Bill Logan : de Krafft-Ebing à mère Teresa ?

La BT : des renégats qui offrent leur services

Reproduit du Bolchévik n° 165, septembre 2003

Nous reproduisons ci-dessous un article traduit et adapté de Workers Vanguard (n° 807, 1er août), le journal de nos camarades américains. Nous renvoyons également à Workers Vanguard n° 808 (29 août) pour en savoir plus sur la BT.

*   *   *

Ces derniers temps nous subissons les attaques d’une campagne de calomnies cherchant à nous faire passer pour des « chauvins » de la part d’une bande de groupuscules soi-disant d’extrême gauche aussi disparates qu’ils sont minuscules. Aux Etats-Unis, la League for a Revolutionary Party (LRP – Ligue pour un parti révolutionnaire) affirme que nous sommes « sionistes » parce que notre défense sans ambages du peuple palestinien contre le gouvernement sioniste génocidaire n’ implique pas l’élimination du peuple de langue hébraïque. Et puis il y a l’Internationalist Group (IG) qui prétend que nous capitulons au social-chauvinisme parce que nous n’avons pas peur de parler ouvertement de la conscience arriérée chez certains ouvriers et opprimés (voir l’article « Cynics and Demagogues : An IG provocation » [Cyniques et démagogues : une provocation de l’IG] de notre journal américain Workers Vanguard, n° 789, 18 octobre 2002). En même temps, l’IG mène une campagne internationale en défense de son líder minimo Negrete en nous accusant à tort de l’avoir traité d’agent provocateur, c’est-à-dire de flic. Pourquoi ? Parce que nous avons eu l’audace de faire remarquer que lorsqu’ils nous traitent de racistes, il s’agit en fait d’une manœuvre pour attirer sur notre organisation des provocations et même davantage.

Maintenant c’est un autre groupuscule qui rejoint la bande de calomniateurs pour nous traiter de « chauvins », un groupuscule qui a ses problèmes pathologiques propres : l’ International Bolshevik Tendency (IBT ou BT). Ils ont offert leurs services au SWP britannique à sa dernière conférence « Marxism » à Londres [juillet] en arrivant avec un tract qui calomniait Jim Robertson, un des dirigeants fondateurs de notre tendance internationale. Ce tract l’accusait carrément de « chauvinisme vulgaire », et d’être un Américain dont le soi-disant « chauvinisme suffisant de grande puissance » serait dirigé contre les peuples du Moyen-Orient et en particulier les Kurdes. La BT accuse calomnieusement Robertson d’avoir traité les Kurdes de « crottes » [turds en anglais].

Il faut bien dire que les calomnies contre les dirigeants communistes sont chose courante de la part des ennemis du marxisme (Marx fut accusé d’être « chauvin », Lénine d’être un « agent du Kaiser », Trotsky d’être un « tueur sadique », Cannon d’être une « tête brûlée », etc.). Ce ne sont pas des attaques « personnelles » ; leur objectif est de nuire à l’existence même du mouvement marxiste et elles ont toujours été considérées comme telles – à juste titre.

Le rôle que la BT a joué à « Marxism » en est précisément une preuve. Le SWP cherche à protéger la « réputation » de l’impérialisme britannique (et surtout de ses « honorables » représentants du Parti travailliste) en dénonçant la « guerre de Bush » contre l’Irak. Le tract de la BT était une invitation au service d’ordre et aux censeurs du SWP à nous attaquer. Ceux-ci entourèrent notre table de presse, essayant d’empêcher nos camarades de vendre notre presse et menaçant de « nous régler notre compte » si nous osions aller à un de leurs forums soi-disant « publics ». Et ils ont tenu leurs promesses. Certains de nos camarades à qui le SWP avait donné la parole par inadvertance, se sont fait déchirer leur billet d’entrée tandis que d’autres n’ont même pas pu entrer du tout.

Quand des milliers de personnes descendaient dans la rue pour protester contre les plans de guerre contre l’Irak, les sections de la LCI ont construit des cortèges révolutionnaires internationalistes appelant à la défense militaire de l’Irak et à mobiliser les ouvriers pour qu’ils luttent contre leurs « propres » gouvernements capitalistes. Ce pour quoi nous avons lutté dans le mouvement antiguerre n’a pas beaucoup plu aux réformistes qui cherchaient à faire croire aux gens qu’on pouvait arrêter la guerre en construisant le mouvement le plus massif possible, en s’alliant en particulier à des représentants et des institutions de ce système impérialiste qui est justement celui qui engendre la guerre. En février dernier, deux jeunes camarades femmes ont pris la parole, lors d’un meeting antiguerre à Londres, pour faire remarquer que s’opposer à la guerre contre l’Irak voulait dire s’opposer au gouvernement travailliste qui la préparait. Chris Bamberry, un des pontes du SWP, déclara alors que quiconque ne soutenait pas politiquement la coalition « Stop the War » [Arrêtez la guerre] « méritait une balle dans la tête ». Comme l’a déclaré notre section britannique, la Spartacist League/Britain, dans son tract de protestation (Workers Vanguard n° 799, 14 mars) :

« C’est là le vrai visage de la coalition pour “donner une chance à la paix” que le SWP construit : faire taire les rouges pour que les ouvriers et les jeunes se laissent dévorer comme des agneaux par les loups du Parti travailliste qui est en train de faire la guerre à l’Irak et à la classe ouvrière dans notre propre pays ! »

Il y a quelques années nous avions déjà dû faire face à un mélange pourri de groupuscules minables qui nous accusaient de « racisme » parce que nous reconnaissions l’existence de haines racistes et ethniques et que nous les combattions franchement. Comme nous l’avons écrit dans notre réponse « Hate the Truth, Hate the Spartacist League : New Left Moralist Big Lie Campaign » [Haine de la vérité, haine de la Spartacist League : la campagne de mensonges des moralistes de la Nouvelle Gauche] (Workers Vanguard n° 217, 20 octobre 1978) :

« Accuser quelqu’un de racisme (ou d’être un flic) est la boue la plus sale dont on puisse couvrir quelqu’un. Dans cette société raciste, lorsqu’on est accusé d’une telle chose on est présumé coupable jusqu’à ce qu’on ait prouvé son innocence. Si on répond, on laisse à penser que cela veut dire que les soupçons sont largement répandus et peut-être justifiés. Si on se tait, c’est considéré comme une preuve de culpabilité. »

En tant que marxistes nous ne flattons les vanités ou le chauvinisme d’aucun peuple. Nous nous battons pour l’ émancipation socialiste du prolétariat et la libération de tous les opprimés. Cela agace beaucoup ceux qu’anime non pas le marxisme mais le moralisme libéral et le nationalisme « tiers-mondiste » par procuration. (Ce n’est toutefois pas ce qui anime la BT, qui n’a en fait que mépris pour les luttes contre l’oppression raciale, nationale et ethnique, mais nous parlerons de cela plus tard.) Mais leurs mensonges sur nous sont au service d’organisations réformistes plus grosses et vraiment social-chauvines qui veulent notre peau parce que nous nous battons pour une opposition prolétarienne, internationaliste et révolutionnaire aux impérialistes et aux déprédations brutales qu’ils commettent, avec l’aide de leurs larbins néocoloniaux, contre les peuples opprimés dans le monde.

La défense des Palestiniens contre la guerre génocidaire que le gouvernement sioniste d’Israël mène contre eux a été centrale dans notre travail de mobilisation pour nos cortèges révolutionnaires. Elle contrastait fort avec le pacifisme et même carrément le social-patriotisme que refourguait le reste de la soi-disant gauche qui en général ne soufflait mot des Palestiniens pour préserver leur « unité » avec tout le monde, des politiciens pro-sionistes du Parti démocrate aux Etats-Unis aux pacifistes bourgeois qui ont horreur de toute « violence », surtout quand il s’agit de celle des opprimés contre leurs oppresseurs. En même temps que des groupes soi-disant « d’extrême gauche » nous accusent d’être des sionistes, nos camarades en Allemagne se font attaquer physiquement par les soi-disant « anti-nationaux » – en fait des larbins pro-sionistes au compte de l’impérialisme allemand – parce que nous défendons les Palestiniens.

La pathologie des renégats

Le tract de la BT intitulé « Le “chauvinisme vulgaire” de Robertson » mentionne un post-scriptum dans une lettre que la BT avait écrite à Workers Vanguard pour se plaindre parce que nous avions démasqué leur position chauvine vis-à-vis de l’indépendance du peuple kurde. Ce post-scriptum fait référence à un exposé fait par Jim Robertson le 15 octobre 1978, au comité local de la Spartacist League/U.S. à New York. Le sujet en était la bataille pour chasser Bill Logan, le secrétaire national de notre section britannique, qui avait instauré un régime brutal et pernicieux.

Le camarade Robertson avait préfacé ses remarques d’exemples montrant comment l’oppression opprime, puis expliqué comment Logan avait construit son « régime » en jouant sur l’intériorisation de l’oppression, particulièrement de la part de jeunes femmes et de quiconque était considéré « de seconde classe » par l’élite raciste et arrogante de la société britannique. Il notait dans ce rapport : « L’ oppression intériorisée est quelque chose de très très mauvais. Et je crois qu’elle est à la base de beaucoup de mauvais régimes que nous avons découverts ici et là dans notre organisation. Parce qu’il faut toujours être deux. Il y a ceux qui ne sont pas sûrs d’eux et qui deviennent brutaux, sadiques ou prétentieux, des petits Staline. Mais il y a aussi les victimes. Et c’est généralement en jouant sur leurs insécurités et leurs peurs intimes que l’on persécute les victimes. » Et en fait dans chacun des paragraphes de son rapport, Robertson montrait comment notre parti ne tolère aucune forme de chauvinisme et d’oppression, ce qui est fondamental pour notre raison d’être en tant qu’organisation marxiste révolutionnaire.

Dans ce contexte, Reuben Samuels, un cadre dirigeant de notre internationale qui était alors à Londres, fut critiqué pour s’être absenté de la bataille urgente et importante pour la survie de notre section britannique :

« Critique de Reuben : où était Reuben tout ce temps-là ? Il était à la bibliothèque en train d’étudier des crottes [turds] pour son cours. N’est-ce pas ? Il ne jouait aucun rôle. George et moi nous nous sommes regardés et nous avons dit : “Nous ne pensons pas que c’est exactement le genre de weekend éducatif que nous avions en tête…”.  Nous allons revenir le mois prochain pour le cours. Bon cours. »

La BT s’exclame qu’il s’agit là d’une référence « odieuse » aux Kurdes. Il n’y a que des gens vraiment inspirés par le chauvinisme qui peuvent imaginer que « crottes » se réfère aux Kurdes ! En fait c’était une grave condamnation d’un dirigeant de premier plan de notre internationale qui avait la tête dans les W.C. pendant que ce qui était posé, c’était la lutte pour sauver notre section britannique de Logan. Robertson et le reste de notre internationale s’étaient assurés que le camarade qui s’y connaissait le plus sur la question kurde, prenne un vol pour Londres depuis Toronto, non pas une fois, mais deux, pour donner un « bon cours » sur la lutte contre l’oppression des Kurdes – un cours dont le recrutement récent de camarades turcs à notre section britannique posait la nécessité.

Et c’est cela que la BT appelle du « chauvinisme ». Dans la mesure où cette organisation a jamais remarqué qu’une myriade de peuples étaient opprimés dans le monde, et ce n’est pas arrivé très souvent, la BT a déclaré avec vigueur qu’elle s’oppose à ce que ces peuples exercent leur droit à l’autodétermination – sauf au Kosovo juste au moment où les séparatistes albanais du Kosovo jouaient le rôle de repérage des cibles à bombarder par l’OTAN et les USA dans leur guerre contre la Serbie. Pour la BT, les Kurdes font partie de ceux dont la revendication d’ indépendance « est un obstacle aux luttes des ouvriers et des paysans contre les Etats oppresseurs existants. »

Et cela ne s’applique pas qu’aux Kurdes. La BT s’est fait une certaine réputation pour son opposition à l’indépendance du Québec. Cela lui a valu d’être invitée officiellement par les organisateurs d’un rassemblement unitaire de chauvins anglo-canadiens à Montréal à la veille du référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec. (Cela leur a valu de perdre leur seul membre québécois qui a démissionné en protestant contre leur « bloc de fait avec la bourgeoisie canadienne ».) Là aussi la BT essaye de cacher son chauvinisme en appelant à des « luttes de classe conjointes » comme le font les bureaucrates anglo-canadiens chauvins qui disent aussi que l’indépendance du Québec nuirait à la « solidarité des travailleurs ».

A propos de capitulation au « chauvinisme de grande puissance », que dire du CPGB (Parti communiste de Grande-Bretagne) bassement réformiste avec lequel la BT a essayé d’engager des discussions en vue d’un « regroupement politique » il y a quelques années ? Cela n’a pas dérangé la BT que le projet de programme du CPGB de 1995 déclarait ouvertement que « l’Etat capitaliste de Grande-Bretagne a une idéologie officielle d’anti-racisme » (Weekly Worker, 5 septembre 1999). En fait ces négociations de fusion ont tourné court seulement parce que le CPGB a repoussé les avances de la BT.

Aux Etats-Unis aussi la BT accorde ses violons avec la bureaucratie syndicale procapitaliste et affiche la même indifférence qu’elle pour les masses noires. Quand la SL/U.S. mobilisait en 1982 la puissance du mouvement ouvrier et des Noirs, qui ont repoussé avec succès une provocation du Ku Klux Klan à Washington D.C., et mettait sur pied des Ligues ouvrières/noires suite à cette victoire, la BT a déclaré que nous tournions le dos aux syndicats et a dénigré ce travail en le qualifiant de « travail associatif ».

Aux Etats-Unis où le racisme contre les Noirs a toujours été au service de la réaction, et où la combativité noire a toujours été considérée comme profondément subversive, la lutte pour mobiliser la classe ouvrière multiraciale en défense des masses noires opprimées est la clé de la révolution socialiste. Fort heureusement, les ouvriers et les jeunes noirs de Washington, les travailleurs noirs des docks et des chantiers navals des sections syndicales du Sud, n’ont pas partagé le dédain de la BT pour notre mobilisation contre le KKK. Il n’y a que les gens pour qui « classe ouvrière » veut dire aristocratie ouvrière, qui puissent voir notre mobilisation pour l’unité et l’intégrité de la classe ouvrière contre le « diviser pour régner » raciste des capitalistes et de ses troupes de choc fascistes comme autre chose que la lutte pour la survie des syndicats en tant qu’instruments de la défense élémentaire du prolétariat.

Les ordures ne marchent pas toutes seules

Dans notre dernier article « BT Doth Whine Too Much » [la BT gémit trop] (Workers Vanguard n° 806, 4 juillet), nous avons publié des extraits de la lettre de la BT nous accusant d’avoir « grossièrement » déformé leur position sur les Kurdes ; en réponse, nous avons démontré que la BT s’opposait à l’indépendance des Kurdes, essentiellement en citant les propres mots du journal de la BT, 1917. Mais le véritable objet de la lettre de la BT, c’était son post-scriptum, c’était d’accuser calomnieusement la SL/U.S., et le camarade Robertson en particulier, d’être « chauvin ». Le tract que la BT a mis dans les mains des nervis du SWP à « Marxism » insinue que le fait que nous n’ayons « fait aucun commentaire sur ce post-scriptum » est la preuve que nous « acceptons implicitement » leur accusation calomnieuse de « chauvinisme vulgaire ». Ce dont nous sommes coupables, c’est de stupide naïveté. Comme nous l’avons écrit dans une déclaration de la rédaction (voir page 9) : « Nous avons coupé le “P.S.” parce que c’était un mensonge méprisable, mais ce faisant, nous sommes tombés dans le piège de la BT et avons laissé supposer, avec notre silence évasif, que nous étions coupables. » Nous avons répondu à la lettre de la BT comme s’il s’agissait d’une discussion politique légitime dans le mouvement ouvrier, et comme si le but de cette lettre avait effectivement quelque chose à voir avec l’oppression du peuple kurde. Nous nous sommes fait avoir. Nous aurions dû être plus malins, nous sommes plus malins que ça.

La BT n’est pas le genre d’organisation qui se préoccupe de confronter les opinions politiques pour élever le niveau de conscience des ouvriers et de la jeunesse radicalisée. Ca n’a jamais été sa préoccupation. Ceux qui ont fondé la BT ont tous quitté notre organisation individuellement, juste au début de la deuxième guerre froide contre l’URSS dans les années 1980 quand il est devenu plus difficile d’être un « rouge » qu’à l’époque de la « Nouvelle Gauche » et du mouvement contre la guerre du Vietnam, époque où la plupart d’entre eux avaient adhéré. Quelques années plus tard, cette bande éclectique de couards politiques s’est réunie pour essayer de concocter une justification politique à leur manque de tripes et ont prétendu qu’ils avaient été « purgés » pour leurs divergences politiques. Mais ils ne pouvaient pas citer un seul mot, un seul document, pour le prouver – ils n’avaient que leurs minables lettres de démission.

Leurs appétits politiques, droitiers en général et subissant généralement l’influence des milieux intellectuels petits-bourgeois dont ils font généralement partie, devraient normalement les conduire ailleurs, mais la BT a surtout été, depuis qu’elle existe, bizarrement obsédée par notre organisation. Et elle a toujours régulièrement monté des provocations contre nous justement quand d’autres forces politiques – allant des réformistes aux agences de la bourgeoisie – sont en train de nous attaquer. En 1983 par exemple, la BT, qui s’appelait alors External Tendency (ET – Tendance externe), a lancé une campagne internationale nous accusant d’être « violents » et a menti en prétendant que nous avions attaqué physiquement un de ses membres. Nous étions à l’époque engagés dans une bataille très sérieuse devant les tribunaux contre le FBI qui nous avait classés parmi les organisations « violentes ». Et voilà justement qu’un groupe d’ex-membres hurlait que nous étions « violents ». Quels intérêts cela servait-il ?

En 1985, ils ont publié un article très imaginatif de journalisme rampant, intitulé « La route de Jimstown », prétendant que notre parti était un « culte d’obédience » et racontant un tas de mensonges, parlant de corruption et même pire. Et en 1995, ces calomnies contre nous ont été citées par le Wall Street Journal lui-même, ce porte parole de la bourgeoisie américaine ! C’était dans le but de nuire à notre campagne en défense de Mumia Abu Jamal – condamné à mort et sur le point d’être exécuté – campagne qui rencontrait de plus en plus de soutien nationalement et internationalement. Pour pouvoir décrire Abu Jamal comme un « tueur de flic » dépravé, le Wall Street Journal (16 juin 1995) s’est fait un plaisir de reprendre les calomnies de la BT pour affirmer que le Partisan Defense Committee, la principale organisation qui se battait pour que d’autres aussi reprennent la défense de Mumia, était associé à un « culte » d’illuminés. Comme nous l’avons écrit il y a presque 20 ans : « Ceux dont le programme politique est guidé par une malveillance objective intense offrent en puissance leurs services à quelqu’un, qu’ils le veuillent ou non (et quelquefois les deux). » (« ET, New Name, Same Game ? » [ET, nouveau nom, même jeu ?], Workers Vanguard n° 388, 4 octobre 1985).

Quand Bill Logan a été adopté comme dirigeant adulé par la BT en 1990, cela a ajouté une nouvelle dimension à l’obsession de la BT qui veut avoir notre peau par tous les moyens. Logan a été exclu de notre tendance lors de notre première conférence internationale en 1979, après une enquête approfondie par une commission de contrôle internationale, et un jury qui a conclu qu’il était un sociopathe tordu qui manipulait les camarades dans les moindres détails de leur vie privée pour ses propres objectifs de pouvoir et sa propre satisfaction. C’est le comité central de la Spartacist League d’Australie et de Nouvelle-Zélande qui avait porté ces accusations contre Logan. Les documents sur le régime de Logan en Grande-Bretagne avaient déclenché un torrent de témoignages douloureux de nos camarades, des jeunes pour la plupart, de la section australienne dont Logan avait été le secrétaire national pendant des années. Comme Reuben Samuels, qui avait été envoyé en Australie par l’internationale à l’époque, le racontait dans un document récent :

« En Australie, Logan exploitait l’inexpérience [des camarades] et leur dévouement profond à notre programme pour créer un culte de la personnalité basé sur les intrigues malfaisantes et la manipulation des détails les plus privés de la vie des camarades. La “loyauté” c’était la loyauté au dernier caprice du “secrétaire général”. Il décidait avec qui tel camarade devait former un couple. Les enfants étaient considérés comme des calamités et l’avortement était devenu un devoir de membre du parti, de sorte qu’une camarade qui avait un bébé est devenue suicidaire. »

Logan a été exclu pour crimes « contre la moralité communiste et son corollaire élémentaire de décence humaine ». La motion a été votée à l’unanimité des délégués à notre conférence internationale (dont faisaient d’ailleurs partie certains des gens qui ont par la suite fondé la BT). Elle concluait que Logan « ne peut pas et n’aurait jamais dû être membre d’une organisation ouvrière ». Pour protéger le mouvement ouvrier, nous avons, chose inhabituelle de notre part, rendu publics nos bulletins internes documentant le cas Logan et nous nous sommes efforcés de les rendre accessibles dans les principales bibliothèques d’Australie et de Nouvelle-Zélande.

Un morveux vraiment malade

Onze ans plus tard, la BT adoptait Logan dans ses rangs. Mais à la différence de la famille royale d’Arabie saoudite qui s’est contentée de donner l’asile à Idi Amin, le dictateur viré d’Ouganda, la BT a fait de Logan son líder maximo et s’est transformée en tendance « internationale ». Et voilà que maintenant la BT se saisit de quelque chose que Jim Robertson a dit il y a 25 ans, qui n’avait jamais rencontré d’ objection de la part de plusieurs membres de la BT qui étaient alors dans notre organisation, et qui figure dans les bulletins rendus publics. Aujourd’hui la BT déforme ces mots pour pouvoir faire son accusation calomnieuse de « chauvinisme vulgaire » et mettre ses mensonges au service d’organisations réformistes plus importantes (et qui sait à qui d’autre encore ?).

Il est remarquable que le post-scriptum à la lettre de la BT en date du 12 juin adressée à Workers Vanguard et citée dans le tract qui a servi de munition au SWP à « Marxism » ne mentionne pas du tout Logan. Ils n’arrivent pas à reconnaître que la citation du camarade Robertson qu’ils utilisent et défigurent totalement, vient d’un bulletin intitulé « On the Logan Regime Part I » [Sur le régime Logan, première partie]. Pourquoi ? Pourquoi Logan est-il devenu un espace vide comme sur les photos truquées ? Qu’est-ce que la BT a à cacher ?

Le site web de Logan (bl.co.nz) fournit peut-être des réponses. Logan y offre ses services comme « conseiller, thérapeute narratif et ministre officiant ». Ce type qui a forcé une jeune femme à avorter, et qui après son refus, l’a forcée à donner son enfant en adoption, propose maintenant des textes à utiliser pour des enterrements de bébés. Ce type qui a singé les attitudes de l’empire britannique décadent pour jouer sur les insécurités et l’oppression intériorisée des jeunes ouvriers, des femmes et de ceux qui venaient des « colonies », offre maintenant un « bénédicité laïc » du genre de ce qu’un bourgeois repu pourrait réciter à table pour remercier avec condescendance « ceux qui ont planté le blé, ceux qui l’ont récolté, ceux qui ont préparé le repas et ceux qui l’ont servi ». Ce type qui utilisait le langage du Parlement de sa majesté pour protester contre toute critique à son encontre qui pouvait parvenir aux oreilles de la base de l’organisation en qualifiant cela de « manquement à la diplomatie » quand il était dans notre organisation, fait maintenant grand cas, sur son site web, des « influences anglicanes et presbytériennes dans mon enfance ». Un colonel Blimp [un officier colonialiste réactionnaire de bande dessinée] sadique transformé en missionnaire de « tous les enfants de dieu » : dire que ce morveux est un malade est un euphémisme.

Dis-moi qui tu fréquentes¼

Un des premiers signes que quelque chose n’allait pas avec Logan, c’est quand il a commencé à écrire des documents argumentant que des bandes de guérilleros armés suffisaient pour créer un Etat ouvrier n’importe où, allant presque même jusqu’à dire qu’on pouvait construire un Etat ouvrier dans une seule grotte. Cette théorie particulière a beaucoup en commun avec les idées de Pol Pot. Et avec le recul, on peut voir comment il partageait sa vision monstrueusement déformée du marxisme, ressemblant à un culte pervers de la personnalité, dans ses « méthodes » de direction. L’autre partie de l’équation, c’est que quand on cherche à savoir ce qui fait courir la BT, il y a le journal Revolutionary History de Al Richardson, un anticommuniste enragé inspiré par les « traditions démocratiques » du travaillisme parlementaire, et qui était cul et chemise avec les BT à « Marxism ».

Voilà les fréquentations politiques logiques de la BT. Le deuxième tract que la BT a distribué à « Marxism » (« Compare and Contrast – ICL vs. IBT on Stalinism & Soviet Defensism » [Comparez et voyez la différence – La LCI contre l’IBT sur le stalinisme et la défense de l’URSS]) était un échantillon parfait de l’antisoviétisme de la BT. Ils dénoncent notre appel « Salut à l’Armée rouge en Afghanistan » qui luttait contre les réactionnaires islamistes soutenus par la CIA, et affirment que notre déclaration de soutien militaire aux staliniens du Kremlin s’ils étaient intervenus en Pologne en 1981 contre Solidarność, mouvement antisémite et réactionnaire-clérical, était « une distorsion stalinophile perverse de la position trotskyste de défense militaire inconditionnelle des Etats ouvriers bureaucratisés ».

Avec des positions pareilles, l’accusation de la BT prétendant que nous avons « flanché » sur la défense de l’URSS en ne donnant pas un soutien militaire aux comploteurs incapables qui organisèrent le coup d’Etat contre les forces contre-révolutionnaires d’Eltsine en 1991, est d’autant plus frappante. Le coup d’Etat de la « bande des huit » ne s’est pas attaqué à Eltsine, que ce soit militairement ou autrement, pour la bonne raison qu’ils étaient, tout autant qu’Eltsine, déterminés à restaurer le capitalisme. Simplement ils n’avaient pas le soutien de l’impérialisme US. En fait, pour la BT qui a soutenu la « bande des huit » après coup, c’était un moyen commode de se débarrasser de la défense de l’URSS, qu’ils n’invoquaient d’ailleurs que pour la forme, en déclarant que la bataille contre la restauration capitaliste était désormais perdue. Par contre, la LCI a distribué des dizaines de milliers de tracts en Union soviétique, intitulés « Ouvriers soviétiques : écrasez la contre-révolution d’Eltsine-Bush ! » Ce n’est que lorsqu’il fut clair que la classe ouvrière n’allait pas bouger contre Eltsine qui rapidement consolidait un Etat capitaliste, que nous avons accepté que l’URSS avait été définitivement détruite.

Et vous pouvez mettre la main au feu que la BT oublie son soutien militaire à la « bande des huit » lorsqu’elle est en compagnie du SWP qui a qualifié la contre-révolution d’Eltsine, de « raison de se réjouir ». L’intervention d’un membre de la BT à un forum du SWP à « Marxism » sur « La Russie de 1917 et la démocratie soviétique » a été si pusillanime qu’il a été chaudement applaudi par presque toute l’assistance pleine de membres du SWP anticommunistes et capitalistes d’Etat. Et que dire du slogan de la BT disant que les troupes impérialistes doivent « vivre comme des porcs et mourir comme des porcs » ? La BT nous a accusés de « social-patriotisme » parce que nous ne nous sommes pas réjouis de la mort de 240 marines américains tués par une voiture piégée au Liban en 1983 dans un attentat non revendiqué censé être un acte d’« anti-impérialisme ». Comme nous l’avons noté à l’époque, la soif de sang de la BT est un moyen de paraître à notre gauche et elle est aussi directement proportionnelle à la distance de là où le sang est versé. A « Marxism » nos camarades ont défié les membres de la BT de mettre en pratique leurs prétendues convictions un peu plus près de chez eux et d’aller intervenir dans un forum sur l’Irlande du Nord et dire que les troupes britanniques devraient « mourir comme des porcs ». Il n’y a aucun danger qu’ils le fassent ! Au lieu de cela l’intervenant de la BT a demandé poliment pourquoi la Socialist Alliance, qui n’est guère qu’un groupe électoral paravent pour le SWP, n’appelle pas au retrait immédiat des troupes britanniques d’Irlande du Nord. Pourquoi ? Peut-être que cela a à voir avec le fait que le SWP a soutenu l’intervention des troupes britanniques en 1969 ? Mais c’est comme ça que la BT procède toujours : elle réserve son fiel aux révolutionnaires et rampe devant les forces réformistes plus importantes qu’elle.

Alors dans la mesure où la BT a un profil politique, c’est en tant que centristes qui utilisent leur anti-spartacisme comme billet d’entrée dans le marais de la social-démocratie. Mais la BT est aussi quelque chose de tout à fait différent. C’est une bande de renégats hargneux « déçus du communisme », qui ne demande qu’à rendre des services à ceux qui voudraient nous détruire. Les mensonges et les calomnies sont leur arme préférée, tout comme ces derniers sont les premiers moyens auxquels recourent les patrons quand ils veulent casser des grèves, ou ceux qui veulent défendre le statu quo raciste quand ils cherchent à détruire ceux qui se battent pour la libération des Noirs.

Depuis l’époque de Marx, les marxistes se sont toujours préoccupés de l’hygiène élémentaire dans le mouvement ouvrier. Nous ne savons pas si la BT est simplement motivée par sa malveillance obsessive ou par quelque chose de plus sinistre. Mais en cherchant à détruire le noyau de  l’ indispensable avant-garde léniniste, ils servent les intérêts de tous les ennemis du prolétariat révolutionnaire. Accuser calomnieusement la LCI d’être des « chauvins » c’est frapper en plein cœur de ce que nous sommes et de ce que nous devons être pour jouer un rôle dans la libération de l’humanité de la tyrannie du capitalisme.

ICL Home Page

Français