédominant. »

Cela montre toute l’absurdité des théories républicaines de groupes petits-bourgeois comme le Mouvement des Indigènes de la République : on ne peut « décoloniser la République », comme ils disent, sans lutter pour son renversement révolutionnaire par le prolétariat.

L’impérialisme français est très conscient de ce qu’il fait. Il a une longue mémoire, il paie des journalistes et des propagandistes pour réécrire sa propre histoire sanglante, celle du colonialisme français. C’est notre rôle de rétablir la vérité, et de tirer les leçons de la lutte de la classe ouvrière et des opprimés pour leur libération. L’histoire coloniale de la France, du Liban à l’Algérie, au génocide du Rwanda en 1994, et aujourd’hui encore les Antilles, la Nouvelle-Calédonie ou la Réunion, montre que le racisme est inhérent au système capitaliste. La situation peut paraître sombre, au Liban ou ici avec la soi-disant alternative qui se profile, entre voter pour Sarkozy et voter pour Royal (ce pour quoi Lutte ouvrière vient d’ailleurs de se prononcer). Pourtant l’utopisme n’est pas de lutter pour la révolution ouvrière, mais de faire croire qu’il y a un raccourci permettant de rendre le capitalisme moins horrible. On n’en finira avec le racisme et avec l’oppression des peuples du tiers-monde qu’en luttant pour renverser le capitalisme ici même et internationalement. C’est la perspective à laquelle nous voulons vous gagner. Merci.