Procès d’Outreau :

La cruelle chasse aux sorcières du gouvernement a détruit des vies

Reproduit du Bolchévik n° 169, septembre 2004

Le 2 juillet, dix personnes étaient reconnues coupables par le jury du procès d’Outreau. L’affaire avait été présentée comme l’un des pires exemples de « réseaux pédophiles » depuis des décennies ; mais ce que le procès a vraiment montré, c’est la malfaisance et la persécution de la part de l’Etat bourgeois. Sept personnes ont été acquittées après avoir passé des mois ou des années derrière les barreaux. Six personnes ont été condamnées alors même que le procès avait montré que la seule preuve contre elles était une totale fabrication. Parmi elles il y a Franck Lavier, condamné à six ans de prison et relâché après 36 mois derrière les barreaux, et Dominique Wiel, condamné à sept ans et également relâché sous caution la même semaine. Ils restent tous deux sous contrôle judiciaire et restreints dans leurs mouvements. Leur procès en appel n’aura lieu qu’au printemps 2005, ce qui prolonge encore davantage ce qui constitue déjà pour ces deux hommes une condamnation à une vie de souffrance humaine. Comme les onze autres adultes faussement accusés dans cette chasse aux sorcières menée par l’Etat, ils ont, depuis le premier jour, clamé leur innocence face à toutes les accusations de viol et d’abus sexuels envers des enfants. Cette affaire, qui a pour théâtre une cité ouvrière pauvre d’Outreau, a cruellement brisé tellement de vies et en particulier celles des enfants qui en sont au centre.

Nous ne savons tout simplement pas ce qui s’est réellement passé à Outreau. Il se peut que d’affreux crimes aient été commis ou qu’absolument rien ne se soit passé. Toute possibilité de découvrir ce qui s’est ou non passé a été détruite. Tout cela était, dès le départ, subordonné à une campagne gouvernementale visant à renforcer la mise au pas de la population par l’Etat bourgeois et à détourner l’attention de la vraie brutalité de la vie dans cette société malade, infâme et arriérée. Une chose qui était claire dans ce procès qui a duré neuf semaines, c’était comment les enfants ont été manipulés sans répit par l’Etat capitaliste et son système judiciaire, dès l’instant où l’Etat s’en est mêlé pour soi-disant les « protéger ». Sans parler des vies détruites chez ceux qui étaient faussement accusés dans une affaire où revenaient des histoires manifestement inventées de zoophilie avec un berger allemand appelé « Hitler » ainsi que des rapports sexuels avec des cochons et des moutons ; des histoires de baguettes fournies par la boulangère accusée, qui auraient été utilisées dans des séances sexuelles avant d’être mangées au déjeuner ; des réseaux de vidéos porno, le tourisme sexuel et le meurtre d’enfants. L’un des accusés, François Mourmand, père de sept enfants, s’est suicidé après avoir passé dix-sept mois en prison. Alain Marécaux a aussi tenté de se suicider et a failli mourir après une grève de la faim de 93 jours. Sa relation avec sa femme, également accusée de viol, a été aussi détruite, tout comme tant d’autres relations. Quand on lui a demandé qui elle rendait responsable, Christine Martel, la femme de Pierre Martel, le chauffeur de taxi accusé d’avoir transporté les enfants en Belgique pour des rapports « pédophiles », disait : « Vous réalisez que cela aurait pu arriver à n’importe qui d’entre nous. [...] Je ne blâme pas vraiment Badaoui (Myriam Delay), je blâme le système judiciaire et le magistrat instructeur […] » (l’Observer [Londres], 23 mai 2004).

Ce sont les enseignants des enfants Delay et des assistantes sociales qui ont, les premiers, rapporté ce qu’ils considéraient comme un « comportement sexuel étrange » et qui ont déclenché cette croisade de l’Etat contre la « pédophilie », qui a commencé sous le gouvernement Jospin et a été continuée par Chirac/Sarkozy. En tout, jusqu’à dix-sept enfants ont été arrachés à leurs parents, depuis début mars 2001, et remis à des familles d’accueil ou des orphelinats d’Etat. Beaucoup d’entre eux étaient enlevés à leur famille à l’aube et remis aux commissariats de police où ils étaient soumis non à des heures mais littéralement à des années d’interrogatoires et de suggestions de la part des policiers et d’« experts » psychologues. Cela a pris trois ans avant que l’affaire soit même portée au tribunal et ça continue ­toujours.

L’Etat prétend que les enfants étaient victimes d’un « réseau sexuel pédophile » franco-belge, mais le procès a révélé qu’il n’avait jamais existé. De plus, les médecins n’ont trouvé de preuve médicale d’abus sexuel chez aucun des enfants examinés. Le témoignage à charge donné par les psychologues qui, à l’ouverture du procès présentaient tous les enfants comme des témoins « crédibles », est également parti en fumée dans les semaines qui ont suivi. L’une des « experts » a raconté comment elle avait demandé à l’un des enfants de dessiner quelque chose indiquant la peur. L’enfant a fait le dessin d’une grande araignée rouge avec ce qu’elle décrivait comme « des pattes menaçantes et poilues ». Pour cette experte, c’était là un « indicateur de sexualisation » (le Figaro, 22 juin). Un deuxième psychologue a déclaré au tribunal que les questions qui avaient été initialement posées aux enfants par la police étaient « tendancieuses, très orientées ». Un autre a soumis deux diagnostics écrits sur la même enfant, la déclarant crédible dans l’un le 15 février 2002 et non crédible dans l’autre le 5 mars 2002 (le Figaro, 5-6 juin). Et enfin un autre psychologue racontait comment, à peine un mois avant le début du procès, les enfants Delay lui avaient déclaré qu’ils avaient accusé certains des prévenus parce que leur mère le leur avait demandé (le Figaro, 2 juillet). Tout compte fait il s’agissait d’une série d’incohérences et de manipulations de preuves, présentées de la façon la plus crûment épouvantable, livrées cruellement et ironiquement au public par l’Etat capitaliste comme une campagne pour protéger les vulnérables. Les paroles de Karine Duchochoy, l’une des jeunes femmes faussement accusées, à sa sortie de prison, étaient particulièrement poignantes : « Toute la vérité est sortie, c’est fini. Je vais re­trouver mon petit garçon. Ça fait trois ans qu’ils me l’ont pris et je n’avais rien fait » (l’Observer [Londres], 23 mai). Tout aussi douloureux étaient les interrogatoires contradictoires au tribunal de l’un des aînés Delay, fustigé et attaqué aussi bien par le procureur que par la défense, qui l’accusaient de manquer de coopération et de montrer de l’obstination ainsi que de l’agressivité. Guère surprenant.

L’affaire d’Outreau a tous les traits d’autres frénésies anti-« pédophiles » similaires à travers l’Europe, qui ont maintenant été discréditées. En Grande-Bretagne, au début des années 1990, il y a eu une avalanche de telles affaires, dont une dans les îles Orcades, au large de l’Ecosse. Là, neuf enfants ont été saisis, en 1991, par l’Etat et les assistantes sociales qui ont essayé de leur faire inventer d’épouvantables histoires d’abus rituels « sataniques ». Là aussi, aucune preuve d’abus sexuel n’a été trouvée sur aucun des enfants et sept d’entre eux ont nié avec véhémence tout abus de quelque nature. L’affaire a été rejetée par le tribunal au deuxième jour, considérant que la « preuve » était irrémédiablement défectueuse. Le juge a dit que les enfants avaient été « soumis à des interrogatoires contradictoires cherchant à les casser pour qu’ils avouent avoir été abusés ».

L’intention de ces chasses aux sorcières modernes est d’instiller la peur et l’insécurité à grande échelle, utilisées autant par les gouvernements de « gauche » que de droite pour justifier l’introduction de pouvoirs d’Etat plus étendus et de lois encore plus draconiennes contre les libertés civiles. La classe dirigeante capitaliste cherche à habituer ceux qu’elle exploite quotidiennement – la classe ouvrière – à la limitation de leurs droits démocratiques et à les mettre au pas dans le but d’étouffer à l’avance leur lutte sociale et politique. Ces poursuites n’ont absolument rien à voir avec la protection des enfants, provenant des mêmes gouvernements qui ont littéralement tué des centaines de milliers d’enfants en Irak avec leurs sanctions commerciales meurtrières, qui enferment les enfants des sans-papiers dans les camps de rétention, qui bientôt vont refuser l’instruction publique aux jeunes musulmanes portant le voile islamique, et qui, plus généralement, sont en train de faire des coupes sombres dans les budgets de l’éducation et de la santé. L’une des nouvelles lois en train d’être introduites dans le sillage de cette croisade antisexe menée au nom des « valeurs familiales » est le nouveau « fichier des délinquants sexuels » qui sera lancé cet automne. Dans d’autres pays tels que la Grande-Bretagne où des « fichiers » sur les affaires de sexe existent, les enfants qui jouent à se courir après et s’embrasser ou qui se donnent des câlins et des bisous sont dûment enregistrés, notamment quand un instituteur ou une assistante sociale juge leur comportement « étrange ». Ils resteront, leur vie durant, sur ces listes de soi-disant délinquants sexuels. Il est arrivé, lorsque la police a divulgué l’information sur certains de ceux qui figurent sur ces listes, que des meutes de lyncheurs se forment et sèment la terreur, blessant les gens et dans certains cas les poussant même au suicide. Une fois il y a quelques années, en ­Grande-Bretagne, une pédiatre a été attaquée par une meute de brutes agissant sous l’influence de l’hystérie ­anti-« pédophile » attisée par le gouvernement. La mise en place des « fichiers des délinquants sexuels » est également  utilisée en France pour faire de plus en plus accepter l’idée que la police puisse garder des dossiers permanents sur quelqu’un simplement parce qu’il a été « impliqué » dans une quelconque procédure judiciaire (que ce soit en tant que victime ou témoin, ou en cas de jugement que l’on ait été acquitté ou reconnu coupable), comme avec le nouveau dossier universel de police, le Stic (Système de traitement des infractions ­constatées).

La période actuelle est marquée par l’accroissement de l’austérité capitaliste, de la pauvreté et des attaques contre les acquis précédemment conquis par la classe ouvrière (comme contre le droit de grève et avec la privatisation d’EDF-GDF). Et c’est précisément à de tels moments que l’Etat cherche à multiplier les prétextes pour accroître son pouvoir policier et renforcer son appareil répressif. La croisade morale contre la « pédophilie » constitue l’un de ces prétextes tout comme la chasse aux sorcières raciste contre les soi-disant réseaux de terreur islamiste supposés se tapir dans chaque banlieue, prêts à frapper à tout moment les fondations et les valeurs de la société « française ». Delou Bouvier, ancien juge instructeur, remarquait au moment du procès d’Outreau que « Il y a des domaines qui sont presque sacrés, comme la pédophilie et le terrorisme, pour lesquels il ne peut y avoir présomption d’innocence » (BBC News en ligne, 2 juillet). Les deux campagnes cherchent à trouver des boucs émissaires automatiquement présentés comme la principale menace sur la sécurité individuelle. Dans le monde réel, c’est le système capitaliste qui broie la classe ouvrière quand les marges de profit de la bourgeoisie augmentent et la rejette dans le chômage et la misère quand elles diminuent. Ce système pourri offre à des jeunes de plus en plus nombreux, particulièrement ceux d’origine immigrée, un avenir peu enviable de chômage et de prison. La sœur de François Mourmand, qui s’est suicidé en attendant le procès de l’affaire d’Outreau, a bien qualifié le mépris de la classe capitaliste et de ses procureurs envers les pauvres et les ouvriers en général : « Nous ne sommes que de petites gens à côté d’eux, avec des vies sans valeur » (l’Observer [Londres], 23 mai).

En tant que marxistes, nous traitons les questions sociales telles que la « pédophilie » précisément parce qu’elles sont politisées par la bourgeoisie qui cherche à renforcer son autorité et son pouvoir. La pédophilie signifie le désir sexuel envers les enfants et il est monstrueux de la comparer, comme le fait le gouvernement, aux horribles meurtres et viols d’enfants, tels que dans l’affaire Dutroux en Belgique. Faire cette comparaison revient à accepter les principaux éléments de cette croisade moraliste menée au nom des « valeurs familiales » selon lesquels toute relation sexuelle autre que dans le cadre de la monogamie hétérosexuelle (« un homme et une femme pour la vie ») est « déviante » et « dangereuse ». Le seul principe qui devrait présider à toute relation sexuelle, y compris entre jeunes et adultes, est la règle du consentement effectif, c’est-à-dire qu’à partir du moment où les deux personnes sont consentantes au moment de l’acte et où elles comprennent réellement ce qu’elles acceptent, alors personne, et surtout pas l’Etat, n’a le droit de les empêcher de le faire. Nous nous opposons de manière intransigeante à toute intervention de l’Etat dans les relations sexuelles consensuelles et dans la vie privée des gens. Dans les cas impliquant de jeunes enfants et des adultes, les choses deviennent évidemment beaucoup plus embrouillées et la question de savoir si l’enfant consent effectivement à l’acte doit être considérée au cas par cas.

Notre organisation internationale est connue depuis longtemps pour notre défense des relations sexuelles intergénérationnelles et des organisations qui prônent le droit des jeunes en-dessous de l’âge minimum de consentement imposé par le gouvernement d’avoir des relations sexuelles avec des adultes. C’est le cas par exemple du North American Man/Boy Love Association (NAMBLA – Association nord-américaine pour l’amour hommes-garçons). Nos camarades aux Etats-Unis défendent très ouvertement le chanteur Michael Jackson contre la récente vendetta d’Etat. Nous ne posons pas pour condition à cette défense le fait que les rapports entre Jackson et les jeunes garçons pubères soient restés asexuels comme il le maintient. Ce qui compte c’est de savoir, au cas où il y a eu des relations sexuelles entre Jackson et les garçons, s’ils y ont tous consenti. Il se trouve que dans cette dernière accusation contre le chanteur, les deux garçons impliqués ont initialement nié de façon explicite qu’ils aient eu le moindre contact sexuel avec lui. Leur sœur, qui les avait accompagnés dans leurs escales à Neverland, a également corroboré leur histoire. Ce n’est que des mois plus tard, après que la famille avait contacté un avocat impliqué dans l’affaire de 1993 dans laquelle des allégations d’agression sur mineur avaient été portées contre Jackson qui avait payé 20 millions de dollars, que le garçon fut envoyé chez un « expert thérapeute » à qui il révéla les soi-disant « comportements indécents ». Ça ne vous rappelle rien ? Comme nous l’écrivions dans Workers Vanguard n° 818 (23 janvier) : « L’affaire Jackson représente une intersection entre l’homophobie éhontée, la stigmatisation réactionnaire, par l’Etat, des relations sexuelles intergénérationnelles, et les préjugés raciaux […]. Quelle meilleure cible du harcèlement de l’Etat et des médias pourrait-on trouver qu’un Noir, qui a un timbre de voix très féminin, qui se maquille, qui paraît plus blanc que beaucoup de Blancs “de pure souche” et qui déclare ouvertement qu’il aime partager son lit avec des garçons pubères, surtout blancs ? » Nous disons : A bas les lois réactionnaires qui imposent un âge minimum de consentement ! Gouvernement, hors des chambres à coucher !

Nos idées concernant les relations sexuelles et notre opposition à l’intervention de l’Etat dans la vie privée des gens sont basées sur les positions exprimées et les lois introduites par l’Etat ouvrier soviétique à ses débuts, Etat issu de la Révolution d’octobre 1917 en Russie. Grigorii Batkis, qui était directeur de l’Institut d’hygiène sociale de Moscou en 1923, écrivait :

« La loi soviétique se base sur le principe suivant : elle déclare la non-interférence absolue de l’Etat et de la société dans les affaires sexuelles tant que nul n’est blessé et que les intérêts de personne ne sont empiétés […]. Concernant l’homosexualité, la sodomie et toute autre forme de gratification sexuelle qui sont considérées comme une offense contre la moralité publique dans la législation européenne – la législation soviétique les traite exactement de la même façon que les rapports “naturels”. Toute forme de rapport sexuel est une affaire d’ordre privée » (souligné dans l’original).

The Sexual Revolution in Russia [La révolution sexuelle en Russie], 1923, cité dans The Early Homosexual Rights Movement 1864-1935 (J. Lauristen et D. Thorstad)

Les campagnes de moralité et les chasses aux sorcières comme celle autour de l’affaire d’Outreau, ont également pour objectif central de promouvoir et glorifier l’institution répressive de la famille, la principale source d’oppression des femmes et des enfants sous le capitalisme. La famille patriarcale est une unité sociale et économique réactionnaire appuyée par toutes les religions. La plupart des abus sexuels des enfants, et aussi des femmes, ont lieu au sein du foyer familial. La famille est née en même temps que le développement des classes et la création de la propriété privée aux mains d’hommes qui avaient besoin de s’assurer que leurs propres enfants, et pas ceux d’autres, hériteraient de leur fortune et de leur propriété. De là est venue la création du mariage, dont le but était précisément de restreindre l’accès des femmes au sexe et pour lequel la monogamie de la femme (mais pas celle de l’homme) était requise. Il est par conséquent inhérent à l’institution de la famille d’être sexuellement répressive. Et encore aujourd’hui en France, si une femme veut se remarier dans les neuf mois suivant son divorce, elle est tenue par la loi de se soumettre à un examen médical pour prouver qu’elle n’est pas enceinte – c’est-à-dire que la paternité de son enfant n’est pas controversée. Elle n’obtiendra pas une autorisation de mariage sans une attestation du médecin certifiant qu’elle n’est pas enceinte.

L’hystérie poussée par le gouvernement contre les « pédophiles » cherche également à culpabiliser les mères qui travaillent et sortent quand elles le peuvent, en leur faisant croire que leurs enfants sont en danger et que la place normale d’une femme pour protéger et garder ses enfants en sécurité, est à la maison où elle peut garder un œil sur eux. La famille nucléaire a toujours servi à maintenir les femmes dans un rôle d’épouse et de porteuse d’enfants, souvent isolée du travail social général ou faisant du travail à temps partiel et sous-payé. Dans le cadre de notre lutte pour la révolution socialiste mondiale et la libération des femmes, nous cherchons à saper la base économique et légale de la famille nucléaire. Notre but est une société dans laquelle la famille sera remplacée ; dans laquelle les relations sexuelles seront réellement amoureuses et volontaires ou simplement de brefs moments de plaisir, entre des individus consentants ; dans laquelle la culpabilité et la honte déformantes dont la moralité bourgeoise nous étouffe tous seront levées ; dans laquelle la nécessité économique qui force les gens à se mettre en famille et les sépare souvent aussi, aura disparu. Nous sommes pour des crèches gratuites ouvertes 24 heures sur 24, pour des soins de santé de bonne qualité, pour le droit à l’avortement libre et gratuit et l’accès libre à la contraception, cela y compris pour les mineures - sans le consentement parental - ainsi que pour les immigrées, qui n’y ont actuellement pas accès si elles n’ont pas de titre de séjour.

La famille patriarcale est également au centre de l’oppression des homosexuels. L’homophobie a pris des proportions particulières en France dans les derniers mois à la suite du premier mariage homosexuel célébré en juin à Bègles et que l’Etat cherche maintenant à annuler. Dans le ramassis de réactionnaires intégristes chrétiens qui étaient rassemblés devant la mairie de Bègles, il y avait des collectifs dénommés « Les enfants d’abord » et « Droit des enfants », qui portaient des pancartes disant : « Papa, maman, tout simplement » et d’autres qui criaient contre la « pédophilie » et la zoophilie. Pendant le procès d’Outreau, il a transpiré qu’au moins l’un des « experts » psychologues qui ont mené les « investigations » sur les déclarations des enfants, était proche de la ­hiérarchie catholique. Certains de ces « psychologues » catholiques, ici dans la France « laïque », offrent également leurs services aux jeunes homosexuels, pour les « réformer » et les « absoudre » de leur « confusion sexuelle » et, ce faisant, mènent sans nul doute certains au désespoir suicidaire. Le message de la racaille anti-homosexuelle de Bègles était renforcé par les hurlements de protestation de la part de Chirac, Sarkozy, Jospin et les autres qui juraient sur la sainteté du mariage hétérosexuel et contre Noël Mamère, dirigeant Vert qui a célébré le mariage malgré les menaces de sanctions du gouvernement. Mamère a été immédiatement suspendu par le gouvernement ; et tout autre responsable qui procéderait à la même cérémonie subirait une suspension d’un an. Cette homophobie parrainée par l’Etat attise des atrocités telles que la violente attaque de janvier contre Sébastien Nouchet dans le Pas-de-Calais, que de la racaille fasciste homophobe a tenté d’immoler dans son jardin. Nous autres, communistes, sommes engagés à défendre les pleins droits démocratiques pour les homosexuels et nous accueillons toute avancée légale qui peut être arrachée à cette société réactionnaire, notamment le droit de se marier et d’adopter des enfants (et de divorcer bien entendu).

Contrairement aux groupes comme Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire qui, à notre connaisance, sont restés silencieux face à la chasse aux sorcières d’Outreau, nous nous adressons à ces cas concrets d’injustice sociale et de souffrance humaine pour démontrer comment la bourgeoisie cherche à manipuler cyniquement la question d’abus sexuel des enfants pour amplifier la répression sociale. Dans la perspective d’un avenir socialiste, nous soutenons les paroles de l’historien marxiste Isaac Deutscher,  qui disait dans l’un de ses discours, « De l’Homme Socialiste » : « Nous ne soutenons pas que le socialisme puisse résoudre tous les problèmes de la race humaine. Nous luttons tout d’abord contre les problèmes qui sont créés par l’homme et que l’homme peut résoudre. Trotsky parlait ainsi des trois tragédies dont souffrait l’humanité : la faim, le sexe et la mort. La faim est l’adversaire dont le marxisme et le mouvement ouvrier moderne relèvent le défi. […] Oui, le sexe et la mort poursuivront encore l’Homme Socialiste ; mais nous sommes convaincus qu’il sera mieux équipé que nous pour leur faire face. ».

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