IG : Les mensonges débiles de menteurs débiles

Cet article est traduit de Workers Vanguard no. 785 (9 août 2002), le journal de nos camarades américains de la Spartacist League/US.

Reproduit du Bolchévik no. 161, automne 2002

L’Internationalist Group (IG) a publié toute une série de communiqués sur internet à l’occasion des dernières élections présidentielles en France, lors desquelles le score élevé au premier tour de Le Pen, du Front national fasciste, s’est traduit au deuxième tour par un raz de marée pour Chirac. Avec des titres comme « Comment la LCI transforme les fascistes français en droitiers électoralistes » (8 juin) [How ICL Turns French Fascists Into Ballot Box Rightists – apparemment ils n'ont pas publié cet article en français sur leur site jusqu'à présent], ils y attaquent la ligne soi-disant « propagandiste passive » et « défaitiste » de notre organisation internationale, la LCI. Pour étayer ces accusations, l’IG s’est lancée dans toute une série de mensonges tout aussi cyniques qu’éhontés.

Par exemple, dans « Droitiers électoralistes », l’IG fulmine contre une « série d’articles de Workers Vanguard, le journal de la Spartacist League, qui insistent que le FN n’est pas fasciste mais que c’est un "parti électoral" ». Et l’IG, insinuant le pire, de se demander pourquoi la Ligue trotskyste de France « qualifiait encore le parti de Le Pen de fasciste le 23 avril dernier ? » Et il s’empresse de répondre à sa propre question malhonnête en affirmant qu’une « introduction évasive » à la déclaration de la LTF du 23 avril, « corrige subtilement le tract de leurs camarades français ». Une introduction tellement évasive qu'elle était en première page de Workers Vanguard (n° 780, 3 mai) sous le titre « France : Fascist Le Pen Scores Big Gain in Elections » [France : le fasciste Le Pen fait un gros score aux élections] ! !

L’IG s’attaque ensuite à la LTF en écrivant que nos camarades ont « offert un soutien critique conditionnel à Arlette Laguiller, la candidate de Lutte ouvrière. » Sans vergogne. Le 10 mars, la LTF a écrit une lettre ouverte à Lutte ouvrière, dont la candidate aux présidentielles Arlette Laguiller se présentait en opposition au gouvernement de front populaire du Premier ministre socialiste Jospin, alors allié au PCF et aux Verts. La lettre ouverte notait que le lourd silence de LO en ce qui concerne les mesures anti-immigrés prises par ce gouvernement, en particulier Vigipirate et la campagne sécuritaire, ainsi que le soutien flagrant de LO aux « grèves » réactionnaires des flics, vidait de tout contenu sa soi-disant opposition à Jospin :

« LO, malgré ses consignes d’opposition au gouvernement, se retrouve à la traîne de Jospin et Chirac quand elle capitule face au climat d’hystérie raciste qu’ils entretiennent et qui domine la vie politique du pays. Tant que LO ne s’oppose pas à Vigipirate et aux mobilisations réactionnaires et racistes des flics, la LTF ne peut pas soutenir la campagne de LO. Il n’y a aucun parti dans ces élections qui présente un candidat représentant dans un sens réel les intérêts des travailleurs » [souligné par nous].

Le 17 mai, lors de la campagne des législatives, la LTF a sorti un autre tract, qui disait : « Méfiez-vous de la publicité mensongère ! Leur opposition à la collaboration de classes est vidée de tout contenu par leur capitulation à la campagne sécuritaire raciste, qui est un mécanisme crucial en France pour assujettir les travailleurs à leur propre bourgeoisie. » Cette déclaration a aussi été reproduite dans Workers Vanguard n° 782, 31 mai, sous le titre « Why we Still Don’t Call for a Vote to Lutte Ouvrière » [Pourquoi nous n’appelons toujours pas à voter pour Lutte ouvrière].

Pourquoi l’IG ment

Les mensonges de l’IG sont si flagrants que n’importe quel imbécile sachant lire peut s’en rendre compte - et il n’a même pas besoin de lire l’article en entier, il lui suffit de lire les titres. Alors pourquoi ces mensonges ?

L’IG se compose d’individus autour de Jan Norden, ancien rédacteur en chef de Workers Vanguard, qui ont quitté notre organisation il y a quelques années. Pour tenter de justifier leur défection, ils accusent la LCI d’avoir abandonné son héritage révolutionnaire et d’être devenue révisionniste. Si les divergences politiques sont affirmées franchement dans le cadre d'un débat politique honnête c’est une tâche impossible  ; la grossièreté de leurs mensonges en est d’ailleurs la preuve. Mais leur objectif n’est manifestement pas de convaincre qui que ce soit qui s’intéresse aux divergences politiques qu’il y a entre nos deux organisations. C’est plutôt de nous calomnier purement et simplement et de se servir de ces calomnies dans les milieux hostiles au trotskysme, c’est-à-dire hostiles aux principes et au programme de l’internationalisme révolutionnaire prolétarien.

Les mensonges et les calomnies ne sont qu’un premier pas. Ils encouragent et justifient la violence contre les opposants politiques dans le mouvement ouvrier. Staline ne pouvait aucunement défendre d'un point de vue marxiste sa doctrine antirévolutionnaire du « socialisme dans un seul pays » ; alors, quand le mensonge n’a plus suffi pour faire taire l’opposition politique, il a eu recours à la violence. A l’époque des procès de Moscou, qui étaient des procès truqués contre les dirigeants bolchéviques historiques, Léon Trotsky faisait remarquer dans l’avant-propos à l’édition américaine de l’Ecole de la falsification de Staline (1932), « La préparation des procès truqués sanglants a commencé par des distorsions historiques "mineures" et la falsification "innocente" de citations ».

El supremo Norden, avec sa poignée de militants, n’est évidemment pas en position d’imiter Staline (même si, comme on sait, il est connu pour avoir gratuitement qualifié Staline de « commandant en chef » de l’Armée rouge lors de la Deuxième Guerre mondiale). Mais la raison pour laquelle l’IG ment, c’est qu'il a le même désespoir et les mêmes aspirations opportunistes envers des forces de classe non prolétariennes. Comme nous l’avons déjà noté, pendant la campagne électorale en France l’IG n’a fait que fournir un vernis pseudo-combatif à l’unité électorale « antifasciste » ; celle-ci se faisait l'écho de la campagne selon laquelle le fascisme était « au coin de la rue », et a servi à faire élire Chirac. D’ailleurs s’il y avait eu une réelle menace fasciste, la ligne de la soi-disant gauche selon laquelle on peut vaincre le fascisme par les urnes aurait été suicidaire et aurait été un obstacle à la mobilisation extra-parlementaire du prolétariat, nécessaire pour vaincre les fascistes. L’IG nous a attaqués pour avoir fait la remarque suivante : « Comme le prolétariat français ne menace pas l’ordre bourgeois dans l’immédiat, les capitalistes ne se préparent pas à recourir à la dictature fasciste. Le bon score de Le Pen aux élections va certainement enhardir les bandes fascistes, mais le succès du FN est un phénomène électoral. » (« France : la soi-disant gauche soutient Chirac », Workers Vanguard n° 781, 17 mai).

L’IG rétorque que « Workers Vanguard ne veut ni voir ni entendre parler de fascisme parce qu’il a la suffisance d’une tendance qui a perdu la volonté révolutionnaire de se battre » (article « Droitiers électoralistes » [traduit par nos soins]). Mais le fait que nous parlions des bandes fascistes de Le Pen qui allaient s’enhardir a posé un problème à l’IG. Alors dans son article, l’IG a simplement enlevé cette partie de la citation que, par ailleurs, il utilise dans son entièreté ! Et pour être sûrs que personne ne les prendrait en flagrant délit, ils se sont bien gardés de donner la source de leur citation.

Après les mensonges, la grandiloquence. Malgré le fait qu’un million et demi de personnes aient manifesté en soutien à la « République » bourgeoise et que beaucoup plus de gens ont voté au deuxième tour qu’au premier, l’IG a continué à appeler en grande fanfare « les secteurs du prolétariat les plus combatifs à s’oppposer activement et même à perturber, c’est-à-dire à boycotter, le deuxième tour des élections. » D’un simple revers de la main, l’IG fait disparaître l'obstacle à la mobilisation du prolétariat que représente l’actuelle direction traître du mouvement ouvrier. Cela donne une idée du désespoir et du cynisme d’un groupuscule qui a perdu tout contact avec la réalité sociale et qui a abandonné toute perspective d’intervention dans la classe ouvrière telle qu’elle est pour en gagner les éléments les plus avancés à la conscience révolutionnaire.

Mais l’IG pourrait trouver un marché pour ses bobards contre la LCI dans les milieux plus larges de la gauche française, comme par exemple la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui a au premier tour ouvertement joué les rabatteurs pour le front populaire – une coalition de partis ouvriers réformistes et de partis bourgeois – et a appelé à voter Chirac au second tour. La LCR a tellement gagné de notoriété en tant que voix « respectable » de l’« extrême gauche », que toute une série de réformistes et de centristes se précipitent maintenant vers elle pour un nouveau regroupement dont le but est de reconstruire un front populaire avec un visage « antifasciste » combatif. Le fait que l’IG puisse à peine critiquer la LCR dans ses récentes missives et toutes ses pages de récriminations contre la LCI en dit long.

La voie parlementaire vers le fascisme ?

L'IG a d'abord poussé les hauts cris parce que nous disions que le score de Le Pen était essentiellement un succès électoral, et que la thèse selon laquelle le fascisme était imminent servait à cimenter un front national derrière Chirac. Puis l’IG s'est lancé dans un nouveau prêche (8 juin) dans le cyber-espace : « Prétendre qu’un parti électoral ne peut pas être fasciste est une thèse social-démocrate classique. » (« Le Front national est en première ligne des menées capitalistes pour un "Etat fort" en France » [traduit par nos soins]). Et nous apprenons que « les nazis de Hitler ont joué le jeu électoral de la bourgeoisie, et ne l’ont abandonné qu’après s’être saisis du pouvoir. » Durant ces trois années de « jeu électoral » qui ont mené à la victoire nazie, l’Allemagne était pratiquement en état de guerre civile : les sections d’assaut de Hitler attaquaient les Juifs et les syndicalistes et il y avait sans cesse, dans les rues de Berlin et d’autres grandes villes, des batailles rangées entre les nazis et les milices communistes.

L’IG fulmine sur la lutte contre le fascisme, mais c’est lui qui minimise la véritable horreur qu’est le fascisme triomphant. Il y a quelques années ils ont piqué une crise quand le Parti de la Liberté (FPÖ) du fasciste Jörg Haider est entré dans le gouvernement de coalition autrichien. Ce n’était pas la première fois que le FPÖ était au gouvernement en Autriche, mais, alors que, de 1983 à 1986 le FPÖ était en coalition avec le Parti socialiste (SPÖ), cette fois-ci le SPÖ était exclu de la coalition. C’est en grande partie à cause de cela que les sociaux-démocrates et leurs larbins à leur gauche ont organisé une vague de manifestations « antifascistes » dans toute l’Europe. Et là aussi l’IG a joué les combatifs et protesté contre notre remarque que la victoire de Haider était essentiellement un phénomène électoral.

Comme l’expliquait Trotsky dans « Où va la France ? » (octobre 1934) : « La signification historique du fascisme est d’écraser la classe ouvrière, de détruire ses organisations, d’étouffer la liberté politique à l’heure où les capitalistes s’avèrent déjà incapables de diriger et de dominer à l’aide de la mécanique démocratique. » Mais, comme nous l’avons noté dans notre polémique contre l’IG sur cette question, ce n’est pas le cas en Autriche où les organisations de gauche de la classe ouvrière semblent remarquablement intactes compte tenu de la menace fasciste dont l’IG faisait le battage. Dans son article sur « l’Etat fort » [strong state], l’IG répond finalement à notre question « Alors, est-ce que l’IG pense que l’Autriche est fasciste aujourd’hui ? » :

« Les rédacteurs cyniques de Workers Vanguard savent parfaitement que nous ne prétendons pas que l’Autriche et l’Italie sont fascistes parce que des partis fascistes y ont des strapontins dans la coalition gouvernementale. Mais ce qui est plus fondamental c’est que les œillères parlementaires de la LCI l’empêchent de voir que, même si la dictature fasciste n’est pas à l’ordre du jour, la campagne pour un "Etat fort" bonapartiste représente un réel danger dans l’immédiat. Ces dernières années, la bourgeoisie dans son ensemble et ses lieutenants réformistes dans le mouvement ouvrier ont fait passer des mesures d’Etat policier dans toute l’Europe, aux Etats-Unis et dans tout le monde capitaliste. La guerre terroriste actuelle des impérialistes "contre le terrorisme" intensifie cette campagne. Le véritable danger que représentent Le Pen et ses congénères, c’est que, dans divers pays où ils ont historiquement une présence, les fascistes jouent le rôle de fer de lance de cette campagne. » [traduit par nos soins]

C’est du double langage. Dans une déclaration du 4 mai, l’IG fait une analogie entre la réélection de Chirac et l’élection en 1932 à la présidence en Allemagne de Hindenburg, un militariste archiréactionnaire, qui a remis le pouvoir à Hitler un an plus tard. L'IG, après avoir insisté que le fascisme était un danger imminent, nous assure qu’il n’y a aucun danger que les fascistes prennent le pouvoir, qu’ils se contenteront de strapontins dans des gouvernements constitutionnels. L’IG, de façon stupide mais délibérée, confond des situations très différentes. La bourgeoisie allemande s’est tournée vers les fascistes au début des années 1930 pour réprimer un prolétariat insurgé, dans le contexte d’une grave crise sociale et alors qu'elle désirait venger sa défaite dans la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui il y a en Europe de l’Ouest une crise économique conjoncturelle dans laquelle les millions d’ouvriers immigrés que l’on avait fait venir auparavant sont maintenant considérés comme en « surplus ».

Bien sûr, les partis fascistes en Europe jouent en ce moment principalement le rôle d'un groupe de pression sur les partis qui administrent l’ordre capitaliste. Mais c’est en grande partie sous les auspices de partis sociaux-démocrates à la tête de gouvernements de front populaire que la guerre contre les immigrés a été lancée au niveau de tout un continent. Le but de cette guerre est de désarmer la classe ouvrière face aux attaques constantes contre son niveau de vie et à un taux de chômage à deux chiffres. La bourgeoisie n’a pas pour l’instant besoin de se servir des bandes fascistes car sa machine d’Etat « démocratique » est tout à fait adéquate pour accomplir le boulot de répression et de terreur nécessaire pour mater la classe ouvrière.

L’IG nous critique pour avoir observé qu’ « il n’y a pas de terreur fasciste effrénée contre les immigrés en ce moment en France » et rétorque en parlant de « la police infestée de fascistes qui a mis les quartiers immigrés en état de siège. » Et si la police n’était pas infestée de fascistes, est-ce qu'elle se conduirait différemment ? L’IG fait comme si c’était une révélation qu’en France non seulement la police mais aussi l’armée, les commandos anti-avortement et les agences de sécurité anti-syndicats sont pleins de fascistes. Les communistes savent depuis longtemps que l’Etat capitaliste et ses auxiliaires ont des tas de nervis fascistes à leur disposition. Mais cela ne veut pas dire que les attaques de ces agences de l’Etat contre la classe ouvrière et les opprimés sont l’équivalent de la montée du fascisme. Ce qu’impliquent les « révélations » banales mais passionnées de l’IG, c’est qu’il doit y avoir dans certains endroits du monde des polices dans lesquelles il n’y a pas de fascistes, ce qui ressemble fort au fantasme social-démocrate selon lequel il peut y avoir des « bons flics » au service du peuple.

Ce que l’IG cherche à camoufler en parlant d’un « Etat fort » c’est précisément ce dont Lénine parlait avec insistance dans son ouvrage marxiste clé sur la question de l’Etat, l’Etat et la révolution (1917), à savoir que la machine brutale de la répression de l’Etat capitaliste c’est le fonctionnement normal de la démocratie bourgeoise. L’Etat capitaliste, que ce soit sous sa forme démocratique, bonapartiste ou fasciste, c’est la dictature de la bourgeoisie.

Nous marxistes nous battons contre toute intensification de la répression de l’Etat capitaliste et contre chaque pas vers le bonapartisme. C’est pourquoi la LTF a tant insisté dans sa propagande avant, pendant et après les élections, sur la nécessité de mobiliser le prolétariat contre Vigipirate et contre toute la campagne sécuritaire raciste qui a servi de mécanisme essentiel pour lier les ouvriers à leur « propre » bourgeoisie. Plutôt que les discours ambigus de Norden sur les fascistes et l’« Etat fort », ce que le mouvement ouvrier doit comprendre c’est que le front populaire de Jospin a pavé la voie à l’intensification de la répression bonapartiste, il en a y compris écrit les lois pour Chirac et Cie. Des pans entiers des « pouvoirs spéciaux » du plan Vigipirate renforcé adoptés sous Jospin ont maintenant été intégrés dans les nouvelles lois Chirac.

Les fuyards de la « mort du communisme »

Pour l’IG, si la LCI s’est soi-disant écartée du trotskysme révolutionnaire, c’est parce que nous avons reconnu que la destruction contre-révolutionnaire de l’Etat ouvrier dégénéré soviétique a provoqué dans le monde une régression du niveau de conscience de la classe ouvrière. Cependant, l’impact qu’aurait cette défaite historique sur le prolétariat était tellement évident que les membres de l’Opposition de gauche de Trotsky aux Etats-Unis en parlaient déjà il y a des dizaines d’années. Dans leur « Plate-forme de l’Opposition communiste » de 1929 ils déclaraient :

« L’effondrement de la Révolution russe en tant que dictature du prolétariat signifierait que le mouvement révolutionnaire en Europe et en Amérique, ainsi que les soulèvements des peuples coloniaux dont le principal point de soutien aujourd’hui est la victoire de la révolution d’Octobre, subiraient un recul de plusieurs décennies. Cet effondrement serait suivi d’une domination inégalée de la réaction dans le monde, et conduirait à une restauration de la domination impérialiste mondiale sans précédent depuis 20 ou 30 ans. »

Les conséquences réactionnaires de la contre-révolution sont manifestes. Les partis communistes de masse qui existaient en Italie et en France et qui, même si leur politique était réformiste, étaient tout de même le reflet d’une certaine identification avec la révolution d’Octobre de la part de nombreux ouvriers, ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. C’est d’ailleurs en grande partie à cause de l’impact du climat de réaction actuel sur la classe ouvrière que la bourgeoisie ne voit pas de menace prolétarienne à l’horizon et qu’elle n’a donc pas besoin du fascisme pour assurer son pouvoir.

L’IG lui-même est le produit de la démoralisation causée par la vague de réaction et de triomphalisme impérialistes proclamant la « mort du communisme », qui a balayé la planète avec la destruction des acquis de la révolution d’Octobre par la contre-révolution capitaliste en 1991-92. Ses diktats prétentieux pour soi-disant changer le monde sont le signe de son désespoir. Par exemple, ses appels claironnants à vaincre l’impérialisme US en Afghanistan adressés à des forces non spécifiées (serait-ce les tribus afghanes ?), ou ses appels tonitruants, au milieu d’un concert d’unité nationale pour la « République française », à boycotter les élections en France. L’IG ment pour justifier une réalité qu’il a lui-même inventée.

L’IG affirme que la LCI a redéfini « le Front national français comme parti électoral plutôt que fasciste » pour prétendre que nous avons abandonné toute lutte pour mobiliser le prolétariat. Pourtant lorsqu’il y a eu un vrai danger fasciste, le Premier mai, quand il y avait la possibilité d’une mobilisation de milliers de nervis fascistes à Paris, la LTF a déclaré : « Il faut des mobilisations de masses pour repousser ce danger ! » Mais cela, l’IG le rejette parce que nous montrions que l’obstacle à une telle mobilisation c’était les dirigeants sociaux-démocrates qui mobilisaient des centaines de milliers de personnes à bonne distance des fascistes et qui leur disaient de voter pour Chirac. Contrairement à l’IG avec ses grands discours agitatoires bidons, nous nous rendons compte que notre petite organisation en France n’a pas encore suffisamment d’influence et de racines dans la classe ouvrière (et la « section française » fantôme de l'IG encore moins !) pour pouvoir mettre en pratique notre appel à défendre le Premier Mai des travailleurs. C’est à se demander si Norden et son compère Negrete sont tellement absorbés par leurs illusions de grandeur mégalomanes qu’ils croient vraiment que s’ils appellent les ouvriers à faire quelque chose, les ouvriers le feront. Mais en fait c’est du pur cynisme qui, loin d’être tourné contre les dirigeants traîtres actuels de la classe ouvrière, s’accomode d’eux.

Le fait que la LTF ait un moment considéré la possibilité de donner un soutien critique à LO a tellement excité l’IG qu’ils ont fabriqué encore un autre mensonge : nous aurions prétendument fait une offre de « soutien critique conditionnel » à LO. Comme nous l’avons dit, le front populaire et Vigipirate sont deux axes de collaboration de classes entremêlés qui maintiennent le régime capitaliste en France. En refusant de soutenir le front populaire au premier tour des élections, et en refusant de voter Chirac au second, LO s’écartait d’un demi-pas de la collaboration de classes. Si LO avait fait un pas entier et s’était opposé à Vigipirate et à la campagne raciste, nous aurions sans état d’âme donné un soutien critique à LO lors de ces élections, autrement dit nous aurions voté et fait campagne pour eux, tout en opposant à chaque pas notre programme révolutionnaire à leur politique réformiste.

En fait, lorsqu’une organisation rompt avec les formes de collaboration de classes existantes, c’est précisément une base pour considérer un soutien critique. Non pas parce que ce serait une sorte de mesure de la sincérité du parti réformiste ou centriste en question, mais parce que cela indique une pression de la base, et donc la possibilité de gagner une partie de cette base au parti et au programme révolutionnaires. Avoir recours à la tactique du soutien critique donne aussi l’occasion de s’adresser aux ouvriers qui sont attirés par une opposition à la politique de collaboration de classes.

Laisser passer de telles occasions sans même les considérer, c’est rejeter le processus de scissions et de fusions pour construire un parti révolutionnaire de taille suffisante ; cela montre que l’on a abandonné toute intention réelle de forger un parti d’avant-garde léniniste. La notion de regroupement pour l’IG consiste davantage à accorder comme chez McDonald’s des franchises basées sur des documents politiques grandiloquents et qui ne signifient rien. Prenez par exemple le premier groupe qui a adhéré à la Ligue pour la Quatrième Internationale de l’IG, la Liga Quarta-Internacionalista do Brasil. Nous avions rompu nos liens avec ce groupe quand nous nous étions aperçus qu’ils n’étaient que des opportunistes qui voulaient à n’importe quel prix défendre leurs postes à la tête du syndicat des travailleurs municipaux de Volta Redonda, un syndicat infesté de flics. Ils ont, dans ce but, intenté une série de poursuites judiciaires contre leurs rivaux, faisant appel à l’Etat capitaliste pour remanier la direction du syndicat à leur avantage. Lorsque nous avons dénoncé cette trahison, les presses de l’Internationalist (le journal de l’IG) ont tourné à fond pour nier et semer la confusion (voir : « Des documents judiciaires prouvent qu’ils ont poursuivi le syndicat en justice – L’IG couvre ses trahisons au Brésil : mains sales, mensonges cyniques », in « La Vérité sur l'Internationalist Group », supplément au Bolchévik n° 145, printemps 1998).

Depuis ses débuts l’IG montre que sa méthode c’est la conciliation de forces non ouvrières, et il ment effrontément au service de ces aspirations. Si nous avions vraiment calomnié leurs camarades brésiliens, ce que nous n’avons pas fait, l’IG aurait pu simplement publier les documents légaux qui selon eux prouvent leur innocence. Mais il y a peu de gens qui peuvent aller à Volta Redonda pour voir la vérité de leurs propres yeux, alors les mensonges de l’IG contre la LCI ont pas mal marché auprès des opportunistes syndicaux et des réformistes aux USA. Mais en ce qui concerne les élections françaises, ça ne marche pas aussi bien : même l’idiot du village peut s’apercevoir que l’IG ment.

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